UN ULTIME SET POUR LE PROJET DE TENNIS INTÉRIEUR DANS L’EST

Est-ce que l’Est de Montréal aura enfin un centre de tennis intérieur sur son territoire? La balle est maintenant dans le camp de la Ville de Montréal qui doit, ou non, inclure le projet de Tennis Québec dans ses priorités d’infrastructures sportives d’ici le 21 février prochain. Rappelons que l’organisme tente depuis maintenant quatre ans de conclure une entente avec la Ville afin de construire un important centre de tennis intérieur sur le terrain du Club de Golf de l’Île de Montréal, longeant l’autoroute 40 à la hauteur de Rivière-des-Prairies. Ce complexe, qui servirait à la fois aux activités de la fédération et à la pratique libre du tennis, serait le seul centre de tennis intérieur à l’est du boulevard Saint-Laurent, alors que l’ouest de l’île en compte quatre, dont le stade IGA.

Le temps presse pour Tennis Québec

Selon Réjean Lévesque, directeur général adjoint de Tennis Québec, le projet doit être approuvé cette année par la Ville de Montréal sinon l’organisme n’aura d’autre choix que d’envisager un site à l’extérieur de la métropole. « On ne pourra pas attendre encore des années pour construire un nouveau centre de tennis intérieur, si possible dans l’Est de la CMM, car les besoins en infrastructures sont vraiment trop importants, on manque de terrains intérieurs partout, et particulièrement dans l’Est de l’île. Si le projet ne débloque pas très bientôt, il faudra trouver un autre endroit, passer au plan B », affirme-t-il.

Si le moment est actuellement crucial pour ce complexe sportif évalué à plus de 25 M $, c’est que son modèle d’affaires prévoit en amont une importante contribution des trois paliers de gouvernement, et que c’est la Ville de Montréal qui détient en quelque sorte la clef du coffre en ce moment. En effet, les gouvernements du Québec et du Canada investiront, à parts égales, une enveloppe totale de 294 millions de dollars pour la réalisation de projets d’infrastructures récréatives et sportives à travers la province d’ici trois ans dans le cadre du Programme d’aide financière aux infrastructures récréatives et sportives (PAFIRS), lequel s’inscrit dans le cadre du Programme d’infrastructure Investir dans le Canada (PIIC) et de l’Entente bilatérale intégrée (EBI). Ces sommes serviront à financer des projets de construction, d’aménagement, de rénovation, de mise aux normes, d’agrandissement ou de réaménagement d’infrastructures récréatives et sportives portés par des organismes municipaux, des organismes à but non lucratif, des coopératives de solidarité ou des organismes autochtones.

Toutefois, le projet de Tennis Québec, qui implique une collaboration étroite avec la Ville de Montréal (subvention de 2 M $, bail emphytéotique, etc.), doit idéalement être soumis par la ville pour bénéficier de l’aide de Québec et d’Ottawa. En fait, cela veut dire que la Ville de Montréal doit sélectionner le projet parmi notamment les siens, d’où l’incertitude qui plane actuellement. « La Ville veut aussi bénéficier des sommes limitées du programme pour rénover ou aménager ses infrastructures vieillissantes, et elle a beaucoup de besoins à ce niveau. Est-ce qu’elle va nous inclure dans ses priorités, rien n’est assuré pour le moment », explique M. Lévesque. La ville a jusqu’au 21 février prochain pour faire ses demandes dans le cadre de l’entente provinciale-fédérale. Rappelons que l’Est de Montréal doit composer en ce moment avec plusieurs infrastructures sportives qui sont d’une vétusté avancée et qui demanderont des dizaines de millions de dollars d’investissements dans les prochaines années, comme par exemple le bâtiment qu’utilisait le YMCA Hochelaga-Maisonneuve et le Centre Pierre-Charbonneau, pour ne nommer que ceux-là.

Le CTIMM occuperait une partie du stationnement du Club de Golf de l’Île de Montréal, une aire qui serait complètement réaménagée. (Image : Tennis Québec).

La crainte de Tennis Québec est donc que la ville priorise, au cours des trois prochaines années, la réfection de ses installations avant d’investir dans la construction de nouveaux projets d’infrastructures sportives. Toutefois, selon Caroline Bourgeois, mairesse de l’arrondissement de RDP-PAT, il n’y aurait pas lieu de s’inquiéter outre mesure pour le moment. « Attendons de voir si le Service des grands parcs, du Mont-Royal et des sports retiendra finalement le projet dans ses priorités, mais si ce n’est pas le cas, ça ne veut pas dire que le projet est irréalisable pour autant. Il faudra voir si on peut le développer en parallèle avec d’autres programmes. D’autres avenues pourraient être étudiées », a soutenu Mme Bourgeois hier en soirée, rencontrée lors des audiences publiques sur le Secteur industriel de la Pointe-de-l’Île.

Mais chose certaine, Tennis Québec n’a pas l’intention de retravailler le projet une troisième fois. « Nous avons revu le projet en profondeur au courant de 2019 afin de le rendre plus fonctionnel et qu’il réponde exactement aux besoins du territoire, et qu’il s’imbrique également dans la volonté de revitaliser l’Est de Montréal. On a investi beaucoup d’argent et de temps dans ce projet, notamment en études de faisabilité et pour les plans d’architecture, et nous en sommes , je crois, à la croisée des chemins. On a été très loin pour initier et développer ce projet dans l’Est de Montréal, je ne pense pas que Tennis Québec pourrait en faire plus, honnêtement », affirme M. Lévesque. Ce dernier souligne également que Tennis Québec investira de ses propres deniers dans le projet et que l’organisme prévoit l’appui de plusieurs importants commanditaires privés. « Il n’y a pas que du financement public, l’organisme contribue évidemment financièrement au CTIMM », dit-il.

Un projet majeur

Le Centre de tennis intérieur multifonctionnel de Montréal (CTIMM) projeté par Tennis Québec serait construit sur une partie du stationnement du Club de Golf de l’Île de Montréal, section qui serait entièrement réaménagée le cas échéant.

Le complexe construit sur deux niveaux et d’une superficie totale de près de 80 000 pi2 serait constitué de huit terrains intérieurs (surface dure), d’espaces et d’aires de jeu modulaires, offrant différentes possibilités de configuration et qui pourraient accueillir de nombreuses activités (touchtennis, pickleball, etc.). On y retrouverait également deux salles polyvalentes, une boutique, un bistro, un gymnase spécialisé ainsi qu’une éventuelle clinique de médecine sportive. Le projet devrait générer 18 emplois directs, dont neuf à plein temps.

Le CTIMM permettrait à Tennis Québec d’améliorer substantiellement la qualité de son circuit de compétition en accueillant notamment des tournois sanctionnés toutes les fins de semaine d’octobre à mai, tout en lui permettant d’offrir davantage de formations pour les instructeurs, entraîneurs et officiel. L’organisme pourrait aussi tenir plus de camps de perfectionnement pour les jeunes espoirs québécois. « Le CTIMM permettrait surtout d’assurer une accessibilité au meilleur coût possible pour les résidents de la Ville de Montréal, surtout ceux de l’Est, qui doivent d’ailleurs actuellement se déplacer à l’Ouest ou en dehors de l’île pour jouer dans un centre de tennis intérieur. Il devrait aussi y avoir une tarification modulée pour les résidents et les non-résidents », soutient Réjean Lévesque.

En plus de répondre plus adéquatement aux besoins des adeptes de tennis montréalais, le centre multifonction proposerait également au public des activités sportives et récréatives variées 12 mois par année, accueillerait différents types d’événements et offrirait même, selon le document de présentation, un lieu de rassemblement et d’accueil pour les amateurs de plein air (vélo, ski de fond, raquette, patinage, etc.).

Des appuis de taille

Le projet d’envergure, unique à Montréal, bénéficie actuellement d’un large et solide appui des acteurs politiques et socioéconomiques de l’Est de Montréal. Parmi les lettres d’appui au CTIMM, qu’EST MÉDIA Montréal a pu consulter, notons celles de Chantal Rouleau, députée de Pointe-aux-Trembles, ministre déléguée aux Transports et ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal, Caroline Bourgeois, mairesse de RDP-PAT et responsable des dossiers de l’Est au sein du comité exécutif de la Ville de Montréal, Mario Beaulieu, député de La Pointe-de-l’Île, Christine Fréchette, PDG de la Chambre de commerce de l’Est de Montréal, Miville Boudreault, président de la Commission scolaire de la Pointe-de-l’Île, et bien sûr, celles de SPORTSQUÉBEC et de Tennis Canada, entre autres.

En cette ère d’effervescence entourant les visions de revitalisation de l’Est de Montréal, projetées par les différents paliers de gouvernement, et en lien avec le dicton soutenu de plusieurs acteurs clamant que « c’est au tour de l’Est de bénéficier des investissements en infrastructures publiques », le CTIMM est sans contredit une histoire à suivre…