
Le groupe Bolduc Tout Croche (Courtoisie/Andy Jon)
4 mai 2025UN CAFÉ AVEC… BOLDUC TOUT CROCHE
Bolduc Tout Croche, c’est le projet musical folk/indie rock/alt-country de l’auteur-compositeur-interprète Simon Bolduc, de la bassiste Andrea Mercier, du guitariste David Marchand et du batteur Marc-Antoine Sévégny. Le groupe a souhaité insuffler à l’album Fracture, son cinquième opus paru en mars dernier, l’ambiance unique de l’est de Montréal, avec ses cargos, ses camions et ses pétrolières, mais aussi avec ses pêcheurs, ses ressacs et ses rives presque « champêtres ». Rencontre avec l’artiste et journaliste Simon Bolduc.
EST MÉDIA MONTRÉAL (EMM) : Votre cinquième album est sorti le 14 mars. Qu’est-ce qui le distingue des albums précédents?
SIMON BOLDUC (SB) : Je pense qu’il s’inscrit dans la continuité de nos autres albums. Ce qui le distingue, c’est qu’il n’était pas prévu. Après quatre albums, je m’alignais sur d’autres projets, sur un album de guitare acoustique peut-être. Puis, je me suis cassé le bras en skate et je me suis retrouvé en convalescence. Je ne pouvais pas faire grand-chose, ce qui est quand même un peu spécial dans ce monde où les choses vont vite. Alors, je me suis mis à marcher à l’est.
EMM : Oui, tu vis dans Mercier-Ouest et ce quartier a influencé ton son et ton écriture, je crois.
SB : Pour cet album, au départ, j’avais de grandes ambitions de travailler avec l’Atelier d’histoire Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. Je m’intéressais au secteur de Longue-Pointe, à l’ancien village de Beaurivage, à la paroisse Notre-Dame-des-Victoires, où j’habite, au parc Bellerive, à Montréal-Est, aux raffineries. Il y a cette drôle de cohabitation dans cette histoire, avec les installations portuaires, les cargos qui passent, les gens qui pêchent. C’est quand même champêtre! Je voulais donc faire un album qui avait une valeur historique. C’était un grand projet intellectuel.
Au final, plutôt que ça transparaisse dans les textes, ça s’intègre à l’album à travers les enregistrements sonores. On entend des cornes de brume, des bateaux, le ressac des vagues sur le quai au parc Bellerive, les sons des camions vides sur Dickson et Notre-Dame, quand ils frappent un nid-de-poule.

La pochette de l’album Fracture (Bolduc Tout Croche/Jules Gauthier)
EMM : Tu as choisi la photo d’une pétrolière pour la couverture, ce qui est aussi un réel symbole de l’est de Montréal. Peux-tu m’en dire davantage?
SB : Ça reste dans la continuité de ce travail d’enquête au sujet de ce territoire, si je puis dire. À la place de travailler avec un photographe artistique, j’ai travaillé avec Jules Gauthier, un photojournaliste qui a fait des séries de photos incroyables dans les villes désindustrialisées des États-Unis, comme Milwaukee, Saint-Louis, Détroit. Il a vraiment l’œil pour capter les secteurs désaffectés, post-industriels. La pochette de l’album, elle est belle, mais elle témoigne davantage d’un travail journalistique que d’un travail artistique.
EMM : Tu habites l’est depuis longtemps. Qu’est-ce qui te plait?
SB : Je viens de Victoriaville et je suis débarqué en 2009 au coin Bourbonnière et Ontario, en face de La Pataterie. C’était ma première expérience montréalaise! Je n’ai jamais quitté le quartier. Après, je suis déménagé dans Maisonneuve, puis j’ai trouvé mon havre de paix dans la petite paroisse Notre-Dame-des-Victoires, autour de la magnifique église. Je trouve fascinant ce petit coin-là, proche de l’école Édouard-Montpetit. Quand je dis que je reste au métro de l’Assomption ou de Cadillac, les gens se questionnent. C’est un quartier fracturé. C’est découpé par une autoroute et par une track de chemin de fer. Il y a le projet de Ray-Mont Logistiques qui changera le quartier. C’est industriel, c’est résidentiel. Si j’avais à nommer ce secteur précisément, celui de l’Assomption, je l’appellerais le quartier de la fracture.
EMM : Quelles sont tes adresses de prédilection dans l’est?
SB : Je suis un amoureux de l’Espace Public depuis le début. J’adore aller là, j’aime beaucoup ce qu’ils ont fait. Quand je sélectionne un lieu, je le garde longtemps. J’aime le sentiment d’appartenance, développer une communauté. Par exemple, ça fait 15 ans que je me tiens au Bar Fullum! Je ne suis pas un grand sorteux, mais quand j’ai élu domicile quelque part, j’y reste longtemps.
EMM : Vous avez fait votre lancement à Québec le 26 avril et celui de Montréal le 30 avril. Qu’est-ce qui s’en vient dans les prochains mois pour Bolduc Tout Croche?
SB : On a quelques dates qui s’en viennent. On est en train de se faire un petit itinéraire pour cet automne, l’été risque d’être assez tranquille. Un autre projet vraiment cool pour le groupe, c’est qu’on a été choisi pour composer la musique d’un documentaire. Ce sont deux réalisateurs qui sont tombés sur la chanson D’où je viens de notre album précédent, et c’est là qu’ils ont eu l’idée de nous contacter pour leur projet de film.

Simon Bolduc (Bolduc Tout Croche)
EMM : En terminant, en plus d’être musicien, tu es journaliste pour un autre journal basé dans l’est, je crois.
SB : Oui, à L’Itinéraire. Mon rôle est non seulement d’écrire, mais aussi d’accompagner les camelots. Il s’agit d’une approche d’intervention à travers l’écriture, afin de les amener, s’ils le souhaitent, à écrire leur récit de vie et à développer des compétences socio-professionnelles.
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L’album Fracture est disponible depuis le 14 mars dernier.
Le groupe Bolduc Tout Croche sera en prestation cet été et cet automne.
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