L’épicerie fine Huile & Vinaigre sur Notre-Dame dans P.A.T. (photo : EMM).

UNE VITALITÉ ÉCONOMIQUE EN CROISSANCE DANS RDP-PAT

Nonobstant les effets de la pandémie, la communauté d’affaires de l’arrondissement de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles est actuellement en pleine ébullition, elle qui était plutôt tranquille ces dernières années, si on peut s’exprimer ainsi. Alors que le secteur privé s’organise de mieux en mieux avec la toute récente création de l’Association des gens d’affaires de RDP, et un impact qui se fait de plus en plus sentir du côté de l’Association des commerçants et professionnels du Vieux-Pointe-aux-Trembles, d’autres bonnes nouvelles se sont ajoutées récemment pour dynamiser l’économie de « RDPAT ». Parmi celles-ci, soulignons notamment l’embauche par l’arrondissement d’une commissaire économique dédiée principalement au développement commercial, l’arrivée du projet Courtepointe de la Société de développement Angus dans le Vieux-Pointe-aux-Trembles, la décontamination de 4 millions de pi2 de terrains de la ville en zone industrielle, et bientôt une campagne de sociofinancement pour les commerçants sur laquelle planche actuellement l’équipe économique de l’arrondissement et dont les détails seront annoncés sous peu. Si l’avenir est à l’est comme on l’entend un peu partout, et bien on peut dire que RDP-PAT s’apprête à l’accueillir.

RDP : enfin une association de gens d’affaires

Difficile à comprendre, mais les commerçants et professionnels de Rivière-des-Prairies n’avaient pas à ce jour d’organisme ou d’association qui les représentait localement, si on exclut la Chambre de commerce de la Pointe-de-l’Île ou, dans une autre mesure, la Chambre de commerce de l’Est de Montréal. Mais depuis le mois dernier, c’est chose faite avec la création de l’Association des gens d’affaires de RDP, lancée par un groupe de quatre entrepreneurs locaux, avec à sa tête Andrew Moubarak, agent immobilier et résident de RDP depuis sa naissance il y a 32 ans. « L’objectif est simple : c’est d’être plus fort ensemble, de bénéficier des avantages que procurent une association de gens d’affaires solide et bien structurée. C’est sûr que ça manquait dans le quartier, car nous n’avons pas la visibilité à laquelle on peut s’attendre à titre d’entrepreneur comparativement à d’autres quartiers à Montréal, mais maintenant on va travailler là-dessus », affirme Andrew Moubarak.

Andrew Moubarak (photo courtoisie).

Quels sont ces avantages dont fait références le jeune homme d’affaires? « Dans un premier temps, l’Association va permettre aux membres de se connaître, de s’entraider, de faire des affaires entre nous si possible. Ensuite, cela devrait nous permettre de faire de la promotion et des événements pour faire connaître nos produits et services, car beaucoup de gens dans le secteur ne connaissent pas nécessairement tout ce qu’il y a à proximité. Finalement, nous espérons que l’arrondissement puisse nous aider sous forme de financement, mais aussi sous forme de services afin de stimuler la vitalité commerciale du quartier. En fait, on veut que la ville devienne un partenaire clef de l’Association », explique M. Moubarak. Et l’appel semble entendu par l’administration municipale nous dit Luc Castonguay, directeur développement du territoire et études techniques à l’arrondissement de RDP-PAT : « Je crois que notre rôle pour le moment est d’aider et de guider les membres fondateurs à bien organiser la mise sur pied de leur association. Car on souhaite, tout comme eux, que le mouvement soit solide et crédible et qu’il devienne pérenne. C’est important pour nous puisque ça facilite aussi les échanges quand il y a une association d’affaires dynamique dans un quartier, ça peut faire avancer des projets beaucoup plus vite, c’est plus efficace. Éventuellement nous pourrons certainement contribuer financièrement, selon nos programmes d’aide déjà en place pour ce genre de regroupement », soutient M. Castonguay.

La nouvelle association de gens d’affaires vise donc à représenter l’ensemble du territoire de RDP, quoique les activités commerciales sont bien sûr surtout concentrées sur le boulevard Maurice-Duplessis, l’artère principale du secteur. Pour les intéressés, soulignons que les frais annuels pour rejoindre l’association ne sont pour le moment que de 120 $ ou 10 $ par mois. Une excellente occasion d’affaires pour réseauter et aider à partir la roue associative dans RDP. Pour plus de détails, vous pouvez consulter la page Facebook de l’organisme.

Un air de jeunesse pour le Vieux-PAT

La directrice générale de l’Association des commerçants et professionnels du Vieux-Pointe-aux-Trembles, Joanne Paiement, attendait depuis longtemps qu’on investisse massivement dans la revitalisation de la rue Notre-Dame, en plein cœur de l’ancien village. Il est vrai que ce secteur ne paye plus de mine depuis longtemps sur le plan commercial, même si ces dernières années les infrastructures et places publiques des alentours se sont refait une beauté plutôt remarquée. Mais voilà que l’important projet annoncé récemment par la Société de développement Angus vient en quelque sorte confirmer la volonté politique affichée depuis longtemps par l’ex-mairesse de l’arrondissement Chantal Rouleau et aujourd’hui ministre de la Métropole, volonté partagée par l’actuelle mairesse Caroline Bourgeois, de dynamiser éventuellement le volet commercial du Vieux-PAT. « Cette nouvelle m’a ému énormément. C’est comme une grande porte qui s’est enfin ouverte pour un renouveau de la rue commerciale. Pour moi c’est l’an un, un nouveau départ pour le secteur », exprime Mme Paiement.

Joanne Paiement (photo courtoisie).

La propriétaire de la boutique Huile & Vinaigre, une épicerie fine sur Notre-Dame, au cœur du Vieux-Pointe-aux-Trembles, voit ainsi, en quelque sorte, ses inlassables efforts des dernières années récompensés, elle qui n’hésitait pas à remuer ciel et terre pour stimuler les actions des autorités et acteurs économiques du coin. « Nous avons toujours eu le soutien de l’arrondissement, mais la ville ne peut pas tout faire et tout initier. Ça prenait un investisseur privé, un gros projet qui servirait de locomotive pour tirer d’autres wagons d’entrepreneurs, et le projet de la SDA, c’est plus grand que nous l’espérions, c’est un cadeau du ciel pour nos membres », affirme Mme Paiement. Rappelons que le projet Courtepointe de la SDA, appuyé entre autres par Québec et Montréal, consiste à requalifier le territoire occupé actuellement par six bâtiments de la rue Notre-Dame afin d’attirer notamment plusieurs nouveaux commerces de proximité et offrir des logements aux étages dont certains seront destinés aux familles. On veut carrément en faire le noyau du Vieux-Pointe-aux-Trembles, un milieu de vie qui va donner un souffle de modernité au secteur.

Un autre coup de pouce, cette fois de la Ville, devrait contribuer à donner une nouvelle image à la petite artère commerciale au courant des prochaines mois. Il s’agit du programme PRAM-Commerce, que l’administration municipale a décidé d’octroyer aux membres de l’ACPVPAT. Ce programme permet aux propriétaires de bâtiments commerciaux de bénéficier de généreuses subventions pour la rénovation de façades et de locaux sur l’artère commerciale, programme qui devrait avoir un impact significatif sur l’attrait visuel du secteur. En autant bien sûr que les commerçants investissent également dans leurs infrastructures.

La rue Notre-Dame, dans le Vieux-Pointe-aux-Trembles, sera modernisée avec l’arrivée du projet Courtepointe de la SDA (photo : EMM).

Est-ce qu’il y a réellement de l’avenir pour l’arrivée de nouveaux commerces de proximité sur Notre-Dame, est-ce que la rentabilité sera au rendez-vous? « Oui, si le développement est bien fait et s’il répond bien sûr aux besoins de la population. Dites-vous que la SDA n’investit certainement pas à la légère, ils ont fait leurs études et il y a du potentiel économique dans le secteur. Il manque tellement de commerces de base, cafés, restaurants, microbrasserie par exemple, boutique de vêtements, fruiterie, boucherie, grande épicerie, etc. Si tout cela arrive, sans que l’on ne se cannibalise les uns les autres, la rue Notre-Dame va redevenir un lieu de destination et ça va marcher, j’en suis convaincue. Les résidents le demandent depuis plusieurs années déjà, on se le fait dire à tous les jours », clame Joanne Paiement, qui opère un commerce sur Notre-Dame depuis 1981.

L’arrondissement se relève les manches

Si le volet « affaires » n’était pas nécessairement une priorité absolue pour l’administration municipale de RDP-PAT ces dernières années, plusieurs gestes récents de l’arrondissement viennent toutefois changer la donne à ce chapitre. L’embauche d’une nouvelle commissaire au développement commercial, Camille Scheed, en est un bon exemple. Ce nouveau poste a été créé par l’arrondissement pour appuyer et accompagner plus efficacement les commerçants de l’arrondissement, alors que l’autre commissaire, Karim Elfilali, peut quant à lui dorénavant se consacrer plus au développement du secteur industriel de RDP-PAT. Sur ce dernier point, rappelons que la Ville a annoncé le mois dernier la décontamination de neuf terrains municipaux dans le cadre du grand programme de décontamination des sols industriels de l’est de Montréal, tous situés dans l’arrondissement. Ces millions de pieds carrés seront donc éventuellement disponibles pour du développement en zone industrielle, un luxe que très peu d’arrondissements montréalais peuvent même envisager. « Ce qui est encore plus intéressant avec ces terrains, c’est que l’arrondissement aura beaucoup plus de latitude pour attirer les projets qui correspondent à sa vision d’avenir. Par exemple aider la transition vers un secteur industriel plus axé sur les énergies propres », explique Karim Elfilali. Luc Castonguay ajoute que « l’arrondissement se positionne encore plus favorablement avec cette annonce pour développer des zones d’innovation, parce que la denrée rare que sont les pieds carrés, nous les avons, en plus d’avoir déjà sur le territoire une concentration d’entreprises dans différents secteurs d’activités très nichés et convoités par le gouvernement du Québec dans son plan de relance économique. »

Camille Scheed (photo : EMM).

Le trio « économique » de l’arrondissement, en entrevue avec EST MÉDIA Montréal la semaine dernière, nous entretiendra à propos de plusieurs autres objectifs qui sont actuellement identifiés dans les carnets. Notamment, l’administration municipale souhaite créer un pont commercial plus naturel entre les deux secteurs que sont RDP et PAT, en misant sur la mise en valeur des forces et particularités de chaque territoire, mais aussi en créant une synergie plus grande entre les associations de commerçants, les chambres de commerces et autres organisations économiques sur le territoire. Ainsi, des rencontres plus fréquentes entre ces acteurs économiques et l’arrondissement sont à prévoir dans un avenir rapproché pour mettre en place des actions qui devraient, si possible, être de plus en plus concertées. Dans la même veine, l’arrondissement lancera dans quelques semaines un tout nouveau « Guide des commerçants » pour aider ces derniers à s’y retrouver dans les programmes d’aide qui s’offrent à eux sur le territoire, en plus de travailler activement à mettre sur pied un premier grand projet de sociofinancement pour les commerçants sur la plateforme La Ruche, qui sera annoncé dans quelques semaines nous dit-on.

Mentionnons en terminant que la direction de RDP-PAT travaille actuellement à une nouvelle mouture de son Plan stratégique de développement qui devrait projeter les priorités de l’arrondissement pour les dix prochaines années. Côté économique, on devrait retrouver parmi les grandes lignes directrices de poursuivre la transition du parc industriel vers une industrie plus légère, verte et technologique; d’accélérer le développement de l’offre commerciale de proximité; et de travailler à promouvoir le potentiel de zones d’innovation, entre autres.


Le dossier spécial « Rivière-des-Prairies−Pointe-aux-Trembles 2020 » a été rendu possible grâce à la collaboration des partenaires suivants :