Promenade Bellerive (photo tirée du site web de La Société d’animation de la Promenade Bellerive).

LE VERT S’ACCÉLÈRE DANS MHM

L’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve se distingue de plus en plus par sa passion pour le verdissement, autant chez ses employés que chez ses citoyens et organisations partenaires, une tangente soutenue avec enthousiasme par ses cinq élus qui mettent eux-mêmes régulièrement la main à la terre, paraît-il.

Rappelons que quelques jours après la fameuse marche pour le climat, qui a réuni près de 500 000 personnes à Montréal le 27 septembre 2019 (dont la jeune militante suédoise Greta Thunberg) l’arrondissement de MHM adoptait la Déclaration pour une offensive massive et collective de verdissement. Par celle-ci, les élus municipaux locaux, dont le maire Pierre Lessard-Blais, se montraient aussi motivés à contrer le réchauffement planétaire qu’à vivre entourés de jolies scènes paysagées, voire même de forêts urbaines.

Le 23 mai au parc Lalancette, le maire Pierre Lessard-Blais était présent pour rencontrer les citoyens venus récupérer des végétaux gratuitement (photo : Mélanie Dusseault).

« C’est sur la base d’une déclaration de reconnaissance de l’urgence climatique, adoptée à la séance du conseil d’arrondissement du 4 décembre 2018, que les élu-es ont réitéré avec force leur ambition à redoubler d’efforts pour lutter contre les changements climatiques », revendiquait un communiqué de l’arrondissement du 7 octobre 2019, à l’occasion de l’adoption du budget de l’année 2020. Une bonification du personnel et des projets a d’ailleurs été votée, au coût d’environ deux millions $ par année.

Voici donc les six axes de la stratégie de verdissement de l’arrondissement MHM, placés sous le thème « Assurer une gestion écologique de son environnement », de même que certains projets déjà réalisés.

1 – Miser sur la préservation de ses espaces verts existants et les mettre en valeur

L’arrondissement a pour priorité de préserver ses propres espaces verts actuels, et de les rendre attrayants aux yeux des citoyens. De plus, on tente d’influencer les résidents et autres propriétaires fonciers à faire de même, afin notamment d’accroître la canopée du territoire, évaluée à quelque 20 % sur l’ensemble de l’Île de Montréal.

La canopée est la strate supérieure d’une forêt, composée de feuillages directement exposés au rayonnement solaire. Elle crée des espaces de fraîcheur tout en contribuant à la qualité de l’air, sans compter le mieux-être des citoyens qui, pour la plupart, apprécient grandement cette nature en ville.

Trois quartiers distincts

L’arrondissement de MHM se divise en trois quartiers (qui diffèrent de ses quatre districts électoraux), soit Hochelaga-Maisonneuve, secteur plutôt densifié avec ses 48 000 habitants, puis Mercier-Ouest et Mercier-Est, plus vastes et plus verts, réunissant 88 000 personnes. Ces quartiers sont séparés par les voies ferrées du Canadien National, puis par l’autoroute 25.

Pour l’ensemble de MHM, l’indice de canopée était de 13 % en 2012. Déjà il y a huit ans, l’indice de l’Île était de 20,3 %. L’arrondissement le plus dépourvu de canopée était Saint-Léonard à 9 %; alors qu’à l’autre bout du spectre on retrouvait l’Île-Bizard–Sainte-Geneviève à 43 %. La Ville de Montréal soutenait à elle seule 53 % de la canopée, bien que ses terrains n’occupent que 34 % de l’Île, selon une étude présentée par l’experte Marie-Claude Boyce que l’on peut retracer facilement sur le Web.

Cette portion de l’avenue Pierre-De Coubertin, dans Mercier-Est, contribue bien à la canopée (photo DFC).

Volonté populaire

Selon notre observation, l’arrondissement de MHM, tout comme les autres administrations municipales montréalaises, semble avoir le soutien indéfectible de la population et des organismes pour maintenir et poursuivre ses efforts de verdissement. C’est d’ailleurs peut-être le domaine où les encouragements citoyens sont les plus actifs, nombreux et visibles, notamment sur les réseaux sociaux.

Fin mai, des employés de l’arrondissement plantent des arbres au parc Michel-Bourdon, à quelques pas du métro Honoré-Beaugrand (photo Mélanie Dusseault).

À cause de sa haute densité urbaine et du manque de grands parcs, le secteur d’Hochelaga-Maisonneuve est l’objet d’une attention particulière. Chaque petit espace de verdure est alors précieux. Comme ajout récent, l’arrondissement de MHM vient notamment de conclure l’achat d’un terrain boisé dans le quadrilatère des rues Théodore, La Fontaine, Saint-Clément et Adam, lequel deviendra un futur parc.

Par ailleurs, à la fin mai, l’arrondissement était fier de souligner la plantation d’une trentaine d’arbres dans le parc Michel-Bourdon, dans le but de le valoriser et de favoriser la biodiversité. Ce petit parc discret est à quelques mètres du terminus de la station de métro Honoré-Beaugrand. Dans le boisé voisin, une activité citoyenne de plantation d’arbres est prévue pour cet automne.

Deux questions sur les permis

Pour terminer cette section sur la canopée, nous avons posé deux questions aux spécialistes de l’arrondissement de MHM.

« Et si, inspiré par l’arrondissement, un propriétaire, résidentiel ou commercial, désire transformer son vieux gazon du 20e siècle, en un terrassement plus naturel, avec plus d’arbres et peu d’entretien, est-ce que cela prend une autorisation de la Ville ? »

Réponse : « La plantation de végétaux par les propriétaires est encouragée dans le règlement d’urbanisme de l’arrondissement (01-275), en autant qu’un minimum d’entretien soit effectué (voir RCA09-27001, règlement sur la propreté et le civisme). »

« Est-ce que cela prend un permis pour couper ou planter un arbre sur son terrain ? »

Réponse : « Il est obligatoire d’obtenir un permis pour l’abattage de tout arbre dont le diamètre à hauteur de poitrine (DHP) est égal ou supérieur à 10 cm. L’obtention du permis d’abattage est conditionnelle à la plantation d’un arbre de remplacement. La plantation d’arbre peut se faire sans permis. »

Dans Hochelaga-Maisonneuve, ce citoyen a adopté un coin de trottoir comme jardin (photo DFC).

2 – Privilégier des aménagements paysagers durables qui réduisent les surfaces minéralisées

À ce sujet, on doit élaborer un peu sur le mot « durable ». Cela ne veut pas dire que l’aménagement doit durer longtemps, mais bien qu’il respecte des critères écologiques s’insérant dans la lutte aux changements climatiques. En plus de ne pas requérir trop de travaux énergivores (et habituellement coûteux pour le contribuable), les aménagements ne doivent pas nécessiter beaucoup d’entretien par la suite. Les gazons à tondre fréquemment sont ainsi d’une autre époque.

Puisque la Ville de Montréal et l’arrondissement de MHM entendent réduire les surfaces minéralisées, ils ne devraient pas, logiquement, développer eux-mêmes de projets constitués de surfaces d’asphalte, de pierres ou de roches, mais au contraire de végétaux et de toits verts. Par exemple, récréer ou protéger un boisé, sans gazon à couper, semble une tendance urbaine suivie à travers le monde.

Ici encore, dans MHM, le soutien de citoyens est manifeste, selon les oppositions farouches aux travaux de promoteurs immobiliers qui éliminent des boisés ou coupent quelques arbres qui leur appartiennent. Les élus doivent donc travailler fort, avec leurs équipes, pour calmer à l’occasion la grogne et présenter des projets compensatoires, au besoin.

Parmi les réalisations concrètes, signalons la construction en 2019 de plus d’une centaine de saillies de trottoir qui seront végétalisées cette année, le retrait de surface minéralisée sur la rue de Marseille (à poursuivre en 2020 sur un autre tronçon de la rue), de même que l’aménagement de grandes fosses de plantations sur l’avenue d’Orléans.

Les saillies de trottoir facilitent la traverse des piétons. Celle-ci est à l’intersection de Haig et Pierre-De Coubertin, dans Mercier-Ouest (Photo DFC).

3 – Constituer un réseau d’espaces végétalisés accessibles au public

Convenons qu’il peut être très plaisant de faire des randonnées, à pied ou à vélo, sur de longs trajets paysagés, de préférence d’un quartier à l’autre.

Dans MHM, le trajet le plus intéressant est sans doute la piste cyclable le long du fleuve, au Parc de la Promenade-Bellerive, dans Tétreaultville. Moins fréquentée, il y a aussi la piste cyclable Souligny, assez bien paysagée, entre les rues Dickson et Honoré-Beaugrand. À l’est conventionnel, cette piste se transforme en prototype du REV, pour Réseau Express Vélo, une sorte d’autoroute pour vélos sur la rue Souligny. De futures lignes de REV ont été dévoilées par la Ville à la mi-mai.

Aperçu du REV longeant la rue Souligny, dans Mercier-Est (photo DFC).

À l’ouest de la piste cyclable Souligny, on aboutit non pas à un REV, mais à un « rêve », celui de rejoindre un jour à vélo Viauville, simplement et directement, en toute sécurité. La piste traverserait le secteur Assomption-Sud, lequel est présentement en plein développement, étant au cœur de multiples projets municipaux, privés, provinciaux et même fédéraux. On parle ici, entre autres, d’un garage de la STM, d’un viaduc pour les camions sortant du Port de Montréal, d’un poste d’Hydro-Québec, d’un prolongement d’autoroute et d’un terminal de conteneurs. La Ville devrait aussi développer un Écocentre à partir de l’ancien incinérateur Dickson, dont on lui prête une valeur de patrimoine industriel.

À partir du même secteur, mais dans l’axe nord-sud, un autre rêve, encore plus ambitieux, est défendu par un groupe de militants indéfectibles. Il s’agit de joindre, par un parc linéaire cyclable et paysagé, la rue Notre-Dame, avec vue sur le fleuve, à la rivière des Prairies (en face de Laval), en suivant environ le cours de l’ancien ruisseau Molson, auparavant appelé ruisseau de la Grande Prairie. En 2018, la Ville a d’ailleurs renommé l’ancien projet de Cité de la logistique en Écoparc industriel de la Grande Prairie. Déjà, la Ville prévoit un réseau piétonnier dans Assomption-Nord.

Dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, la population profite d’aménagements paysagés tout le long de l’ancienne voie ferrée du CN, soit l’Antenne Longue-Pointe, de Viau au Marché Maisonneuve, et la Promenade Luc-Larivée, de l’avenue Jeanne-d’Arc à la rue De Chambly.

L’arrondissement de MHM envisage d’implanter des « zones de gestion écologique » pour favoriser la biodiversité, améliorer le paysage et la santé des espaces verts. Cela réduirait les besoins d’entretien, dont la tonte régulière du gazon.

4 – Prévoir des aménagements favorisant l’absorption et la récupération des eaux pluviales

Étonnamment, lors de récents conseils d’arrondissement, des citoyens du district Louis-Riel, pourtant loin du fleuve, s’inquiétaient de crues du printemps. En effet, lors de pluies très abondantes, ajoutées à la fonte des neiges, le réseau d’égouts montréalais est incapable d’absorber toute l’eau et cela entraine des inondations à certains endroits.

Alors, même ici dans MHM, la Ville doit prévoir plus d’endroits où l’eau peut être absorbée lors de fortes averses. Avec le réchauffement climatique, il pleuvra d’ailleurs encore plus souvent. Alors il faut penser à des manières, économiques et écologiques, de réguler l’écoulement de cette pluie abondante. Et même à plusieurs endroits, la Ville doit construire d’immenses bassins de rétention à cet effet, au coût de plusieurs dizaines de millions $.

Idéalement, à terme, toutes les eaux pluviales iraient de préférence dans le sol, sinon à la station d’épuration de Rivière-des-Prairies, avec les eaux usées. En attendant, des eaux d’égout doivent encore être rejetés régulièrement dans le fleuve, le réseau étant incapable de les acheminer assez vite aux stations d’épuration. Ces rejets déplorables nuisent notamment aux projets de plages urbaines ; à Verdun, par exemple, la nouvelle plage urbaine doit parfois fermer… à cause de rejets d’égout dans le fleuve en amont.

En 2019, sept nouvelles ruelles ont été verdies et aménagées par les citoyens, avec le soutien de l’arrondissement. Au total, 350 m2 d’asphalte ont été retirés dans ces ruelles pour faire place à des espaces verdis, capables de retenir les eaux pluviales. En 2020, une dizaine de nouvelles ruelles vertes viendront s’ajouter au réseau.

5 – Établir une stratégie globale de gestion des sols contaminés et privilégier des solutions de décontamination innovantes et écologiques

Les anciens sites industriels contiennent souvent des sols contaminés. L’Est (conventionnel) de l’Agglomération de Montréal est handicapé par de vastes terrains contaminés qui nuisent au développement du territoire.

Le palier provincial, poussé par la ministre responsable de la Métropole, Chantal Rouleau, collabore de près avec la Ville et l’arrondissement de MHM, afin de faciliter la décontamination des sols, dans le but d’aboutir à de nouveaux développements écologiques. Cet objectif fut souligné très tôt après l’arrivée au pouvoir de la CAQ (en octobre 2018), par une Déclaration pour revitaliser l’Est de Montréal, qu’avaient solennellement signé la mairesse Valérie Plante et la ministre Rouleau dès décembre 2018.

6 – Encourager la réalisation d’aménagements limitant la consommation énergétique et faisant appel à des énergies renouvelables

L’arrondissement de MHM souhaite dorénavant davantage de constructions, ou de rénovations, qui nécessiteront moins d’énergie, entre autres grâce à une meilleure isolation, à l’ensoleillement naturel et, en complémentarité, par un accès facile au réseau de transport en commun, par exemple. Aussi, on encourage bien sûr l’utilisation de l’électricité, de panneaux solaires, de la géothermie, la récupération de chaleur, et toutes nouvelles technologies et façons de faire qui ont un impact positif et durable sur l’environnement et le milieu urbain.

Trois plates-bandes

Si vous avez vraiment lu jusqu’ici, nous vous dédions les trois plates-bandes qui seront réalisées cette année par l’arrondissement, dont celle, immense, du pont fleuri, sur la rue Sherbrooke devant le Stade olympique, qui totalisera à elle seule environ 5 360 plants d’annuelles!


Pour développer sur le sujet du verdissement :

Déclaration en verdissement et bonification des équipes et du budget dédié

Bilan des actions de verdissement réalisées dans MHM en 2019

Sur Flickr, collection de 81 photos des projets de verdissements de MHM en 2019

Présentation Bienvenue, beaux jours, par l’arrondissement MHM, avec portrait de cinq «vertueux» spécialistes travaillant au verdissement

Éco-quartier de MHM (ruelles vertes, corvées de nettoyage, comités de citoyens, info-collectes, formations et ateliers, nature en ville, compostage, événements, etc.)

Les bienfaits insoupçonnés du jardinage, selon le site écologiste Un-point-cinq

Organisme Soverdi, spécialisé dans la plantation d’arbres en ville

Article de La Presse sur les vertus du gazon long

101 idées pour la Relance, par Le Pacte pour la transition, juin 2020 (plusieurs des vues, réalisations et projets de ce texte s’y trouvent) :

Version courte (11 pages)

Version complète (109 pages)


Le dossier spécial Mercier−Hochelaga-Maisonneuve a été rendu possible grâce à la collaboration des partenaires suivants :