VOS ACQUIS ET VOS COMPÉTENCES VALENT-ILS UN DIPLÔME COLLÉGIAL?
Montréal la métropole est la principale terre d’accueil des immigrants au Québec, ils sont des dizaines de milliers à s’y installer chaque année. Plusieurs d’entre eux, mais aussi des personnes qui sont arrivées depuis plus longtemps, ont tout avantage à faire reconnaître leur bagage d’expériences de travail et de vie afin de pouvoir obtenir en bonne et due forme un diplôme valide pour travailler au Québec dans leur champ d’expertise. D’ailleurs, dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, le gouvernement du Québec poursuit en 2022 ses engagements pour recruter massivement des travailleurs étrangers, mais aussi pour intégrer plus rapidement les nouveaux arrivants au marché du travail. Rappelons par ailleurs que l’immigration est essentielle pour maintenir le taux de population du Québec dont la natalité est relativement faible, et consolider par le fait même l’économie et la productivité de la province.
En 2020, selon le gouvernement du Québec, 71,4 % des 378 118 immigrants admis dans la province depuis 2009 résidaient dans la région métropolitaine de Montréal. Ils ne travaillaient évidemment pas tous dans leur domaine principal, et certains d’entre eux, chaque année, entamaient des démarches pour que leurs acquis ou expériences de travail soient reconnus.
Reconnaître les acquis et les compétences au collégial
Dans l’est de Montréal, c’est le Bureau de la reconnaissance des acquis et des compétences du Cégep Marie-Victorin (RAC) qui est le chef de file au niveau collégial. Il offre la plus grande diversité de programmes et un accompagnement individualisé offert par une équipe composée d’une vingtaine de professionnels spécialisés. Pour compléter les évaluations, l’institution compte également sur une centaine de spécialistes expérimentés et actifs dans les divers programmes offerts.
Les personnes qui s’inscrivent dans une démarche de RAC doivent posséder une expérience significative dans un domaine, et obtiennent, si l’ensemble des compétences du programme d’études ont été démontrées avec succès, un diplôme ou une attestation d’études collégiales sans avoir à suivre tous les cours en classe. La maîtrise des compétences d’un programme d’études donné est évaluée selon différentes modalités, par exemple un entretien avec un spécialiste de contenu, un travail à la maison, une mise en situation ou un jeu de rôle. Cette démarche donne une valeur aux apprentissages réalisés en contexte de travail ou par les expériences de vie.
Au Cégep Marie-Victorin, une vingtaine de diplômes d’études collégiales (DEC) et attestations d’études collégiales (AEC) sont ouverts pour les futures personnes candidates en relations humaines, en administration, en arts et en sciences. Trois programmes sont également offerts en anglais.
Le Collège de Rosemont s’est quant à lui associé au Cégep Marie-Victorin dans un programme spécifique relié au domaine de la bureautique. Ainsi, les personnes candidates peuvent y démontrer entre autres leur capacité à être secrétaire administratif de direction ou de gestion, adjoint administratif ou agent de bureau. La démarche est proposée sur leur propre campus.
Soulignons par ailleurs que la démarche de RAC n’est pas offerte qu’aux personnes nouvellement arrivées au Québec, elle est destinée à tous les adultes qui cherchent à faire reconnaître leurs acquis et leurs compétences en vue d’obtenir un diplôme. Selon les dernières statistiques, environ 54 % des adultes inscrits à la démarche de RAC seraient des personnes nées au Québec, 46 % à l’extérieur du Canada, selon les statistiques fournies par le Bureau de la RAC du Cégep Marie-Victorin.
Modalités d’inscription
Certaines conditions s’appliquent concernant l’admissibilité à un programme offert par une démarche de RAC. Il faut savoir dès le départ que seuls les résidents permanents peuvent s’inscrire. Les personnes possédant un statut de réfugié par exemple ne peuvent donc pas y accéder. La plupart des futures personnes candidates sont d’ailleurs dirigées au cégep par différents organismes d’intégration, et « elles sont le plus souvent au Canada depuis quelque temps déjà », affirme Dominique Harvey, coordonnatrice du bureau de la RAC au Cégep Marie-Victorin.
Une fois admises, les personnes doivent démontrer la maîtrise de l’ensemble des compétences du programme. Les spécialistes de contenu pourraient recommander une formation manquante s’ils détectent certaines lacunes au niveau d’une ou plusieurs compétences sous forme de lectures dirigées, ou exercices à effectuer. Les services sont adaptés en concordance avec le quotidien des gens qui souvent travaillent à temps plein. Le cursus est aussi moins long qu’un programme régulier d’études collégiales.
« Dans bien des cas, les personnes candidates ne retournent pas en classe, c’est une démarche d’évaluation individuelle qui prend en compte les compétences acquises au fil du parcours de vie professionnel et personnel. C’est une option intéressante, car ces personnes ne recommencent pas à zéro », raconte Dominique Harvey.
Inclusion sociale
L’accès à l’emploi, bien évidemment, est un facteur très important d’inclusion sociale. Le taux d’emploi des immigrants en 2017 se situait à 78 % à Montréal et le gouvernement québécois prévoit qu’il atteindra les 80 % l’année prochaine.
Mais « ce n’est pas parce qu’une personne a obtenu un diplôme dans son pays d’origine qu’elle en obtiendra un ici », tempère Dominique Harvey. Le mandat de la RAC est avant tout de s’assurer que les compétences des postulants sont en accord avec celles exigées par le ministère de l’Enseignement supérieur du Québec au regard d’un programme visé, et d’offrir le complément de formation nécessaire afin que les personnes inscrites décrochent un diplôme d’études collégiales leur permettant d’améliorer leur situation professionnelle. Il faut aussi souligner que les diplômes antérieurs obtenus dans un système scolaire officiel (au Québec ou hors-Québec) sont tenus en compte par une démarche d’analyse scolaire afin de rendre justice au parcours scolaire et expérientiel de la personne.
Soulignons en terminant que la venue de la COVID-19 en 2020 n’a nullement freiné les immigrants dans leurs demandes d’admission au Bureau de la RAC du Cégep Marie-Victorin, bien au contraire. « On a vécu une hausse des demandes. En analysant le phénomène, nous croyons que certaines personnes ont tout simplement décidé d’utiliser ce temps d’accalmie pour faire reconnaître leurs expertises dans leur domaine. Les personnes y voient une opportunité d’obtenir un diplôme collégial en faisant reconnaître leurs compétences acquises au fil du temps, et ainsi probablement améliorer leurs conditions de travail », soutient Dominique Harvey.
En savoir plus : collegemv.qc.ca/rac