Rémi-Pierre Paquin. (Photo courtoisie Agence St-Laurent Roger).

UN CAFÉ AVEC… RÉMI-PIERRE PAQUIN

De par sa présence récurrente dans diverses productions télévisuelles québécoises, vous avez sans doute déjà vu Rémi-Pierre Paquin plus d’une fois à l’écran ou entendu à la radio. Le comédien connu pour ses rôles dans Les invincibles (2005-2009), Mauvais Karma (2010-2012), La théorie du K.O. (2014-2015) et C’est comme ça que je t’aime (2020-2022) roule aussi sa bosse à la radio et au théâtre. Toutefois, c’est peut-être accoudé au bar de la rue Ontario Est que certains l’auront aperçu, l’acteur étant propriétaire d’un célèbre pub du coin. Rencontre avec ce Montréalais d’adoption qui est tombé en amour avec le quartier d’Hochelaga.

 

EST MÉDIA Montréal : Comment a commencé votre relation avec l’est de Montréal?

Rémi-Pierre Paquin : Moi, je viens de Grand-mère, et on dirait que lorsque tu viens de l’est de la province, ta relation avec Montréal commence toujours dans l’est, parce que c’est par là que tu rentres dans la ville, dans des quartiers comme Hochelaga. Par exemple, quand j’étais jeune, mon père avait un magasin de meubles et on venait chercher des meubles dans Hochelaga. Sinon, beaucoup plus tard, c’est avec Le Trèfle, la taverne irlandaise que j’ai fondé sur la rue Ontario Est, que ma relation avec l’est s’est concrétisée. On a ouvert ça avec des partners de la Mauricie.

EMM : Quand avez-vous emménagé à Montréal?

RPP : Je crois que c’était autour de 1996. Je réside en ce moment dans l’est du Plateau.

EMM : Vivre dans une grande ville, est-ce que ça été un choc pour vous?

RPP : C’est très drôle, parce que quand tu viens d’une petite ville, Montréal, ça l’air vraiment gros et impersonnel. Finalement, les quartiers, tu te rends compte qu’ils sont comme des villages. Tu recroises le même monde, tu vas dans les commerces et tu connais les tenanciers. Tu parles avec le monde. La ville te paraît alors beaucoup moins grosse. Quand tu vis dedans, ça devient plus convivial.

EMM : Comment a débuté le projet d’avoir votre propre commerce?

RPP : Il y a une dizaine d’années, j’ai amené mes partners en auto et on se promenait dans Hochelag’. On est alors passé devant un ancien magasin Pitt Chaussures et le local était à louer sur le coin de la rue. C’était idéal pour nous comme emplacement. Mes partners, le premier bar qu’ils ont ouvert à Trois-Rivières, c’était dans un ancien Pitt Chaussures. Je me suis donc dit : « c’est donc ben un signe! ». On est allé voir le monsieur qui était propriétaire du magasin, et puis c’était le même gars avec qui ils avaient « dealé » vingt ans plus tôt! On a dû travailler fort pour aménager le bar, parce qu’on l’a rénové de fond en comble. Il a même fallu qu’on creuse la cave à la pelle et qu’on sorte la terre à la chaudière pour pouvoir mettre notre frigidaire à bières pis s’en servir comme chambre froide.

Vue de l’intérieur du bar Le Trèfle. (Photo courtoisie Le Trèfle).

EMM : Et comment s’est déroulée la suite des rénovations et l’ouverture du bar?

RPP : Tout le temps qu’on a passé à construire, les gens passaient et nous jasaient ça. Alors, quand on a ouvert, on a débarré la porte et ces mêmes gens qui passaient durant les rénovations sont venus. On a ouvert l’endroit tranquillement, comme ça, avec les gens du quartier qui marchaient devant. On a bien suivi notre plan et c’est vraiment devenu un bar de quartier. Au début, je me suis dit : « ça serait l’fun d’ouvrir une taverne irlandaise dans Hochelag’, parce que j’aimais vraiment beaucoup le quartier. Ça aurait été l’fun un irish pub plus franco ». Je voulais quelque chose de simple, avec une bonne cuisine de pub. J’aime du quartier qu’il ne soit pas homogène. C’est vivant, authentique, il y a toute sorte de monde.

ENM : Et l’ambiance de l’endroit, ça ressemble à quoi?

RPP : Désormais, c’est du monde du coin qui vient prendre une bière après la job, qui sort le week-end. On fait aussi des événements, pour des gros matchs sportifs, par exemple. Ce qui est l’fun aussi, c’est que tu as autant du monde de vingt ans que de soixante-quinze ans. Tu entends la musique, mais tu peux aussi jaser. On demande à nos employés d’entretenir une proximité avec la clientèle. C’est ça notre cheval de bataille, la convivialité.

EMM : Vous avez récemment été victime de graffiteurs qui ont gribouillé votre devanture. Comment avez-vous vécu cela en tant que commerçant?

RPP : C’est un peu plate, parce que sur du béton tu peux « sand-blaster », mais sur du bois comme chez nous, c’est plus difficile à nettoyer. Mais bon, ce n’est vraiment pas si grave. Faut vivre avec. Par ailleurs, on a une artiste qui a fait une murale sur un de nos murs dont on est bien contents. C’est la compagnie de bière Guinness qui a choisi deux pubs au Canada et qui a payé pour qu’on puisse faire cette murale. Un autre pub à Vancouver était en liste et nous avons été choisis. C’est Monosourcil, une artiste de Montréal, qui a fait la murale durant la pandémie, il y a deux ans. Je la trouve ben belle et je trouve ça beau pour le quartier.

La murale de l’artiste montréalaise Monosourcil. (Photo: Emmanuel Delacour/EMM).

EMM : Quels sont vos projets professionnels en ce moment?

RPP : Je suis à la Radio Énergie, je fais l’émission du matin LE BOOST!. Aussi, je fais la tournée avec la pièce Les Voisins au théâtre. On prévoit une centaine de représentations. Sinon, j’attends de voir s’il y aura d’autres castings bientôt. On est dans cette période de l’année où on ne sait jamais trop de quoi sera fait notre été.

EMM : Vous avez d’autres projets pour Le Trèfle ou dans Hochelaga?

RPP : On avait des projets dans le quartier, mais avec la pandémie, cela a mis plusieurs choses sur la glace. On recommence maintenant à se tourner vers l’avenir avec de nouvelles affaires. Je ne serais pas étonné qu’on lance un nouveau projet dans Hochelaga éventuellement, parce que c’est vraiment notre quartier préféré. Ça serait dans le monde de la restauration, mais quelque chose de différent du Trèfle.

EMM : On comprend donc que vous avez vraiment ce quartier dans le cœur?

RPP : Oui, j’aime vraiment Hochelaga parce qu’on y retrouve cette collégialité, cette ambiance bien authentique. Il y a des gens qui sont là depuis toujours, des gens avec de grosses racines. Dans d’autres quartiers plus « hip », les gens vont et viennent, ils ne restent pas vraiment là pour longtemps, mais dans Hochelag’ les gens sont plus enracinés dans leur quartier.