UN CAFÉ AVEC JOËLLE BRODEUR, PDG DU PARC OLYMPIQUE
Entrée en poste l’été dernier à la suite du départ de Michel Labrecque, qui aura dirigé le Parc olympique pendant 10 ans, Joëlle Brodeur se démarque déjà de ses prédécesseurs par un triplé qui augure certainement un souffle de renouveau au sein de l’institution. Première présidente-directrice générale promue à l’interne; première femme à occuper ce poste; et plus jeune pdg du Parc olympique en près de 50 ans d’histoire, la gestionnaire au début de la quarantaine a d’immenses défis devant elle. Rencontre avec une femme d’action qui entame à ce jour le plus gros projet de sa carrière.
EST MÉDIA Montréal : Prendre les rênes des installations olympiques qui sont actuellement dans une importante phase de transformation, est-ce un mandat vertigineux, ou plutôt stimulant?
Joëlle Brodeur : C’est une question qu’on me pose souvent! Comme c’est en effet un mandat « transformationnel » d’envergure, alors oui cela peut certainement être perçu vertigineux, mais pour moi c’est surtout en fait très valorisant de travailler pour un projet qui a une portée aussi grande pour la Métropole, la société québécoise, et bien sûr encore plus pour son milieu immédiat, l’est de Montréal.
EMM : Quel est votre parcours au sein du Parc olympique, avant votre récente nomination?
JB : J’ai fait mon entrée dans l’organisation il y a près d’une dizaine d’années, alors que j’avais évolué les années précédentes au sein de quelques institutions publiques à titre de gestionnaire de projets, spécialité que j’ai développée après mes études universitaires en sciences politiques et juridiques. Ma motivation en fait, depuis le début de ma carrière, a toujours été d’essayer de maximiser les outils de gestion de projets afin de créer de la valeur pour la société, pour que nos installations redonnent le plus possible à la communauté.
Alors mon premier mandat au Parc olympique a été de mettre sur pied un vrai bureau de projets, car à l’époque, même si l’institution avait l’ambition de professionnaliser cet aspect de ses activités (car des grands projets il y en avait), cette structure de travail, ou cette organisation du travail, n’existait pas. Donc comme important donneur d’ouvrage, nous étions rendus là. Ensuite, comme on le sait, ces dernières années il y a eu le grand chantier de transformation de la Tour qui a permis d’accueillir les employés de Desjardins et d’autres entreprises; il y a eu la rénovation du Centre sportif; la mise en valeur de l’Esplanade, etc. Une très grande transformation amorcée avec succès par mon prédécesseur, Michel Labrecque, avec qui j’ai eu la chance de travailler et qui m’a vraiment beaucoup inspiré.
EMM : Vous étiez d’ailleurs récemment à la tête des grands chantiers, non?
JB : Ces deux dernières années j’occupais en fait le titre de vice-présidente infrastructures et gestion de projets, donc je participais et j’embrassais déjà toute la vision développée par l’équipe de direction du Parc olympique, avec Michel à sa tête.
EMM : Et quelle est cette vision pour l’avenir du Parc olympique?
JB : D’entrée de jeu, je dirais que je fais partie de la génération de gens qui croient beaucoup à son potentiel. Ce dont j’ai envie, c’est de continuer à bâtir le parc urbain en fonction de lui donner le second souffle initié par notre direction ces 10 dernières années, et par le gouvernement actuel qui a été courageux en nous permettant d’avancer pleinement dans la modernisation des infrastructures.
Le plan d’affaires pour les prochaines années, c’est de faire en sorte que chacun des sites du parc urbain soit exploité à son plein potentiel. Par exemple c’est d’attirer à nouveau et encore plus qu’avant des grands événements au stade; c’est de faire de la Tour une expérience touristique unique; de mettre en place une programmation bien garnie pour l’ensemble des Montréalais qui leur permettra de profiter d’un site bien conçu pour l’événementiel mais respectant toujours la signature architecturale emblématique de nos infrastructures olympiques. Et tout ça en générant des revenus nous permettant d’être le plus financièrement autonome possible. On veut redonner de la pertinence à ce parc urbain pour encore un autre 50 ans!
EMM : Où en sommes-nous avec le toit du stade?
JB : Tout se déroule très bien jusqu’à maintenant, notre équipe est très fière de ça! La toile a été complètement démantelée, et tous les travaux d’hivernisation ont été faits à temps. Ce qui était vraiment très important puisque bien sûr l’aire de jeu du stade n’a pas été conçue pour être exposée aux intempéries. La deuxième phase des travaux que l’on va annoncer consiste au démantèlement de l’anneau technique, et ensuite ce sera l’assemblage du nouvel anneau qui va se faire directement sur l’aire de jeu. L’ensemble des travaux, incluant évidemment le remplacement de la toiture, devrait durer quatre ans, alors on vise une réouverture du stade en 2028.
EMM : Est-ce que ces travaux ont occasionné une baisse d’achalandage en ce qui concerne les activités sur l’ensemble du Parc olympique l’été dernier?
JB : Pas du tout! Au contraire! J’avais un peu d’appréhension en début de saison mais finalement il y a eu beaucoup de monde sur le site tout au long de l’été, et ce malgré trois gros chantiers : le toit du stade; les espaces touristiques de la Tour; et malheureusement les travaux d’après-sinistre dans celle-ci qui ont affecté les aires de bureaux. Pour une première année de coexistence, le quadrilatère du Parc olympique a été plus que vivant pendant la saison estivale avec sept grands événements et une pléiade d’autres événements et animations qui ont attiré les foules, autant les résidents des alentours que les Montréalais en général et les touristes. C’est un défi que nous avons relevé et ce n’était pas gagné d’avance je dirais.
EMM : Quel est l’impact, et dans une autre mesure, le rôle du Parc olympique dans l’est de Montréal?
JB : Le Parc olympique, en plus d’être constitué d’infrastructures iconiques qui forment une véritable signature pour Montréal, est aussi en soi une porte d’entrée pour l’est de la ville. C’est un potentiel d’attraction extrêmement important qui, bien évidemment, avec le nombre considérable de visiteurs qu’il accueille sur son site, génère de grandes retombées dans son environnement immédiat, pour nos partenaires d’affaires in situ, mais aussi pour les commerces d’Hochelaga-Maisonneuve et de Rosemont par exemple.
Avec notre vision de développement pour les prochaines années, le fait de notre mandat de propriétaire-exploitant qui a une mission aujourd’hui plus commerciale, je pense que le Parc olympique va amener encore plus de valeur à l’est de Montréal car nous serons en mesure d’attirer beaucoup plus de monde sur le site. Imaginez lorsque le toit sera complété, que le stade reprendra vie, et que la Tour sera réouverte aux touristes, que le site extérieur développera de plus en plus sa programmation d’activités… c’est avant tout l’est de Montréal qui va bénéficier de tout ça. Depuis que je suis en poste je continue ce que Michel Labrecque et ses prédécesseurs avaient développé avec le réseau d’acteurs économiques, culturels et communautaires de l’est de Montréal, c’est-à-dire une collaboration très proche avec eux, ce qui en fait va de soi si on considère que nous sommes nous-mêmes un acteur économique et culturel de premier plan dans l’est de Montréal. Maintenant, à nous de travailler tous ensemble pour que la transformation du Parc olympique amène le plus de retombées possibles sur le territoire, pour au moins les 50 prochaines années. Je suis convaincue que l’est de Montréal aura beaucoup plus de retours dans les prochaines années qu’il n’en a eu jusqu’à maintenant avec les installations olympiques.