SNAP QUÉBEC REBOISE L’ÎLE SAINTE-THÉRÈSE
Durant les deux dernières semaines de septembre, l’île Sainte-Thérèse a pu profiter de la plantation de 10 500 arbres. Ce projet de reboisement s’inscrit dans une initiative lancée par la Société pour la nature et les parcs (SNAP) Québec il y a quatre ans. L’organisme, qui a planté 35 000 arbres sur l’île depuis, vise à atteindre l’ambitieux objectif de 100 000 arbres d’ici 2031.
Cette île de 540 hectares, ce qui représente environ 2 fois la superficie du parc du Mont-Royal, est un milieu naturel protégé, mais qui a été modifié par l’activité humaine principalement agricole. « Avant qu’elle ne devienne une seigneurie à la fin des années 1600, cette île était originellement boisée. Aujourd’hui, on cherche à lui rendre sa splendeur d’antan en favorisant une renaturation progressive et en lui faisant retrouver le plus possible son écosystème naturel », explique Véronique Bussières, directrice de la conservation bioculturelle chez SNAP Québec.
L’une des missions de la société est de s’assurer de la bonne gestion des aires protégées. « On veut aider à réduire les impacts humains sur cette île, qui est désormais destinée à devenir un parc et dont le statut reste encore à déterminer, l’objectif étant de redonner accès à l’endroit à la population de la région de l’est de Montréal principalement », rappelle Véronique Bussières.
Effectivement, Québec et les administrations municipales de Varennes, Repentigny et Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles (RDP–PAT) ont présenté le 19 février 2024 un plan directeur d’aménagement de l’île afin d’en faire éventuellement un grand parc.
Reboisement solidaire
Entre le 18 et le 29 septembre, les groupes de bénévoles de SNAP Québec ont pris la navette fluviale chaque matin pour se rendre sur les sites de plantation de l’île Sainte-Thérèse. Supervisés par l’organisme et Arbre-Évolution, une coopérative de solidarité spécialisée en reboisement social, les bénévoles ont commencé à creuser, trier et planter les différentes essences indigènes sélectionnées par la coop : des chênes, des érables et des épinettes.
Le travail des bénévoles est un pilier des actions de SNAP Québec. 345 personnes ont participé à l’édition de reboisement de cette année, ce qui inclut des groupes scolaires, des entreprises, des citoyens et des municipalités avoisinantes comme Varennes ainsi que des quartiers montréalais tels que RDP et PAT. « Planter aide à s’approprier l’espace et à créer un sentiment d’appartenance. Nous sommes heureux de faire connaître ce joyau naturel si proche de Montréal, mais encore bien méconnu. Beaucoup m’ont confié vouloir revenir pour profiter de la nature, s’y promener… », souligne Véronique Bussières.
Si la dizaine de résidents de l’île, qui disposent d’un droit d’occupation reconnu par la province, n’ont pas participé à la plantation, ils voient l’action de SNAP Québec d’un très bon oeil. « Ils apprécient fortement le reboisement et ont fait en sorte que la cohabitation soit bonne quand nous étions présents », rapporte-t-elle.
Cette quatrième édition du reboisement de l’île Sainte-Thérèse a bénéficié d’un budget de 300 000 $ de la part de Ressources naturelles Canada dans le cadre du programme de plantation de 2 milliards d’arbres lancé par le gouvernement et ayant comme but d’aider le Canada à dépasser son objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030.
Solidifier l’habitat naturel
Ce reboisement permettra « d’agrandir l’habitat naturel pour plusieurs espèces d’oiseaux et de solidifier les berges pour éviter l’érosion qui ronge l’île ces dernières années », déclare Véronique Bussières. L’île Sainte-Thérèse est effectivement un véritable sanctuaire pour la faune, notamment aviaire. Le Saint-Laurent fait d’elle un lieu de passage privilégié pour de nombreuses espèces. « C’est extrêmement important pour les oiseaux d’avoir des endroits où ils peuvent s’arrêter, nicher, se nourrir et se reposer. On retrouve également des insectes, qui vivent en étroite interdépendance avec les autres espèces et qui serviront notamment à nourrir les oiseaux, les rongeurs, les grenouilles, les couleuvres… L’île Sainte-Thérèse incarne un refuge essentiel pour la biodiversité locale », mentionne la directrice de la conservation bioculturelle.
Entre résultats et défis
Renaturer cette île du Saint-Laurent est un processus long et complexe. « On cherche à améliorer et optimiser nos techniques de reboisement d’année en année afin d’atteindre le plus haut taux de survie possible pour les arbres que nous plantons », explique Véronique Bussières.
En se basant sur les données des deux premières années, SNAP Québec a pu cibler les types de protection les plus efficaces et les espèces à protéger en priorité. « Nous ne pouvons malheureusement pas protéger tous les plants, pour des raisons de coûts et de compétition avec d’autres espèces, comme le framboisier, la verge d’or ou l’eupatoire. L’île abrite aussi le roseau commun, une plante exotique envahissante très agressive qui entre en compétition avec les arbres plantés, surtout dans la partie sud-est de l’île », illustre-t-elle.
Néanmoins, une nette augmentation du taux de survie a été enregistrée entre la première et la deuxième année du projet, d’après les rapports de l’ingénieur forestier qui s’occupe des suivis des plantations depuis la première édition. « Et nos observations préliminaires de cette année pour les arbres plantés en 2023 nous indiquent que la tendance se maintient », conclut fièrement la directrice de la conservation bioculturelle.