TÉTREAULTVILLE AURA-T-IL SA PROPRE SDC?
Le quartier de Tétreaultville pourrait être le prochain à voir naître une Société de développement commercial (SDC) sur son territoire. Des commerçants du secteur souhaitent ainsi se rassembler sous la même organisation afin de poursuivre la revitalisation amorcée il y a quelques années.
Le voisinage le plus à l’est de l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve (MHM) a été propulsé par les efforts de l’Association des commerçants de Tétreaultville (ACT) depuis sa création en 2018. Voulant pérenniser sa présence dans le quartier, le conseil d’administration de l’ACT a par la suite décidé de se lancer dans le processus de création d’une SDC.
« Notre réflexion nous a menés à un point où on s’est dit : « On aimerait ça que notre présence puisse se poursuivre dans le temps ». En tant qu’association, on doit aller chercher des subventions auprès de l’arrondissement et diverses autres sources. Il y a ce stress constant de la possibilité de perdre notre financement, ce qui voudrait dire la fin de notre permanence. On ne peut pas seulement compter sur nos membres commerçants bénévoles pour faire fonctionner l’association », explique Annie Martel, vice-présidente de l’ACT et propriétaire des magasins Terre à soi.
En effet, contrairement aux associations commerçantes auxquelles l’adhésion (et la contribution financière) est volontaire, tous les commerçants qui se trouvent sur le territoire visé par une SDC doivent contribuer au fonctionnement de celle-ci.
Mme Martel, dont une des boutiques se trouve sur le territoire de la SDC Hochelaga-Maisonneuve et qui, par le fait même, siège sur le conseil d’administration de cet organisme, dit avoir pu constater les bénéfices qu’apporte la mise en commun des ressources des commerçants. « Ça nous donne un poids politique plus important, ça nous donne un effet de groupe. Toutes les rues commerçantes qui vont bien à Montréal, qui se démarquent, ont des SDC », souligne-t-elle.
De prime à bord, la mise en place d’une SDC à Tétreaultville permettrait d’accroître le nombre de commerçants membres participant aux activités dans le quartier. Actuellement, l’ACT dénombre 70 membres et ce nombre pourrait s’élever jusqu’à 160 dans la future SDC, selon les estimations de l’organisme.
Le territoire visé s’agrandirait également. L’ACT s’étend pour l’instant sur la rue Hochelaga, entre les rues Curatteau et Paul-Pau, et sur la rue Des Ormeaux, entre l’avenue Souligny et la rue Sainte-Claire. Le secteur visé par la démarche de constitution de la SDC se prolongerait sur la rue Hochelaga, de Curatteau jusqu’à la rue Aubry, et sur la rue Des Ormeaux, de l’avenue Dubuisson à la rue Sherbrooke Est.
Prochaines étapes
Pour le maire de MHM, l’arrivée potentielle d’une nouvelle SDC sur le territoire de Tétreaultville n’a que du bon. « Ce sont des organismes qui aident à faire la promotion de leur quartier, qui aident à les faire rayonner. En fin de compte, ça profite toujours aux commerçants », explique Pierre Lessard Blais, maire de l’arrondissement.
De plus, l’élu qui a lui-même été président de la SDC Hochelaga-Maisonneuve dans le passé, a lui aussi constaté les bénéfices que ces organisations apportent. « Il suffit de penser à toutes les activités, comme les Shows de ruelles, les courses de tripoteurs et la piétonnisation de la Promenade Ontario, qui ont été organisées par la SDC locale. Une SDC dans Tétreaultville mérite sa place. » En outre, le maire rappelle que la Ville de Montréal verse des sommes aux SDC de son territoire pour leur budget de fonctionnement qui vont au-delà du montant des contributions collectées auprès des commerçants.
Ce dernier assure que son administration accompagnera les membres de l’ACT dans leurs démarches pour la concrétisation de la formation de la SDC.
Une première étape en ce sens a été franchie le 2 juillet dernier, lors du conseil d’arrondissement de MHM. Les élus ont adopté un règlement délimitant une zone commerciale portant la désignation de « Tétreaultville » dans l’arrondissement « à l’intérieur de laquelle peut être formé un district commercial en vue de la constitution d’une société de développement commercial », indique le sommaire décisionnel du CA.
Mais avant de voir le jour, la SDC devra passer le test du référendum. En effet, à la suite du dépôt de la requête de constitution de SDC en mai dernier, un registre s’est tenu en juin afin de recevoir la signature des contribuables qui tiennent un établissement dans le district visé et qui souhaitaient qu’un scrutin référendaire soit tenu. Ce registre a recueilli 49 signatures valides. Un scrutin référendaire devra ainsi être tenu au plus tard le 31 août, afin de déterminer si le processus de création de la SDC doit se poursuivre.
Mme Martel affirme comprendre que certains commerçants soient réticents à l’idée de former une SDC, surtout en raison de l’imposition d’une contribution obligatoire. « La pandémie a fait mal à la plupart des petits commerces de détail et tout le monde peine à s’en relever. Je peux comprendre que certains aient des inquiétudes à ce sujet », soutient-elle. Celle-ci rappelle toutefois que le montant des cotisations devra être calculé durant la formation de la SDC, lors d’assemblées où tous les membres auront un droit de vote.
Pour sa part, M. Lessard Blais est convaincu que leur aspect démocratique fait la beauté des SDC. « La tenue d’un référendum fait partie du processus. C’est important qu’il y ait un débat sur la constitution de la SDC », conclut-il.