Le Centre Pierre-Charbonneau dans Hochelaga-Maisonneuve, une infrastructure vieillissante qui demandera des investissements majeurs dans les prochaines années. (Photo Centre Pierre-Charbonneau / Judo Québec).

SPORTS ET LOISIRS DANS MHM : COMMENT ASSURER L’OFFRE AVEC PEU D’ÉDIFICES ?

En décembre 2019, la fermeture éclair du YMCA Hochelaga-Maisonneuve laissait pantois les citoyens et les élus de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve. L’organisme communautaire invoquait alors que la bâtisse dans laquelle il logeait nécessitait des travaux de rénovation, et que le manque de financement à son projet de réfection des infrastructures, évalué à l’époque à 15 M$, le forçait à mettre la clé sous la porte. Retour sur ce dossier épineux.

L’arrondissement de MHM, qui est appelé à se densifier dans les prochaines années, devra rehausser son offre en sports et loisirs. Mais comment y parvenir dans un quartier où les espaces aménagés pour ce genre d’activités sont rares et tombent en désuétude?

Selon le maire de MHM, Pierre Lessard-Blais, ce départ « triste et unilatéral » du seul YMCA de l’est a porté un coup dur à l’offre d’activités sportives accessibles à tous dans l’arrondissement, d’ores et déjà plutôt mince. Aujourd’hui, MHM compte quatre piscines intérieures et trois arénas sur l’ensemble de son territoire, pour une population de plus de 140 000 résidents.

Récupérer des immeubles existants?

L’édifice du YMCA, situé au 4567, rue Hochelaga, était l’un des rares établissements à rassembler de nombreuses activités physiques et aquatiques sous un même toit dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve. L’immeuble a ensuite été adapté pour recevoir un centre de services pour les personnes sans-abris au début de la pandémie, et la question de l’offre en sports et loisirs à cet endroit a été mise de côté. « La pandémie a nécessité qu’on apporte un soutien accru aux personnes les plus vulnérables », rappelle le maire. Mais trois années après le début de la crise sanitaire, pourrait-on y espérer le retour d’un centre sportif?

Pour l’instant, il n’y a pas de date prévue pour mettre un terme aux activités d’hébergement des personnes en situation d’itinérance dans les anciens locaux du YMCA, indique le maire. Toutefois, ce dernier se dit « fortement préoccupé » par les enjeux de gouvernance au sein de l’organisme responsable des lieux, le CAP-CARE. Rappelons que plusieurs médias ont récemment rapporté un conflit au sein de la direction de l’organisme et que l’ancienne présidente du conseil d’administration a, dans les derniers jours, déposé une plainte auprès du Service de police de la Ville de Montréal pour détournement de fonds de la part de la direction de CARE Montréal.

Ne voulant pas s’avancer sur la possibilité que la mauvaise gestion des fonds publics par l’organisme puisse mettre fin à la collaboration entre MHM, la Ville et CARE Montréal, M. Lessard-Blais ajoute qu’il ne veut pas procéder à une fermeture « mal planifiée » de ressource en itinérance. La réappropriation des lieux par l’arrondissement n’est pas sur la table pour le moment.

L'Étape, un autre refuge géré par l'organisme CARe Montréal, situé sur la rue de Chambly.

L’église Sainte-Jeanne-D’Arc. (Photo: Emmanuel Delacour/EMM).

Ce ne serait cependant pas le cas pour un autre refuge établi dans l’église Sainte-Jeanne-D’Arc, elle aussi administrée par CARE Montréal. L’entente pour la création de 70 lits viendra bientôt à terme, dans les prochains mois, selon le maire.

Mais on est encore loin de la coupe aux lèvres pour ce qui est de la récupération des lieux par l’arrondissement, que ce soit pour des activités sportives ou quoi que ce soit d’autre. En effet, MHM aurait proposé au Diocèse de Montréal d’y déménager le centre communautaire Hochelaga, une proposition qui fut finalement rejetée. « On était prêts à investir plus de 7 M$ pour y installer des bureaux à très long terme, mais le Diocèse refuse parce qu’il veut vendre son église », affirme M. Lessard-Blais. Dans un courriel, le Diocèse de Montréal indique que l’Église Sainte-Jeanne-D’Arc fait partie des édifices en « recherche de vocation ».

Pas en mode construction

Mis devant le fait accompli de la fermeture d’espaces communautaires hébergés par le Diocèse et le Centre de services scolaire de Montréal (NDLR: voir notre texte au sujet de la fermeture des locaux du PEC-HM), le maire se dit impuissant, d’autant plus que son administration détient des « ressources financières limitées » pour assurer la revitalisation de son parc immobilier, sans parler de la création de nouveaux édifices publics. « On n’est pas en mode construction. Il faut être intelligent avec nos ressources. Notre budget d’immobilisations est fixé à 8,54 M$, année après année. Pour l’instant, on est en mode rénovation de nos infrastructures », insiste-t-il.

En attendant des montants venant de Québec pour pallier le manque de fonds, MHM compte sur de petits projets pour rehausser son offre en sports et loisirs. Cette stratégie passe par la rénovation des chalets de parcs, comprenant des espaces pouvant être utilisés gratuitement par les organismes. Les réalisations les plus récentes comprennent les chalets du parc Raymond-Préfontaine, un projet déjà complété, du parc Saint-Aloysius, partiellement complété et déjà accessible, et du parc Saint-Victor, en cours de réfection.

On mise aussi sur l’aménagement de rues ludiques, des endroits privilégiés pour le déroulement des activités de camp de jour. Par exemple, l’organisme Service des Loisirs Saint-Justin reçoit du financement de l’arrondissement pour l’organisation d’un camp de jour dont les activités se déroulent fréquemment dans la rue ludique Joffre, adjacente à l’organisme.

Enfin, le maire dit compter sur les initiatives créées durant la pandémie pour soutenir les organismes du milieu communautaire. « Cet automne, on a lancé notre nouveau programme de financement en loisir, qui est accompagné d’une augmentation de dépenses de 6,58 %. On a davantage d’argent octroyé aux organismes communautaires comparativement aux années précédentes », explique le maire. Un total de 18 organismes œuvrant dans les sports et loisirs sont actifs dans l’arrondissement.

Un second programme, « Loisirs en HLM », qui financera les organismes qui sont actifs dans le domaine des loisirs au sein des habitations à loyer modique, fait aussi partie de la stratégie de MHM.

Une ouverture de centres considérée, mais en partenariat seulement

Revenant sur la saga de la fermeture du YMCA Hochelaga-Maisonneuve, le président-directeur général des YMCA du Québec, Stéphane Vaillancourt, affirme qu’il s’agissait d’une décision « déchirante » et qu’il demeure ouvert à des négociations avec les arrondissements de l’est pour l’aménagement d’un nouveau centre dans le secteur.

Le refuge CAP CARE dans l'ancien édifice du YMCA HM. Photo : Emmanuel Delacour/EMM.

Le refuge CAP CARE dans l’ancien édifice du YMCA HM. (Photo : Emmanuel Delacour/EMM).

Toutefois, celui-ci croit que le retour d’un YMCA dans l’est serait seulement possible sous la forme d’un partenariat avec les arrondissements.

« L’édifice de l’ancien YMCA Hochelaga-Maisonneuve est fonctionnel, il a besoin de rénovations, mais il est fonctionnel, soutient le PDG. Les coûts pour maintenir une installation comme celle-là, avec gymnase et piscine, c’est tout simplement prohibitif pour un organisme communautaire de bienfaisance de prendre ça sur ses épaules uniquement. La seule façon que cela peut fonctionner, c’est avec des partenariats municipaux. C’est mon plus grand souhait de rétablir un centre sportif et communautaire dans l’est de Montréal. »

M. Vaillancourt donne en exemple le YMCA dans Cartierville, créé entièrement sur la base d’un partenariat. Le centre a pu profiter d’un financement provincial, municipal et d’arrondissement pour la construction du bâtiment, ainsi que d’une contribution annuelle donnée par Ahuntsic-Cartierville pour soutenir ses opérations. « En échange de ça, on offre des espaces du centre à divers organismes du quartier pour un usage selon les différentes plages horaires », explique M. Vaillancourt.