LA SDA ET LE MOSA MISENT SUR L’INNOVATION SOCIALE
Jeudi dernier, le Mouvement des Organismes Solidaires d’Angus (MOSA) a tenu un déjeuner-rencontre pour présenter les grandes orientations en matière d’innovation sociale ainsi que les projets à venir de la Société de développement Angus (SDA).
Avec des kiosques représentant les entreprises d’économie sociale et les organismes communautaires du Technopôle Angus, membres du MOSA, l’événement a pris des airs de fête de quartier, où certaines entreprises se rencontraient peut-être pour la première fois.
D’entrée de jeu, l’animatrice Mai Lan Nguyen Duy, coordinatrice du Campus de la Collaboration pour l’entreprise d’économie sociale et firme en rôle-conseil Dynamo, a souligné le fait que l’innovation sociale représentait « le moteur d’une nouvelle économie plus juste, sur un magnifique terrain de jeu qu’est le Technopôle Angus, pour créer un monde meilleur un quartier à la fois ».
Lors de son allocution, Christian Yaccarini, président et chef de la direction de la SDA, a mis l’accent sur l’approche collaborative entre des entreprises évoluant, à première vue, dans des secteurs différents. Pour ce dernier, le succès de l’innovation passe par un mélange de mixité et de proximité entre des entreprises privées et des organismes à but non lucratif (OBNL). « L’avenir, c’est l’économie plurielle, pas le privé d’un côté et le social de l’autre », a-t-il illustré.
En entrevue avec EST MÉDIA Montréal, M. Yaccarini s’est rappelé les balbutiements de l’idée même qu’est celle de l’innovation sociale. « Ça s’est développé d’abord dans les universités en termes de concept. Au début, même moi, j’étais un peu sceptique. On ne se lève pas un matin pour faire de l’innovation sociale! On veut essayer de résoudre des problèmes. Et tout d’un coup, on s’aperçoit que le mode de résolution a amené une innovation sociale. » Ce modèle permet aussi « d’explorer des nouvelles avenues, de tester des nouveaux projets, de créer des nouveaux partenariats », explique-t-il.
Des panélistes d’horizons différents
Parmi les panélistes invités, on retrouvait France Brochu, directrice générale de Dynamo, qui a fait sourire l’audience en évoquant le concept de « vallée de la mort » qu’elle définit en ces termes : « Beaucoup de bonnes idées qui sont tombées dans la vallée de la mort par manque de collaboration. »
Pour Mme Brochu, une organisation comme la SDA peut éviter cet écueil. « Quand on a les infrastructures comme Angus, ça permet à des projets de ne pas tomber dans la vallée de la mort. Ça prend des créatifs, qui vont penser en dehors de la boîte, qui vont se dire qu’il y a une autre façon de le faire. Si l’idée est si importante, on va trouver le moyen. »
Au cours de sa participation au panel, Claude Auchu, associé et chef de la direction à l’agence créative LG2, s’est souvenu qu’avant d’installer ses bureaux à Angus, d’autres joueurs du milieu de la publicité ont tenté de le décourager. « On nous disait que les clients ne viendraient jamais nous voir », relate-t-il.
Claude Auchu s’est aussi montré critique à l’égard de sa propre industrie, soit celle de la publicité. « Le secteur de la publicité fait partie du problème de surconsommation des dernières années. Faire des choix éthiques pour mieux influencer les consommateurs, ce n’est pas une mission, c’est un devoir! », croit l’associé et chef de la direction de LG2.
En entrevue, M. Auchu a précisé les principes de cette philosophie : « Pour vivre ces valeurs-là, il faut que tu sois propriétaire d’une entreprise et il faut que tu sois local. Quand tu appartiens à des « holdings » asiatiques, américains, eux, ce n’est pas ça qui les intéresse, c’est le profit au trimestre. Nous, on préfère contribuer à l’économie locale. »
Les projets rêvés pour l’avenir d’Angus
Avant la conclusion de la discussion, les panélistes ont été interrogés sur les collaborations qu’ils souhaiteraient voir se concrétiser dans Angus. Marc Picard, directeur général de la Caisse d’économie solidaire Desjardins, a penché en faveur « d’un volet culturel » pour le quartier. Claude Auchu a abondé en ce sens : « Le volet créatif serait un atout intéressant, comme par exemple des artistes en résidence, des ateliers de création. »
En terminant, M. Yaccarini était fier de répondre en entrevue qu’« on essaie de relocaliser la Maison Théâtre, qui est dans Ville-Marie, sur Angus. On est en discussion avec Québec et Ottawa. Ça prend du financement public. Ça serait vraiment formidable d’avoir La Maison Théâtre, non seulement pour Angus, mais pour le territoire de l’est de Montréal. »