Il y avait foule hier au PEC HM concernant l’avenir du YMCA. (Photo : EMM).

YMCA : UNE RENCONTRE D’INFORMATION VIDE DE CONTENU

La rencontre citoyenne organisée par la direction du YMCA hier soir dans les locaux du Pavillon d’éducation communautaire Hochelaga-Maisonneuve avait quelque chose de surréaliste. De un parce qu’elle a été demandée, pour ne pas dire exigée aux dirigeants de l’organisme par une administration municipale visiblement irritée par toute cette histoire de fermeture, qui rappelons-le, a pris par surprise autant les citoyens que la Ville de Montréal le mois dernier. De deux, parce qu’absolument rien de nouveau et qu’aucune piste de solution n’a transpiré de cette assemblée publique tenue devant quelque 140 personnes, la plupart membres du YMCA.

Deux heures donc à résumer simplement par une file continue de gens à tenir le micro comme un exutoire, dénonçant à l’unanimité le manque de transparence de l’organisme, sa gestion déficiente et finalement sa fermeture complète à vouloir relancer un projet de réhabilitation des infrastructures de la rue Hochelaga, du moins dans un avenir rapproché, malgré l’offre d’aide et de mobilisation lancée par de nombreux intervenants. Trop peu trop tard semble-t-il.

Surréaliste aussi parce que c’était clair que les représentants du YMCA n’étaient pas là de gaieté de cœur, passant d’une question à l’autre en y répondant à peine, souvent pas du tout. Next! À l’approche des deux heures d’assemblée prévues, ça répétait sans cesse qu’il fallait accélérer car « ça se termine à 9h pile, hein… ». Ainsi, cette rencontre d’information, au lieu d’apaiser, n’a fait qu’accentuer la grogne.

Ce que l’on y a finalement appris que l’on ne savait déjà est donc bien mince. Il y aurait actuellement des pourparlers avec la Ville pour trouver certains lieux et un terrain d’entente pour relocaliser, si possible, certaines activités dans l’arrondissement. Mais comme on le sait, Mercier-Hochelaga-Maisonneuve n’est pas très pourvu en la matière, donc… les annonces en ce sens risquent d’être minces.

Ensuite, les dirigeants du YMCA ont affirmé que c’est le manque de financement à leur projet de réfection des infrastructures de 15 M $ amorcé il y a deux ans qui explique la fermeture du YMCA Hochelaga-Maisonneuve (plan qui prévoyait aussi des subventions récurrentes considérables pour opérer le complexe), alors que seul le gouvernement provincial aurait finalement accepté de contribuer au projet sous condition que les autres paliers acceptent aussi, ce qui n’a pas été le cas.

Ce que l’on comprend donc, c’est que la direction du YMCA avait visiblement un plan « ça passe ou ça casse », mais était-elle la seule à savoir? « La Ville a toujours dit que ce projet était trop ambitieux et trop coûteux, qu’il fallait diminuer les attentes, mais bien sûr on ne voulait pas abandonner pour autant le YMCA. Le problème, c’est que nous ne savions pas que le YMCA était rendu là dans sa réflexion, ça nous a carrément pris de court, on a appris la nouvelle en même temps que tout le monde », nous a déclaré le maire de l’arrondissement, Pierre Lessard-Blais, venu assister à la rencontre à titre d’observateur, alors que c’est le directeur de l’arrondissement de MHM qui avait le mandat de représenter officiellement la Ville de Montréal en compagnie des représentants du YMCA.

À noter que seul le maire Lessard-Blais et des conseillers municipaux de l’arrondissement étaient présents à titre d’élus locaux, alors qu’aucun représentant des députés Alexandre Leduc (Québec) et Soraya Martinez Ferrada (Ottawa) n’a assisté à l’événement, une situation d’ailleurs décriée par plusieurs citoyens sur place.

Un casse-tête pour l’arrondissement

La fermeture surprise du YMCA met donc l’administration municipale dans l’embarras, qui de l’avis même du maire de MHM, « ne peut se retourner sur un dix sous pour régler une situation d’une telle ampleur. » Des infrastructures sportives, il y en a peu sur le territoire, et plusieurs sont dans un état de vétusté avancé, en particulier le Centre Pierre-Charbonneau, situé près des installations olympiques. « On le sait que la rénovation de ce centre va coûter dans les 30 M $ et pour le moment l’arrondissement n’a pas les sous pour le faire. On sait aussi qu’il faudra se pencher sur le manque d’infrastructures dans Mercier dans un avenir rapproché. Alors c’est sûr que si on ajoute maintenant l’urgence de régler la situation du YMCA, ça devient très complexe. Mais on travaille à trouver des solutions, vraiment, mais on ne pourra pas y arriver en deux ou trois semaines, je crois que les gens comprennent cela », affirme M. Lessard-Blais.

Le YMCA ayant annoncé la fermeture de ses activités sportives, le bâtiment de la rue Hochelaga, qui appartient à la Ville de Montréal, devra donc être entièrement restauré aux frais de l’administration municipale, ou non, selon les décisions qui seront prises éventuellement. Son entretien et sa mise aux normes étaient selon la Ville auparavant sous la responsabilité du YMCA, en collaboration avec l’arrondissement.

La situation est telle, en fait, qu’il faudra visiblement l’intervention exceptionnelle (et surtout la contribution) de la ville-centre, de Québec et du fédéral pour régler le problème le plus rapidement possible. Souhaitons-le.