Le député de Rosemont, Vincent Marissal, devient porte-parole de QS en matière de santé (Courtoisie)

LA SANTÉ POUR VINCENT MARISSAL

Il le reconnaît d’emblée; on l’a effectivement vu et entendu plus souvent dans l’est de Montréal ces derniers mois. Tout particulièrement avec sa croisade exigeant du gouvernement Legault l’annonce officielle de la construction du nouvel Hôpital Maisonneuve-Rosemont. Pour Vincent Marissal, député solidaire de Rosemont, le temps est à l’urgence pour qu’un échéancier de construction soit enfin établi, engageant Québec à passer à l’action. « D’avoir réussi à former une coalition tout de même assez impressionnante, non partisane, pour réclamer un échéancier formel pour la construction du nouvel hôpital, je peux dire que je suis assez fier de cela. C’est un projet de 10 ans et de 4 milliards de dollars. Il n’y a rien à gagner d’attendre. HMR est un hôpital dans un état de vétusté tel qu’il est dangereux. On l’a bien vu l’an dernier; plusieurs personnes sont entrées là pour des problèmes mineurs et en sont sorties les pieds devant à cause de la COVID. Cet hôpital n’est pas sain, ni pour les patients ni pour les employés. Et chaque année qu’on attend, on parle évidemment de coûts plus élevés, probablement de l’ordre de 10 à 15 % », affirme le député.

En entrevue la semaine dernière, question de faire le point sur sa dernière année politique, Vincent Marissal profitera du moment pour annoncer d’entrée de jeu qu’il prendra dès la prochaine session parlementaire l’important dossier de la santé chez Québec Solidaire, laissant ainsi à quelqu’un d’autre le vaste volet de l’économie et des finances, dont il était le porte-parole du deuxième groupe d’opposition depuis trois ans déjà. Un changement qui est le bienvenu, dit-il, ajoutant qu’il a le sentiment du travail accompli, même s’il ne se qualifiait pas personnellement de « spécialiste » en la matière. « Je pense que la santé est un domaine qui est plus près de moi, un secteur en fait que j’ai couvert pendant toute ma carrière journalistique. Je connais beaucoup de gens qui gravitent en santé, je suis très à l’aise de plonger dans ces dossiers. En même temps, ça va me permettre de faire encore plus de terrain dans l’est de Montréal avec tout ce qui se passe entre autres avec Maisonneuve-Rosemont, Santa Cabrini, la piètre gestion du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, et la prochaine zone d’innovation en santé qui s’annonce », soutient Vincent Marissal.

Le député est visiblement déjà d’attaque pour entreprendre ses nouvelles fonctions puisqu’il reviendra constamment sur les dossiers de la santé dans l’est de Montréal au cours de l’entrevue d’une cinquantaine de minutes. Parlant du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, dont il a durement dénoncé il y a quelques semaines « la piètre gestion » de l’institution, il est d’avis que la direction actuelle est constamment à éteindre des feux au lieu de trouver des solutions pour palier à d’importants problèmes. « Tu sais que ça ne va pas bien dans une organisation quand il y a des gens de l’interne qui appellent pour couler de l’information. On sent très bien que c’est hermétique là-bas, que la bureaucratie est très lourde, qu’il y a trop de chefs pour le nombre d’indiens », dit-il. Selon lui, le grave problème de recrutement et de rétention de personnel dans le réseau de la santé sur le territoire, particulièrement à Maisonneuve-Rosemont et Santa Cabrini, résulte en partie de cette gestion déficiente. « Il va falloir que le gouvernement se penche sérieusement sur ce qui se passe, ou ce qui ne se passe pas justement au CIUSSS, parce que ça ne va pas du tout en ce moment. Le réseau de la santé dans l’est a fortement régressé depuis deux ou trois ans », ajoute le député.

À nouveau sur le dossier de la construction de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, le nouveau porte-parole de QS en matière de santé espère que l’échéancier des travaux sera connu au cours des prochains mois, sinon « le cirque risque de recommencer avec un show de boucane en période d’élection… et les gens de l’est vont encore attendre pour leur nouvel hôpital, alors que Maisonneuve-Rosemont, c’est une honte hallucinante, inimaginable. Ce n’est pas pour rien que la coalition qui demande une annonce officielle attire autant de gens influents de tous horizons comme Louise Harel, Nicole Léger, de la famille péquiste, Christian Yaccarini, de la Société de développement Angus, les députés Alexandre Boulerice et Paule Robitaille, le docteur Marquis, le comité des usagers de l’hôpital, entre autres. » Il affirme également ne pas comprendre comment le gouvernement caquiste peut brandir constamment à bout de bras sa déclaration conjointe pour la revitalisation de l’est, signée de concert avec la mairesse de Montréal il y a trois ans, « et hésiter à s’investir dans un dossier aussi urgent et vital que celui de la reconstruction de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont. » À noter que certaines rumeurs circulent depuis quelques semaines sur un nouvel emplacement possible de l’hôpital, la plus persistante fixant les grues au coin du boulevard de l’Assomption et de la rue Hochelaga. Un dossier à suivre donc.

La reconstruction de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont est le dossier prioritaire dans le carnet du député de Québec solidaire, Vincent Marissal. Photo : archives EMM.

Finalement, toujours dans le dossier de la santé, Vincent Marissal voit d’un bon œil tout le travail qui se fait actuellement pour faire aboutir dans l’est une zone d’innovation en santé, un souhait maintes fois exprimé par la ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal, et députée de Pointe-aux-Trembles, Chantal Rouleau. Un dossier également porté par le président et chef de la direction de la Société de développement Angus, Christian Yaccarini. « Il y a beaucoup de bon dans ce grand projet pour l’est de Montréal. On parle d’investissements majeurs et de nouvelles infrastructures qui abriteraient par exemple des laboratoires, du pharmaceutique, de la chimie verte, qui impliqueraient des universités, etc. C’est définitivement un dossier à suivre dans les prochains mois pour l’est de Montréal, j’aurai un œil très attentif là-dessus », avance l’ex-journaliste de La Presse.

… et les écoles

Celui qui a délogé l’ex-chef du Parti Québécois de la circonscription de Rosemont (Jean-François Lisée), milite aussi activement depuis le début de sa nouvelle carrière de politicien pour l’amélioration des infrastructures scolaires dans son comté, qu’il habite toujours. Les dernières nouvelles ne sont pas nécessairement bonnes à ce sujet, explique-t-il. « Le ministère et le Centre de services scolaire de Montréal, par un tour de passe passe inimaginable, ont réussi à nous dire qu’on était en surplus de classes dans Rosemont, alors que ce n’est tellement pas le cas dans la réalité. En changeant l’indice de défavorisation, on augmente, souvent assez considérablement, le nombre d’élèves par classe. Ça fait que si tu mets 30 élèves au lieu de 22 dans une classe, c’est sûr que ça change la donne, et c’est qu’on fait subir au réseau dans Rosemont. Je suis d’accord que le quartier s’est quelque peu embourgeoisé ces dernières années, mais de là à passer d’un manque énorme de classes à un surplus, c’est complètement nier ce qui se passe sur le terrain. »

Ainsi, des projets de nouvelles écoles, comme dans le quartier Angus par exemple, sont abandonnés. « Tout le monde le sait, tous les gens du coin le voient bien, le secteur est en plein boom de construction avec plein de nouvelles familles qui arrivent. Il va y avoir un manque d’écoles très bientôt, et là il n’y aura plus de terrain. La SDA offrait une super belle opportunité, alors que maintenant il y aura un autre projet sur cette partie du terrain qui était réservé par la SDA. Très décevant pour les gens de ce secteur », affirme Vincent Marissal. Un autre projet d’école qu’il aimerait voir aboutir est celui de l’école des métiers de l’horticulture, qui pourrait être construite sur le terrain du Jardin botanique selon des plans du CSSM, un dossier qui est tabletté depuis plusieurs années dit-il mais qui mériterait que l’on relance avec vigueur. « Il y a des besoins pour une vraie école dans ce secteur d’activité, la Ville semble vouloir collaborer avec le Jardin botanique, on parle de revitalisation de l’est, d’amener du savoir dans l’est, alors qu’est-ce qu’on attend pour bouger? », se demande le député.

Par ailleurs, Vincent Marissal dit déplorer vivement le manque de communication que son équipe et lui subissent avec la direction du nouveau Centre de services scolaire de Montréal, qui a succédé à la Commission scolaire de Montréal. « C’est rendu comme les CIUSSS, une immense machine complètement fermée. Ils ne répondent pas à mes demandes, mes attachés politiques sont obligés de faire 12 appels pour parler à quelqu’un et c’est quand on menace de parler aux médias que ça finit par bouger. Ils n’ont pas de compte à rendre à personne. Au moins, quand il y avait des commissaires scolaires, on les côtoyait aux tables d’élus, on savait ce qui allait et n’allait pas, on avait un dialogue. Maintenant, rien. On est loin de la promesse d’une plus grande proximité avec la population », clame-t-il.

Deux autres dossiers mériteront l’attention spéciale du député de Rosemont au courant de la prochaine année dans l’est de Montréal. Le REM de l’est, « très préoccupant dans sa forme actuelle dans le sud-est », et la crise du logement, conclut-il.