Paulette Kaci, directrice générale de Vestechpro. (Photo: Emmanuel Delacour/EMM).

VESTECHPRO : FAIRE RAYONNER L’INNOVATION DANS LE MONDE DU VÊTEMENT

Contribuer à créer le vêtement de demain, connecter à l’Internet des objets et être écoresponsable, c’est la mission que s’est donnée Vestechpro, un centre d’innovation en habillement qui fait le pont entre les mondes de la recherche, de l’éducation et de la production. EST MÉDIA Montréal est allé visiter ses laboratoires au Cégep Marie-Victorin, qui seront bientôt appelés à prendre de l’expansion.

Légèrement dissimulés, dans le sous-sol du pavillon Jean-Paul-Limoges, se trouvent les bureaux de l’organisation. Si l’on ne soupçonne pas réellement son existence de l’extérieur de l’édifice, à l’exception d’une affiche à l’entrée, Vestechpro est pourtant un centre collégial de transfert des technologies (CCTT) qui brasse de grosses affaires.

Créé il y a plus de 10 ans, Vestechpro a collaboré avec de grands noms de l’industrie de la mode, des arts de la scène, mais aussi des technologies de pointe. Parmi ceux-ci, on retrouve le Cirque du Soleil, la Place des Arts, Atelier b, Moov activewear Montréal et Carré Technologies. Seulement en 2021-2022, le centre a fait affaire avec 45 clients et a réalisé 86 projets.

Vestechpro fonctionne sur plusieurs axes d’intervention, dont la recherche et le développement, l’aide technique, ainsi que la diffusion d’information et la formation. « Notre mission, c’est d’accompagner les entreprises dans leurs projets d’innovation, dans leurs projets de techniques de formation, pour les amener à être plus performants et à mieux se positionner dans leur environnement et sur la scène mondiale », explique Paulette Kaci, directrice générale de Vestechpro.

Une des salles de laboratoire de Vestechpro. (Photo: Emmanuel Delacour/EMM).

Avec plus de quarante équipements pour coudre, broder, imprimer, mais aussi scanner et imprimer en 3D, les laboratoires de l’organisme permettent aux entreprises québécoises de concevoir des prototypes ou de fabriquer à petite échelle des séries de vêtements, pour faire la démonstration de la faisabilité d’un produit. On peut ainsi coudre avec du fil conducteur et intégrer des éléments électroniques dans le vêtement, ou encore numériser presque instantanément le corps d’un individu pour créer un modèle virtuel qui permettra d’obtenir toutes ses mensurations automatiquement.

Ces puissants outils permettent, par exemple, de créer des vêtements capables de capter les données biométriques d’une personne; son pouls, sa respiration, sa transpiration. Toutes ses informations, ensuite directement transmises dans un logiciel, peuvent être analysées par des professionnels dans le secteur de la santé ou des sports. Il s’agit d’une des applications du « vêtement intelligent ». C’est le domaine d’expertise de certains collaborateurs de Vestechpro tels que Carré Technologies, une entreprise derrière la technologie portable Hexoskin, des vêtements et appareils de surveillance de santé à distance.

« Parfois, certains de nos partenaires n’ont pas les installations ou le matériel nécessaire pour faire toutes leurs expériences. On devient donc un peu un centre de recherche et développement décentralisé pour ceux-ci », affirme Mme Kaci.

La miniaturisation des composantes électroniques permet leur intégration aux vêtements, ce qui ouvre la porte aux technologies de l’Internet de objets. (Photo courtoisie Vestechpro).

Par ailleurs, le centre a participé à la création de 5 éditions de « Wear It Smart », une conférence internationale sur le vêtement intelligent. Mais il n’y a pas que les projets futuristes qui intéressent le centre, qui se penche aussi sur les enjeux d’économie circulaire. Ce fut le cas lors d’une collaboration avec les friperies Renaissance, entreprise d’économie sociale qui cherchait à mieux gérer les vêtements « post-consommation ». Puisqu’il arrive parfois que certains des dons envoyés à l’organisme ne soient plus utilisables, la chaîne québécoise de friperies voulait trouver un moyen de réduire la quantité de vêtements envoyés au dépotoir. Selon la directrice de Vestechpro, trois volets ont été entrepris pour améliorer l’empreinte environnementale de Renaissance.

« On a d’abord abordé les enjeux de conscientisation et d’information, afin de réduire à la source la production de déchets textiles. Ensuite venait le volet réparation et revalorisation des vêtements. On a offert des formations aux employés des friperies. Enfin, on s’est penché sur les techniques de recyclage mécanique. Avec des machines spécialisées, qui permettent de défibrer et effilocher les vêtements, on peut obtenir une sorte de bourre qui peut être utilisée dans d’autres débouchés, comme des panneaux d’isolation ou des pavés », souligne Mme Kaci.

Projet d’agrandissement

On comprend bien en visitant les laboratoires de Vestechpro que l’organisme a constamment besoin de plus d’espace. Avec ses bureaux au sous-sol, trois locaux réservés pour la machinerie et un quatrième partagé avec les étudiants du programme de mode du Collège, le centre commence à être à l’étroit entre les murs du cégep. De plus, dans le cadre d’une collaboration avec le Cirque du Soleil, Vestechpro a ouvert des locaux dans les bureaux de l’entreprise circassienne pour une durée de 5 ans.

Paulette Kaci. (Photo: Emmanuel Delacour/EMM).

« Au total, ça nous fait à peu près 10 000 pieds carrés, mais on aimerait tout rapatrier sous un même toit éventuellement », confie la directrice.

Afin de pouvoir poursuivre sa croissance, Vestechpro a donc dans ses cartons le projet de création d’un pavillon presque entièrement dédié à ses activités. Ce nouveau bâtiment comprendrait des espaces totalisant une superficie de 15 000 pieds carrés et serait construit en face du centre sportif du Cégep, selon les informations dévoilées par Mme Kaci. Celle-ci souligne que le CCTT est tributaire du collège en ce qui concerne l’allocation de locaux.

« Par exemple, on n’a pas de laboratoire informatique qui nous appartient, on est obligé de faire affaire avec le Cégep. Ils sont toujours arrangeants, mais ce sont les étudiants qui passent en premier, donc on doit prendre les espaces qui restent », indique-t-elle.

Le projet, dont les plans architecturaux ont été déjà été dessinés, devra être déposé au ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie pour obtenir des subventions.