20,1 % des résidents de Saint-Léonard ont 65 ans et plus, alors que 19,7 % sont des enfants de 0 à 14 ans.

SAINT-LÉONARD FACE À D’IMPORTANTS DÉFIS DÉMOGRAPHIQUES

Longtemps considéré comme la terre d’épanouissement de la communauté italienne montréalaise, entre autres, l’arrondissement de Saint-Léonard change toutefois tranquillement de visage. Bien d’autres communautés culturelles s’y installent, plusieurs familles y font leur nid et, malgré tout, un vieillissement clair de la population se fait sentir. Portrait d’un arrondissement où les élus n’ont d’autre choix que de s’adapter afin qu’il y fasse bon vivre, pour tous.

Au creux de Montréal-Nord, de Rosemont−La Petite-Patrie, d’Anjou et de Villeray−St-Michel−Parc-Extension, évolue l’arrondissement de Saint-Léonard. En 2016, lors du dernier recensement, ses 78 305 habitants se partageaient les 13,5 km² du territoire. Provenant pour la majorité d’Italie, d’Algérie, d’Haïti, du Maroc ou du Viet Nam, les immigrants représentent ici près de 50 % de la population. Et la moitié d’entre eux sont considérés comme immigrants de première génération. Si plusieurs familles décident de s’établir à Saint-Léonard, c’est surtout le vieillissement de la population qui retient l’attention, à l’instar d’autres arrondissements limitrophes. Entre 2001 et 2016, les 55 ans et plus sont passés de 28,7 % à 30,5 %. On remarque une hausse semblable de 2 % dans Villeray−St-Michel−Parc-Extension (24,2 %) et dans Montréal-Nord (31,4 %). Du côté d’Anjou, cette augmentation est même de 6 %, faisant passer à 36,1 le pourcentage de personnes âgées. En comparaison, à Rosemont−La Petite-Patrie (26,5 %), la hausse du vieillissement de la population n’est que de 0,6 % depuis 2001. Cette situation dans l’est préoccupe non seulement les élus, mais également le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal. Les services de soins de santé du territoire doivent donc tenir compte de cette nouvelle réalité dans leur planification des prochaines années. 

Élu pour la première fois en 2008, puis de nouveau en 2009, en 2013 et en 2017, le maire de Saint-Léonard, Michel Bissonnet, connaît bien son arrondissement. « Avant mon élection, j’ai servi les Léonardoises et les Léonardois à titre de député provincial pendant 27 ans, soit de 1981 à 2008 », ajoute-t-il. Durant cette période, il a occupé diverses fonctions, notamment celle de président de l’Assemblée nationale pendant cinq ans. Sans oublier son statut de maire, au tournant des années 1980, lorsque l’arrondissement était encore une ville à part entière. Michel Bissonnet constate, lui aussi, l’évolution de la composition de la population léonardoise au fil du temps. « Les résultats de ce recensement démontrent que l’arrondissement possède certes une très grande proportion d’aînés de 65 ans et plus, soit 20,1 %, mais aussi une très grande proportion d’enfants de 0 à 14 ans, soit 19,7 % », note-t-il.

Michel Bissonnet, maire de l’arrondissement de Saint-Léonard (photo courtoisie).

Planifier en quatre temps

Activités, accessibilité, communication : faire cohabiter harmonieusement rajeunissement et vieillissement de la population amène son lot de défis, que ce soit à Saint-Léonard ou ailleurs. L’arrondissement a donc fait le choix de rester ancré sur le terrain, en prenant régulièrement le pouls de ses habitants. Il a donc adopté, coup sur coup, le Plan d’action local Municipalité amie des aînés en 2014, le Plan d’action local en accessibilité universelle en 2015, le plan stratégique Saint-Léonard 2030 en 2018 et, finalement, le Plan d’action enfants et familles de Saint-Léonard en 2019. Il s’agissait chaque fois de consulter les citoyens en amont de façon à mettre en place, par la suite, différentes actions.

D’abord, une Municipalité amie des aînés vise à offrir aux personnes âgées un milieu de vie plus agréable, convivial, accessible et sécuritaire. C’est à la suite de l’adoption de ce plan que l’arrondissement a favorisé la mise en place de cliniques numériques à la bibliothèque, la sécurisation des traverses piétonnes ou encore l’organisation de conférences et d’ateliers adaptés aux intérêts des aînés à la bibliothèque, par exemple.

L’arrondissement de Saint-Léonard, comme plusieurs autres pour ne pas dire tous, était en retard en ce qui concerne l’accessibilité de ses équipements et services, peu importe la limitation fonctionnelle, ce qui incluait autant les personnes à mobilité réduite que les parents avec des poussettes. Les élus municipaux se sont donc donné deux ans pour réaliser certaines actions, telles que la mise aux normes de plusieurs installations municipales, de documents écrits et de la signalisation; l’acquisition de livres audio et en gros caractères à la bibliothèque; tout comme l’aménagement de halte-familles dans des lieux stratégiques.

« Bien que la réalisation de ces deux plans soit maintenant terminée, explique Michel Bissonnet, nous poursuivons nos engagements envers les aînés et l’accessibilité universelle. En 2018, afin de doter l’arrondissement d’une vision cohérente pour les 10 prochaines années, nous avons adopté notre plan stratégique Saint-Léonard 2030. » L’arrondissement s’est alors assuré de sonder les différents groupes de sa population, ce qui lui a permis de cerner particulièrement trois défis, soit réussir à jongler avec : un indice de défavorisation parmi les plus élevés de Montréal; une cohésion sociale, culturelle et intergénérationnelle dans un contexte de forte mixité; et des facteurs de vulnérabilité chez les jeunes comme chez les aînés. Voilà pourquoi l’arrondissement se donne jusqu’en 2030 pour, par exemple, adapter son offre d’activités et de services aux besoins émergents, inclure les citoyens de toutes les origines et de tous les âges à la communauté léonardoise et réviser les règles urbanistiques de manière à favoriser une offre d’habitation plus alignée avec les besoins. « Ces actions et ces stratégies sont, pour la plupart, déjà entamées ou le seront prochainement », affirme le maire d’arrondissement.

Dans un quatrième temps, le Plan d’action enfants et familles 2020-2024, adopté dernièrement, vise l’obtention de l’accréditation Municipalité amie des enfants, l’aménagement d’un parc de planche à roulettes au parc Delorme ou encore l’installation, dans l’ensemble des parcs de l’arrondissement, de grandes tables de pique-nique pouvant accueillir jusqu’à 20 personnes, pour ne nommer que quelques-unes des actions prévues.

Regarder vers l’avenir

Encore plus récemment, soit en juin dernier, l’arrondissement a poursuivi la technique qui semble lui sied. Elle a convié les habitants à trois consultations citoyennes par visioconférence, une sur le développement durable et la mobilité, une sur la participation citoyenne et une dernière sur le logement social. « Nous considérons que nous sommes sur la bonne voie avec les services que nous offrons. Bien entendu, nous surveillerons la sortie des résultats du prochain recensement afin de mieux voir l’évolution de notre population depuis 2016 », ajoute Michel Bissonnet.

Le visage de Saint-Léonard change, mais les stratégies de l’arrondissement demeurent, quant à elles, les mêmes : rester sur le terrain et consulter sa population afin de s’adapter. « Je vais continuer à fréquenter les événements et les lieux où se trouve la population léonardoise, et à écouter les commentaires et les suggestions que l’on me fera », termine le maire.