SUGGESTIONS DE LECTURES DE SEPTEMBRE
Une présentation de :
Moi, ce que j’aime c’est les monstres T.1
Emil Ferris
Alto
Chicago, fin des années 1960. Karen Reyes, dix ans, admire les fantômes, les vampires et autres morts-vivants. Elle s’imagine même être un loup-garou : plus facile, ici, d’être un monstre que d’être une femme. Le jour de la Saint-Valentin, sa séduisante voisine, Anka Silverberg, se suicide d’une balle dans le coeur. Mais Karen n’y croit pas et décide d’élucider cette mort suspecte. Elle va vite découvrir qu’entre le passé d’Anka dans l’Allemagne nazie, son propre quartier prêt à s’embraser et les drames tapis dans l’ombre de son quotidien, les monstres, bons ou mauvais, sont des êtres comme les autres, ambigus, torturés et fascinants. Journal intime d’une artiste prodige, Moi, ce que j’aime, c’est les monstres est un kaléidoscope brillant d’énergie et d’émotions, l’histoire magnifiquement contée d’une fascinante enfant au coeur du Chicago en ébullition des années 1960. Dans cette oeuvre magistrale, tout à la fois enquête, drame familial et témoignage historique, Emil Ferris tisse un lien infiniment personnel entre un expressionnisme féroce, les hachures d’un Crumb et l’univers de Maurice Sendak (Max et les maximonstres).
Frères amis, frères ennemis
Frédérick Lavoie
Jasmin Lavoie
Somme Toute
Deux frères du Saguenay, qui pratiquent tous deux le métier de journaliste. Le plus vieux est à Bombay, en Inde, lorsque son cadet entre en poste à Islamabad, au Pakistan, pays voisin fondé en 1947, lors de la Partition des Indes. Deux pays ennemis, donc, qui s’échangent des injures par la bouche de leurs canons. Les frères, eux, s’échangent des lettres pendant un an. Trente-cinq lettres au total. Si la fraternité permet de franchir des frontières hautement militarisées, elle rend aussi visibles d’autres fractures, concrètes, entre ce sous-continent asiatique et nos contrées riches, dont la liberté paraît relever de l’utopie pour cette population de plus d’un milliard et demi d’habitants. De Frédérick Lavoie, journaliste indépendant et écrivain, on connaissait déjà Allers simples: aventures journalistiques en Post-Soviétie, Ukraine à fragmentation et Avant l’après: voyages à Cuba avec George Orwell. On le retrouve ici avec son frère Jasmin, qui, après des études en sciences politiques et trois années de travail à La Presse, part à Londres pour faire une maîtrise en journalisme d’enquête. Lui aussi attiré par le vaste monde, il obtient ensuite un visa lui permettant de devenir correspondant pour France 24 à Islamabad, à l’automne 2016. La table est ainsi mise pour un échange épistolaire au style alerte et personnel, où, pendant un an, l’amour des gens se mêle au sentiment de révolte; à l’admiration du courage d’hommes et de femmes qui osent se dresser devant l’injustice; au questionnement suscité par l’image de soi que nous renvoie le miroir de l’autre; au souci pour le frère et les dangers qui le guettent parfois, quand il s’aventure dans des contrées particulièrement sulfureuses. Loin des images d’Épinal, les lettres que s’écrivent les frères Lavoie donnent d’abord des visages concrets à ces masses humaines et nous font connaître des lieux qui sont bien plus que des noms parfois difficiles à prononcer. Ni livre de géopolitique, ni carnet de voyage ou reportage journalistique, elles offrent un regard généreux mais sans complaisance sur un monde contrasté que nous connaissons très mal. L’attention que Frédérick et Jasmin Lavoie se portent l’un à l’autre trouve ainsi son prolongement dans un regard sur le monde qui va bien au-delà de l’Inde et du Pakistan.
Les Bleed
Dimitri Nasrallah
La Peuplade
Dimitri Nasrallah signe, avec Les Bleed, son troisième roman, après Blackbodying et Niko. Né à Beyrouth pendant la guerre civile, il vit à Montréal, où il enseigne la création littéraire.
Archives de la joie : Petit traité de métaphysique animale
Jean-François Beauchemin
Québec Amérique
C’est en songeant à la joie que j’éprouve lorsque je me retourne et que j’aperçois les quelques grandes constructions inébranlables de mon passé que j’ai écrit ce livre, qui n’est ni roman ni poésie, ni essai, ni journal ou récit autobiographique, mais, puisque les animaux y sont si présents, une sorte de bestiaire de la mémoire. On devrait cesser de répéter partout quʼil ne fait pas bon regarder en arrière, quʼil est impératif d’aller de l’avant, dʼavancer, toujours avancer. Je vais le dire carrément : je me suis tout de suite senti plus heureux quand jʼai commencé à aimer mon passé, à le fréquenter puis à sans cesse mʼy référer. […] C’est au fond ce que retracent les pages que voici. Une trajectoire, la courbe décrite par un objet en mouvement, une pierre lancée dans les vitres du temps et de la durée comme pour en laisser sortir quelque chose. Quoi au juste? Peut-être une certaine façon oubliée de voir le monde, et que les animaux, précisément, ont cherché à me remémorer.
Décoloniser le Canada : 50 ans de militantisme autochtone
Arthur Manuel
Grand chef Ron Derrickson
Écosociété
« Je ne souhaite pas célébrer un Canada qui vole nos terres. » Ainsi s’exprimait Arthur Manuel à la veille des célébrations du 150e anniversaire de la Confédération canadienne. Cette déclaration illustre bien le réveil autochtone actuel: il est temps d’en finir avec la nature coloniale de l’État canadien. Fruit d’une collaboration unique entre deux grands défenseurs des droits des Premières Nations, Décoloniser le Canada est d’abord le récit de près d’un demi-siècle de militantisme autochtone. Narré au «je», il retrace le parcours personnel et militant d’Arthur Manuel et dresse du même souffle le portrait du renouveau des mouvements de lutte autochtone au pays depuis les années 1970. De la Paix des Braves à la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, en passant par le rapatriement de la Constitution et les importants jugements de la Cour suprême, cet ouvrage revisite de grands pans de l’histoire canadienne récente. Pour Manuel, la reconnaissance des droits autochtones est le meilleur gage pour assurer la défense de nos territoires devant l’appétit vorace des intérêts privés qui cherchent à faire main basse sur nos ressources naturelles. Dans l’esprit du mouvement Idle No More, il invite aussi à en finir avec l’apathie et l’inaction qui ont caractérisé les relations entre le gouvernement fédéral et les Autochtones. Ce livre est un vibrant appel à la résistance, mais aussi un message d’ouverture invitant à bâtir des ponts entre les communautés autochtones et allochtones.
Quoi qu’en dise Justin Trudeau, le Canada est un pays colonial.
Anatomie de l’horreur
Stephen King
Albin Michel
« Nous nous réfugions dans des terreurs pour de faux afin d’éviter que les vraies nous terrassent, nous gèlent sur place et nous empêchent de mener notre vie quotidienne. » Stephen King
Depuis Carrie jusqu’à Sleeping beauties, Stephen King, l’écrivain à l’imagination débordante et à l’inégalable talent de conteur, a redéfini le genre de l’épouvante et du fantastique. Qui mieux que lui pouvait disséquer la structure, les origines, les influences de ce phénomène qui constitue la matière première de son oeuvre ?
Sur le ton d’une conversation effroyablement drôle et enrichissante, Stephen King nous révèle son monde secret – son enfance, ses premières terreurs, ses idoles… – et dessine les grandes lignes d’un univers fascinant qui fait partie de notre patrimoine, du Projet Blair Witchà L’Exorciste en passant les romans de Ray Bradbury ou de J.G. Ballard.
Un essai culte, couronné par le prix Hugo, le prix Locus et le grand prix de l’Imaginaire, dans une nouvelle édition revue et enrichie de deux préfaces inédites de Stephen King.
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