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VERDISSEMENT : SAINT-LÉONARD S’ATTAQUE AUX STATIONNEMENTS PRIVÉS

Pour combattre les îlots de chaleur dans ses secteurs industriels, l’arrondissement de Saint-Léonard mettra sur pied un programme de verdissement des stationnements privés, visant à encourager les propriétaires à transformer leurs grandes surfaces minéralisées.

Lors du dernier conseil d’arrondissement, les élus ont approuvé une aide financière de 120 000 $ à la Société de verdissement du Montréal métropolitain (SOVERDI) pour un projet de verdissement des aires de stationnement privées de vingt cases et plus, situées dans des secteurs prioritaires à verdir.

« Saint-Léonard est vulnérable aux impacts des changements climatiques, parce qu’une grande partie de l’arrondissement a été construite principalement dans les années 1960 et 1970. À cette époque, on ne se souciait pas des changements climatiques et une grande place était accordée à l’auto, alors on construisait beaucoup de stationnements », souligne Dominic Perri, conseiller de la Ville à Saint-Léonard.

Dominic Perri, conseiller de la Ville au conseil d’arrondissement de Saint-Léonard (Courtoisie)

Cette urbanisation d’une autre génération crée aujourd’hui beaucoup de problèmes, puisque les îlots de chaleur sont nombreux à Saint-Léonard, particulièrement dans les secteurs industriels situés au nord et à l’est de son territoire.

Faible canopée

En effet, l’arrondissement connaît plusieurs iniquités en matière de couvert végétal. La première inégalité se trouve au niveau de l’indice de canopée générale, situé à environ 13 %, selon des données municipales de 2019, en deçà du 25 % moyen sur l’île de Montréal.

De plus, bien que le domaine public de Saint-Léonard couvre 29 % du territoire, il contient 47 % de sa canopée (selon des données de 2012). Toutefois, le secteur industriel qui occupe 17 % du même territoire ne contient seulement que 2 % de sa canopée.

« Avec le tiers du territoire, on a presque la moitié de la canopée, résume M. Perri. Nous nous sommes donc demandé ce que nous pouvions faire pour encourager les propriétaires à verdir leur stationnement. »

En premier lieu, les élus ont récemment voté en faveur d’une nouvelle réglementation pour renforcer les normes de verdissement lors de la construction ou de la transformation de nouveaux stationnements. En 2024, on a dénombré 275 propriétés de vingt cases et plus qui seraient assujetties à ces nouvelles normes en cas de travaux. Parmi celles-ci, 80 % sont des propriétés industrielles et commerciales.

Mais il fallait aussi trouver un moyen d’inciter les propriétaires des stationnements déjà bâtis à passer à l’acte. Ainsi, dans son entente avec la SOVERDI, Saint-Léonard se donne jusqu’au 31 décembre 2026 pour trouver des volontaires pour prendre part à ce projet pilote.

Après une évaluation des zones prioritaires à verdir, l’Arrondissement a retenu 165 propriétés admissibles à des projets de verdissement de leur stationnement. « On vise les stationnements de taille moyenne, soit d’environ une vingtaine de places, parce que nous ne voulions pas transformer des stationnements beaucoup plus grands, qui pourraient certainement être transformés dans les prochaines années », insiste l’élu.

Effectivement, avec la venue du prolongement de la ligne bleue du métro de Montréal dans le quartier, plusieurs grandes surfaces minéralisées ont de bonnes chances d’accueillir des développements immobiliers prochainement.

Du financement proposé aux participants

Dans le cadre de ce premier effort, Saint-Léonard espère convaincre les propriétaires d’une dizaine de sites à prendre part au programme. Ce seraient donc une centaine d’arbres qui pourraient être plantés dans le cadre de ce projet. Le conseiller explique comment serait réparti le financement : pour un arbre dont la plantation s’élèverait à 900 $, 450 $ seraient déboursés par SOVERDI, tandis que 150 $ proviendrait de Saint-Léonard. Un autre 150 $ serait tiré du programme « S’engager pour les milieux de vie attractifs dans l’Est » de Québec, et enfin, un dernier 150 $ serait versé par le propriétaire.

« Mon souhait est que tout le monde embarque. On va y aller avec la « carotte » pour encourager les gens et ça pourrait créer une forme de compétition entre les propriétaires qui voudront avoir des stationnements plus modernes », souligne M. Perri.

Dans le dernier bilan (2024) de son Plan stratégique Saint-Léonard 2030, une feuille de route pour améliorer le développement urbain sur son territoire, l’Arrondissement rapportait avoir planté 6600 arbres depuis 2019.

Selon une étude réalisée en 2013 par le Centre d’enseignement et de recherche en foresterie de Sainte-Foy (CERFO), certaines zones de Montréal peuvent être jusqu’à 12 degrés Celsius plus chaudes que celles situées dans les régions rurales du Québec lors d’une même journée. Une cartographie effectuée par le CERFO lors de l’étude démontre que certains secteurs de l’arrondissement sont de loin les plus chauds du territoire. (Voir carte ci-dessous).

Les zones chaudes (en rouge) dans Saint-Léonard sont concentrées dans ses secteurs industriels et aux abords du boulevard métropolitain (source CERFO)