SECOND SOMMET DE L’EST ANNONCÉ : REGARD SUR LES ENGAGEMENTS DE LA PREMIÈRE ÉDITION
Véritable catalyseur d’initiatives de développement dans l’est de la métropole, le Sommet de l’Est de Montréal avait aussi pour objectif de transformer la perception de ce territoire, passant d’une image de secteur « délaissé » à celle d’espace à fort potentiel. La Chambre de commerce de l’Est de Montréal (CCEM) annonce qu’un deuxième Sommet se tiendra le 7 avril prochain au Stade olympique de Montréal, une occasion de « poursuivre la mobilisation et d’obtenir des engagements supplémentaires ». À la lumière de cette nouvelle, EST MÉDIA Montréal fait le bilan de l’évolution des projets présentés lors de la première édition.
Le Sommet de l’Est de novembre 2023 a réuni près de 800 participants, décideurs de la société civile, organisations, organismes communautaires et paliers gouvernementaux mobilisés autour d’une mission commune : s’engager à développer divers projets qui participeront à transformer durablement et revitaliser efficacement le territoire de l’est montréalais.
« Le Sommet de l’Est a été un moment charnière qui a vraiment permis de changer le narratif sur l’est de Montréal. Aujourd’hui, quand je parle aux gens, non seulement dans l’est, mais ailleurs, que ce soit au centre-ville de Montréal ou même à Québec, on le reconnaît maintenant comme un territoire avec un énorme potentiel de création et de revitalisation », explique Jean-Denis Charest, président-directeur général (PDG) de la CCEM.
La nouvelle édition de l’événement qui se tiendra en avril prochain sera une fois de plus coordonnée par la CCEM, avec l’appui des trois paliers gouvernementaux. « Ce deuxième Sommet permettra de maintenir l’attention et la mobilisation pour le chantier qui est la revitalisation de l’est de Montréal, qui doit se faire en continu. On doit garder le rythme et s’assurer que les projets se fassent sur le terrain, en collaboration avec les gouvernements et les organisations de la société civile », indique M.Charest.
Alors que ce second rassemblement prend forme, plusieurs projets annoncés lors de la première édition ont déjà été menés à terme. Cependant, certains engagements tardent encore à se concrétiser ou à être lancés.
De nombreux engagements respectés
M. Charest, qui précise faire « le suivi avec les différents gestionnaires de projets pour leur développement à court, moyen et long terme », assure que « la plupart des projets [annoncés] avancent très bien ».
« Le toit du Stade olympique, par exemple, qui a été annoncé dans la foulée du Sommet, avance rapidement. Pour l’hôtel dans le quartier olympique, les recherches se poursuivent et les personnes assignées avancent dans ce projet aussi », indique M. Charest.
Le PDG de la CCEM croit également que les annonces faites par les institutions d’enseignement permettront de « développer un pôle », notamment avec le lancement du Hall précommercial intégré (HPCI) de recherche et d’innovation en développement durable du Collège de Maisonneuve. « Il y a aussi Polytechnique qui s’est installée vis-à-vis du HPCI. On voit que des institutions d’enseignement se déplacent de plus en plus vers l’est. Et donc, ça, c’est très positif », ajoute-il.
Développement immobilier
En entrevue avec EST MÉDIA Montréal le mois dernier, la députée de Pointe-aux-Trembles et ministre responsable de la Solidarité sociale et de l’Action communautaire, Chantal Rouleau, s’est dite satisfaite de l’avancement du projet de la Société de mise en valeur de terrains dans l’Est de Montréal, une autre annonce qui a retenu l’attention lors du Sommet de l’Est.
« Les mises en place et les travaux de la Société de mise en valeur de terrains dans l’Est de Montréal ont lieu maintenant, confirme M. Charest. C’est sûr que c’est un chantier qui va demander encore plusieurs mois de travail, mais c’est en cours. La coquille administrative est mise en place et on est en train de faire le repérage. »
La Société de développement Angus (SDA) avait quant à elle annoncé trois projets phares en développement immobilier pendant l’événement, dont l’achat de terrains pour la création de logements à Saint-Michel, la mise en oeuvre de la Phase II au Technopôle Angus et la conversion en lieu culturel de l’église et du presbytère Saint-Enfant-Jésus situés au coeur du Vieux-Pointe-aux-Trembles.
Ce dernier projet, qui a reçu un soutien financier de 2,8 M$ du gouvernement du Québec, est actuellement en cours de développement.
L’acquisition du complexe immobilier Domaine La Rousselière par la Corporation Mainbourg et ses partenaires financiers, ayant permis de soustraire 720 logements répartis dans 8 immeubles du marché spéculatif, constitue un autre exemple d’engagement annoncé et concrétisé.
« Sur la question du logement, le Sommet de l’Est a permis d’attirer les yeux de plusieurs investisseurs et je m’attends à ce qu’il y ait des projets de logements supplémentaires qui se déroulent. Et la ligne bleue, c’est une opportunité incroyable, donc je m’attends aussi à ce qu’il y ait des potentialités de logements et de création de milieux de vie autour de ce projet-là. Et ça, c’est en train de se faire », indique le PDG de la CCEM.
Espaces verts et financements
Le projet du Grand parc de l’Est, « un grand parc régional d’une superficie de près de 700 hectares » annoncé lors du sommet, est également sur la bonne voie, selon M. Charest. EST MÉDIA Montréal rapportait d’ailleurs en septembre dernier que la Ville de Montréal visait l’achat d’un terrain situé dans Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles (RDP–PAT) pour un montant de 6 M$.
Jean-Denis Charest souligne également le rôle majeur des engagements politiques et des financements annoncés lors de l’événement de l’année dernière. « Au Sommet de l’Est, il y a eu les 30 M$ annoncé par Développement économique Canada pour investir dans des entreprises qui auront des retombées économiques pour l’est. On pense aussi aux 8 M$ qui avaient été investis par le gouvernement fédéral pour acheter des terrains verts ou protéger des zones vertes. Éventuellement, ça leur a permis de faire une acquisition pour créer une zone tampon entre les citoyens et Ray-Mont-Logistiques. »
D’autres projets qui tardent
Malgré des avancées notables pour plusieurs engagements annoncés, certains dossiers connaissent une progression plus lente, note Jean-Denis Charest.
Il pointe notamment du doigt l’important projet d’agrandissement et de modernisation de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR), qui comprend entre autres l’aménagement d’un nouveau pavillon d’une capacité de 720 lits en chambre individuelle et d’un vaste stationnement souterrain. « On a hâte qu’on active le dossier de la modernisation et de la rénovation de l’HMR. Je pense que c’est vraiment le temps qu’on appuie sur l’accélérateur », illustre-t-il.
En entrevue avec notre équipe à la fin octobre, Jean-François Fortin-Verreault, PDG du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, avait quant à lui mentionné être convaincu que le projet annoncé sera bel et bien construit tel que prévu, et ce, « dans un échéancier normal pour ce genre de chantier majeur ».
Le collecteur d’égout de Montréal-Est
Le projet de réfection du collecteur d’égout de Montréal-Est, dont le coût du chantier s’élevait à 80 M$, devait permettre « le raccordement éventuel des futures infrastructures desservant les friches industrielles ». À ce jour, aucun chantier n’a débuté. « La Ville de Montréal s’est engagée à lancer un appel d’offres pour réaliser le collecteur d’égout dans Montréal-Est. Ce n’est toujours pas lancé, et là, je pense qu’on va devoir commencer à accélérer parce que cette infrastructure-là est absolument essentielle », martèle M. Charest.
Contactée par EST MÉDIA Montréal concernant l’avancement de ce dossier, la Ville de Montréal-Est a indiqué par courriel qu’il s’agissait « d’un projet piloté par le Service de l’eau de l’agglomération de Montréal. Les plans et devis seront révisés à l’automne 2025 et l’appel d’offres sera lancé en janvier 2026. »
Le Projet structurant de l’Est
Le très débattu Projet structurant de l’Est (PSE), qui suscite de nombreuses réactions et fait l’objet de multiples propositions d’organismes et d’experts, se fait toujours attendre. « L’ancien ministre Pierre Fitzgibbon nous avait dit qu’on allait avoir des nouvelles très avancées sur le projet structurant en transport collectif quelques mois après le Sommet. Là, force est de constater qu’on est un an après, et que ça n’a pas beaucoup bougé », soulève Jean-Denis Charest.
Le plus récent scénario du PSE présenté par l’ARTM serait actuellement à l’étude du côté du gouvernement du Québec, qui doit « préciser ses intentions » face à ce dernier, avait notamment indiqué la mairesse de Montréal, Valérie Plante, en octobre dernier.
Le Carrefour d’innovation bioalimentaire de l’Est
L’important projet du Carrefour d’innovation bioalimentaire de l’Est (CIB), annoncé conjointement lors du Sommet par la ministre Chantal Rouleau, Soraya Martinez Ferrada, ministre fédérale du Tourisme et responsable de Développement économique Canada pour les régions du Québec, ainsi que Luc Rabouin, responsable du développement économique à la Ville de Montréal, allait bénéficier d’un financement total de 900 000 $, réparti entre les 3 paliers gouvernementaux.
Depuis son annonce, le projet soutenu par le Collège de Maisonneuve, la Cuisine Collective Hochelaga-Maisonneuve et PME MTL Centre-Est a peu fait parler de lui. Selon un bilan transmis à EST MÉDIA Montréal par PME MTL Centre-Est, le CIB, incorporé en 2024, serait actuellement « bien positionné pour répondre aux besoins des organismes communautaires, des entreprises d’économie sociale et des petites entreprises en émergence ».
L’agence de développement économique affirme que dans les prochains mois, « plusieurs étapes stratégiques sont prévues pour consolider cette dynamique, notamment le recrutement d’une coordination, la mise en place des infrastructures nécessaires aux opérations de mise à l’échelle et le déploiement au 5600 Hochelaga».
« Au cours de la dernière année, et après avoir annoncé le financement du Carrefour d’innovation bioalimentaire de l’Est, les bailleurs des deux autres paliers de gouvernement et moi avons déterminé tous les paramètres pour faire atterrir les fonds. Cette démarche est aujourd’hui terminée et nous sommes heureux d’annoncer que nos partenaires peuvent maintenant se concentrer sur le démarrage des activités afin de soutenir les organismes communautaires, les entreprises d’économie sociale et les jeunes PME dans l’implantation de pratiques innovantes», déclare la ministre Chantal Rouleau.
L’acquisition des terrains d’Esso
Maintenant créée, la Société de mise en valeur des terrains dans l’Est de Montréal, dotée d’un fonds de 100 M$ injecté par Investissement Québec, a pour objectif « d’acquérir des terrains qui pourront par la suite être décontaminés et remis sur le marché le plus rapidement possible », rappelle M. Charest.
« Il y a les terrains d’Esso, bien entendu, mais il y a aussi d’autres terrains. Maintenant, ce sont des projets qui s’échelonnent sur plus longtemps que seulement 12 mois. Mais la bonne nouvelle, c’est que moi, actuellement, je suis rassuré que le travail se fasse », partage-t-il.
Peu de détails ont jusqu’ici été donnés quant à l’avancement du dossier concernant l’achat par le gouvernement du Québec d’une partie des terrains en friche contaminés de la pétrolière Esso, une transaction qui a notamment pour but de protéger le secteur d’un développement défavorable pour le territoire.
Qu’elles mettent un certain temps à se réaliser ou qu’elles soient déjà en cours, « les opportunités se multiplient actuellement dans l’est de Montréal », résume Jean-Denis Charest. « Et si les pouvoirs publics peuvent tenir parole et mettre de l’avant les projets structurants, que ce soit en transport ou au niveau des infrastructures stratégiques, l’avenir sera radieux pour l’est », conclut-il.