SANTÉ DANS L’EST : PLUSIEURS CHANTIERS DOIVENT SE CONCRÉTISER SELON MARISSAL
Le chantier de la modernisation de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) sera-t-il lancé comme prévu cet automne? Le député de Rosemont et porte-parole de Québec solidaire en matière de santé, Vincent Marissal, émet des doutes quant à l’avancement du projet, ainsi que sur d’autres dossiers en cours dans l’est.
Selon l’élu rosemontois, tant qu’un échéancier précis et une enveloppe concrète n’auront pas été présentés, le projet de rénovation et d’agrandissement de HMR risque de demeurer sur la table à dessin. En septembre dernier, le ministre de la Santé, Christian Dubé, avait annoncé que les travaux se feraient en une phase et dureraient de « huit à dix ans ». Un budget « d’environ 2 milliards de dollars » est prévu, mais pourrait passer du « simple au double », si sont inclus le coût des équipements médicaux et les provisions pour les imprévus, avait alors indiqué le ministre de la Santé.
En effet, selon les dernières informations rendues publiques par le gouvernement, la modernisation de HMR est toujours au programme. D’après la liste des appels d’offres à venir, publiée au printemps 2024 par la Société québécoise des infrastructures (SQI), on prévoit lancer les appels d’offres pour la modernisation de HMR au troisième trimestre de 2024, soit entre juillet et septembre prochains. Le début des travaux est quant à lui envisagé au quatrième trimestre de cette année, soit entre octobre et décembre.
En outre, un appel d’offres a été lancé par la SQI en mai dernier pour des « services professionnels en ingénierie des sols et matériaux pour la modernisation de l’HMR ». Le contrat concerne le pavillon de soins critiques et d’autres composantes, selon les documents consultés par EST MÉDIA Montréal. De plus, le projet est inscrit au Plan québécois des infrastructures 2024-2034.
Mais le porte-parole de la deuxième opposition en santé croit qu’un lancement du chantier pourrait être difficile considérant la pénurie de main-d’œuvre en construction et la lourdeur administrative associée à ce type de grand projet. « Il ne faudrait pas que ce projet tombe en zone préélectorale en 2026, parce qu’ensuite, ça pourrait être reporté d’un, deux ou trois ans encore », redoute M. Marissal.
D’autant plus que le CIUSSS de l’Est-de-l’île-de-Montréal serait toujours à la recherche d’un site pour y aménager un stationnement temporaire pour les employés de HMR, selon le député de Rosemont. En effet, puisque l’actuel stationnement sera le lieu de l’agrandissement de l’hôpital, il faudra accommoder des centaines d’employés voyageant en voiture.
On aurait considéré d’utiliser le stationnement du Stade olympique tout en incluant un service de navette par autobus pour emmener les employés de HMR vers leur lieu de travail, mais cette idée aurait été mise au rancard. L’alternative serait plutôt d’aménager un stationnement temporaire sur le champ de pratique du Golf municipal de Montréal, toujours selon le député solidaire.
Selon un courriel envoyé par le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal « il y a actuellement des travaux exploratoires ou des échantillons sont ponctionnés un peu partout dans le stationnement ou sera érigé le futur pavillon. Ces études sont habituellement faites pour documenter la surface et la matière. Ces travaux font en sorte qu’il y a quelques places de stationnement amputées pour quelques jours ».
« Comme mesure de mitigation pour ces travaux exploratoires, on a ouvert des espaces supplémentaires au stationnement du pavillon Rosemont », ajoute-t-on, sans confirmer si le dossier du stationnement de HMR était un frein à la construction de son agrandissement.
Une demande d’entrevue a été envoyée par EST MÉDIA Montréal au cabinet du ministre de la Santé, qui a préféré envoyer nos questions sur les échéanciers des travaux de HMR aux relations médias de la SQI. Au moment d’écrire ces lignes, celles-ci n’avaient pas envoyé les informations demandées.
Un deuxième chantier pour HMR?
Par ailleurs, la SQI a dans ses cartons un autre projet pour HMR, selon la liste d’appels d’offres émise au printemps. Une « plateforme clinico-logistique », dont la valeur estimée se situe entre 150 M$ et 500 M$, fera l’objet d’appels d’offres d’ici le quatrième trimestre de 2024. Le début des travaux est quant à lui projeté au deuxième trimestre de 2026, soit entre avril et juin.
La SQI et le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal n’ont pas été en mesure d’expliquer la nature de ce projet ni d’en confirmer les échéanciers au moment de mettre en ligne cet article.
Un retour de la Zone d’innovation en santé?
En ce qui concerne la Zone d’innovation en santé, morte au feuilleton à l’automne dernier, Vincent Marissal plaide pour que le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie (MEIE), aussi ministre responsable de la Métropole, Pierre Fitzgibbon, revienne sur sa décision.
« La Zone d’innovation permettait beaucoup d’espoir de recherche, parce que ça vient avec de l’argent, des budgets, un prestige. Ça vient aussi avec une garantie qu’on va continuer à financer toute l’infrastructure pour vendre les produits qu’on va distribuer, puis il y avait des ententes avec les universités aussi. (…) Je crois que ça prend un pôle attractif qui va se coller à l’HMR », insiste le député.
Selon lui, une nouvelle mouture de ce projet visant à rassembler dans l’est les forces vives en thérapie cellulaire et en génomique devrait être présentée bientôt par le ministre Fitzgibbon. Au cabinet du ministre du MEIE, on indique par courriel que « le projet de zone d’innovation en santé personnalisée déposé l’an dernier ne remplissait pas les exigences nécessaires pour être désigné parmi les Zones d’innovation Québec, notamment par le manque de financement provenant du privé ». « Les équipes du MEIE continuent d’accompagner les promoteurs afin de réaliser des projets d’innovation dans le secteur », a ajouté dans le même message Rosalie Tremblay-Cloutier, conseillère politique au cabinet de M. Fitzgibbon, sans confirmer si le projet de Zone d’innovation en santé serait relancé dans l’est de la métropole.
Hébergement à Sainte-Bibiane
Comme le mentionnait EST MÉDIA Montréal dans un précédent article, la possible acquisition de l’ancienne église Sainte-Bibiane par la Ville de Montréal a soulevé l’ire de plusieurs citoyens et commerçants. L’édifice à vocation religieuse situé au coin de la 12e avenue et de la rue Dandurand, qui est désormais fermé, sera possiblement reconverti pour accueillir un projet à vocation communautaire destiné aux personnes vulnérables. C’est un dossier qui « manque de transparence », selon le député solidaire, surtout pour les citoyens vivant à proximité de l’ancienne église.
Si ce dernier dit être en communication avec le ministre des Services sociaux, Lionel Carmant, et le responsable du dossier de l’itinérance à la Ville de Montréal, Robert Beaudry, puisque le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal est « le maître d’œuvre » du projet d’hébergement, peu d’informations sont pour l’instant disponibles à ce propos.
« Moi, j’ai l’habitude de parler avec les gens du CIUSSS de l’est. Je prends le téléphone et je peux parler directement avec son président-directeur général, Jean-François Fortin-Verreault, ce n’est pas un problème. Avec le CIUSSS du Centre-Sud, on doit passer par plein de canaux, et c’est plus difficile, souligne le député de Rosemont. Les citoyens veulent être consultés et ne doivent pas être mis devant le fait accompli. Ce serait terrible de ne pas faire ce centre d’hébergement, mais ce serait tout aussi terrible de mal le faire. »
L’élu de Québec solidaire prend en exemple la Maison Benoît Labre, dans le quartier Saint-Henri, un centre d’inhalation supervisé qui a fait couler beaucoup d’encre dès son ouverture au début de 2024. La proximité du centre avec une école primaire a soulevé de nombreux enjeux de cohabitation entre les résidents et les usagers.
Du côté du CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, on affirme que son rôle se limite pour l’instant à collaborer « avec la Ville pour financer l’acquisition de cet immeuble [église Sainte-Bibiane] ». Le conseiller aux relations médias de ce CIUSSS, Jean Nicolas Aubé, n’a toutefois par voulu commenter un dossier qui est en cours. Aussi, le CIUSSS ne serait pas gestionnaire du site d’hébergement, mais identifierait plutôt un organisme responsable de ses opérations.
À la Ville, si on ne nie pas le fait que le centre d’hébergement pourrait ouvrir ses portes aussi tôt qu’au début de 2025, on rappelle que l’évaluation de l’édifice est toujours en cours avant de pouvoir faire son acquisition éventuelle. « On est en processus de « due diligence » [vérifications nécessaires]. Dès que cette étape-là sera passée et que le réseau de la santé aura identifié un organisme pour opérer une ressource à cet endroit-là, à ce moment-là, on ira à la rencontre des citoyens. Mais ce n’est pas exclu qu’on fasse une consultation d’ici là, parce que l’on comprend bien les besoins, on entend ce que les gens nous disent », explique Simon Charron, attaché de presse au cabinet de la mairesse de Montréal. Ce dernier rappelle que des présentations ont été faites aux citoyens dans les derniers conseils d’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie.
Selon les informations fournies par M. Marissal, c’est un centre d’hébergement temporaire pouvant compter jusqu’à une quarantaine de lits qui serait envisagé dans l’ancienne église. Des services d’injection ou d’inhalation supervisés ne seraient pas inclus. La Ville n’a pour sa part pas confirmé cette information. Jean Nicolas Aubé a martelé que puisque l’acquisition de l’immeuble n’avait pas été complétée par la Ville « aucun projet » ne serait pour l’instant officiellement sur la table du CIUSSS.
À ce sujet, EST MÉDIA Montréal a envoyé une demande d’entrevue au cabinet du ministre des Services sociaux, Lionel Carmant, sans obtenir de réponse.
Fin des agences privées
Enfin, le député de Rosemont s’est dit inquiet de la mise en vigueur d’une interdiction pour les centres de santé de faire appel aux agences de placement privées pour le personnel de santé auxiliaire, notamment pour les infirmières, dans les centres hospitaliers. Cette nouvelle règle sera appliquée à compter du 24 octobre prochain à Montréal.
Appelé à réagir à ce propos, le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal n’a pas été en mesure de confirmer si un plan avait été mis en place quant à l’éventuelle pénurie de personnel hospitalier une fois la règle mise en vigueur.