Une prise de vue aérienne du complexe immobilier Le 5600 (Courtoisie Le 5600)

LE 5600 HOCHELAGA, UN COMPLEXE IMMOBILIER TOUT SAUF ORDINAIRE

Depuis plus de 75 ans, le 5600, rue Hochelaga fait partie du paysage dans Assomption-Sud, un petit quartier industriel de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve. On anticipe d’ailleurs dans le secteur de nombreux changements, entre autres avec l’arrivée de plusieurs milliers d’unités d’habitation et le prolongement tant attendu du boulevard de l’Assomption. Les gestionnaires de l’immense immeuble, qui abrite des industries légères, des microbrasseurs et des centres de divertissement en tout genre, ont su rester au goût du jour et se disent prêts à demeurer des chefs de file dans le secteur.

Jacques Dupras, directeur général du complexe immobilier Le 5600 (Emmanuel Delacour/EMM)

Avec ses 700 000 pieds carrés, l’édifice baptisé Le 5600 est imposant. Bien que de l’extérieur, on puisse rapidement se rendre compte de l’immensité du bâtiment, c’est en le visitant que l’on comprend réellement à quel point celui-ci est énorme. Dépendamment des années, on compte entre 90 et 100 locataires dans l’immeuble, nous indique Jacques Dupras, directeur général du site, qui nous offre une visite en un après-midi de mars.

Il est facile de se perdre dans les dédales du complexe, mais nous sommes bien accompagnés, car le gestionnaire, qui est en poste depuis 2001, connaît chacun des recoins de l’édifice et chacun de ses locataires. « Je sais quels sont leurs projets, j’ai toujours une anecdote à raconter à leur sujet. C’est important pour nous ici, ça fait partie du service », insiste-t-il.

Si aujourd’hui, Le 5600 est comme un « gros village », avec des locataires dans tous les domaines, ce ne fut pas toujours le cas. Au départ, le bâtiment construit en 1948 a longtemps abrité trois principaux locataires : les pneus Michelin, les meubles Ikea et la Société Asbestos. Ces industries plus lourdes ont quitté au milieu des années 1990. Ce sont ensuite des entreprises dans les domaines de la production alimentaire, de l’entreposage, du camionnage, de la fabrication de décors qui s’y sont installées. Mais au-delà de l’industrie légère, le complexe loge aussi un très large éventail d’entreprises dans le divertissement ludique. Karting, escalade, parkour, paintball et ainsi de suite y sont offerts.

L’alimentaire y joue aussi un rôle prépondérant. Microbrasseurs et distillateurs sont attirés par les grands espaces du lieu qui permettent l’installation de cuves et de chaines d’assemblage, tandis que des agriculteurs urbains peuvent aisément y développer leurs produits.

Nouvelle vocation

Récemment, avec le départ du brasseur Glutenberg, 95 000 pieds carrés de locaux sont en voie d’être loués à de nouveaux occupants. Il s’agit d’une occasion de pousser le complexe vers d’autres vocations, explique M. Dupras. Cette nouvelle niche, c’est la recherche et le développement au niveau commercial et industriel. Déjà, le cégep de Maisonneuve y a inauguré son Hall précommercial intégré en octobre 2023. Une université montréalaise serait elle aussi en discussion avec le gestionnaire pour s’installer dans ces espaces afin de mettre sur pied un centre de recherche dans le domaine de l’emballage écologique et du recyclage des métaux.

« C’est pour ça que c’est important de bien connaître chacun de nos locataires et ce qu’ils font. Ça permet de faire des mariages. Par exemple, avec les chercheurs de l’université qui souhaite s’installer ici, ils ont été invités par PME MTL pour visiter le site parce que le Collège de Maisonneuve y a son centre de recherche. Alors, je les ai faits visiter les locaux, je leur permets de se parler entre eux. Ça leur donne ensuite l’idée de partager de l’équipement, par exemple », explique M. Dupras.

Un autre exemple de mariage résussi? Les champignons cultivés par la ferme urbaine Full Pin sont produits à partir de blocs de substrats qui sont ensuite recyclés pour nourrir les espaces d’agriculture urbaine de la Société des alcools du Québec (SAQ). « Moi, c’est ça que j’appelle de l’économie circulaire! », affirme le directeur général.

Tissu social

Le secteur Assomption Sud-Longue-Pointe est appelé à se transformer dans les prochaines années. La Ville de Montréal souhaite redéfinir ses plans pour le quartier, en laissant plus de place à un développement à grandeur humaine qui vise entre autres à réduire les nuisances liées aux activités de transport par camions et par bateaux. En outre, le prolongement prochain du boulevard de l’Assomption redessinera complètement la carte du secteur. Le directeur général du 5600 reste laconique face à cette réalité : « On s’attend à une expropriation, probablement à l’arrière du terrain où une importante partie de nos activités de camionnage et d’entreposage ont cours. Ça veut dire qu’une fois que ça se produira, c’est un secteur d’activités qui devrait quitter notre bâtisse. »

Quoiqu’il en soit, la direction du 5600 n’a pas attendu les administrations publiques pour rester d’actualité. « Il faut être un peu avant-gardiste. Actuellement, il y a des changements majeurs qui sont en train de se faire entre Hochelaga et Sherbrooke, le long du boulevard de l’Assomption. Pas loin de 4 000 unités d’habitation vont être construites d’ici 5 ou 6 ans. Donc, je dois m’adapter, je veux être en harmonie avec elles », affirme le gestionnaire. D’ores et déjà, le complexe est très impliqué dans le tissu social local. Il a entre autres prêté ses espaces pour que la Cuisine Collective Hochelaga-Maisonneuve (CCHM) puisse y installer des bacs potagers. Désormais, on y récolte annuellement 2 tonnes de légumes, dont 30 % s’en vont à des enfants vivant en HLM.

Le bacs potagers de la CCHM (Courtoisie Le 5600)

« Cela a permis à la CCHM d’étendre ensuite son projet au siège social de la SAQ et sur le terrain de Scientific Games, explique fièrement M. Dupras. Un bon citoyen corporatif doit avoir une responsabilité morale de redonner au tissu social. »

De plus, le complexe a été parmi les premiers partenaires corporatifs à Montréal à inclure des bornes pour les voitures électriques dans son stationnement. « On en a une trentaine maintenant », spécifie le gestionnaire. Apiculture urbaine, ferme hydroponique et autres projets en bioalimentaire : tout est en place pour attraper au vol les domaines d’activités d’avenir, termine M. Dupras.