
Vue de l’arrondissement de Saint-Léonard (Courtoisie)
15 octobre 2025Saint-Léonard : prévenir les inondations et améliorer la sécurité au sommet des priorités
Saint-Léonard est le théâtre d’une élection municipale différente des autres, en raison de ses candidats et de ses enjeux. Une rupture dans l’équipe sortante à l’arrondissement crée cette course singulière, qui se joue en premier lieu sur un enjeu lié aux changements climatiques : les inondations.
Le maire sortant, Michel Bissonnet, avait obtenu un quatrième mandat consécutif avec l’équipe d’Ensemble Montréal aux élections de 2021. Comme il part à la retraite, c’est le conseiller de la Ville pour le district de Saint-Léonard-Ouest, Dominic Perri, qui brigue la mairie pour le parti.
De son côté, la conseillère d’arrondissement Suzanne De Larochellière a choisi de quitter le navire d’Ensemble Montréal pour lancer son propre parti local : Équipe St-Léonard. Elle a par ailleurs reçu la bénédiction de M. Bissonnet, qui a supporté sa candidature à elle, et non celle de Perri, dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.
Aussi dans la course, Luckny Guerrier, qui porte l’étendard de Projet Montréal, promet d’insuffler un vent de renouveau à la mairie de cet arrondissement où l’on anticipe d’importants changements dans les prochaines années. Issue du monde des OBNL et des ONG, elle souhaite être une voix pour la diversité de Saint-Léonard.
Les inondations au cœur de l’élection
Dans les dernières années, certains secteurs de Saint-Léonard ont été inondés à répétition, souvent à la suite de pluies diluviennes. Les élus de l’arrondissement avaient en octobre 2024 adopté à l’unanimité une motion pour demander à la Ville de Montréal de planifier les sommes nécessaires pour mettre à niveau les infrastructures souterraines canalisant les eaux de pluie, en particulier le collecteur Langelier, situé sous le boulevard du même nom.
Pour M. Perri, il s’agit non seulement d’une priorité dans cette campagne électorale, mais il en fait un enjeu existentiel pour les Léonardois.

Dominic Perri, candidat à la mairie de Saint-Léonard pour Ensemble Montréal (Courtoisie Ville de Montréal)
« Depuis quatre ans, je présente le problème des inondations que nous avons à Saint-Léonard à la Ville de Montréal. Après des études faites par la Ville, nous savons où se trouvent les problèmes et comment les régler. (…) Mais au dernier conseil (de Ville) l’administration de Projet Montréal nous a indiqué qu’ils n’étaient pas prêts à investir pour régler le problème d’inondations », affirme M. Perri.
Ce dernier ajoute que la cheffe d’Ensemble Montréal, Soraya Martinez Ferrada, s’est engagée à rendre disponibles les montants nécessaires à l’agrandissement du collecteur dès 2026. Le projet du collecteur Langelier prévoit la construction de 4,8 km de conduites primaires et de 17 km de conduites secondaires (égouts locaux).
Ainsi, pour M. Perri, puisque seuls Ensemble Montréal et Projet Montréal sont les formations politiques à pouvoir remporter la majorité au conseil de Ville le 2 novembre prochain, il est primordial que sa formation l’emporte pour faire avancer ce dossier. « Les partis indépendants ne feront que diviser le vote », plaide-t-il.
Ce sont surtout les Léonardois qui habitent au nord du boulevard Lavoisier qui sont à risque d’inondations, ce qui représente environ 2 000 édifices résidentiels.
Mme De Larochellière, pour sa part, rétorque que les gros partis ont tendance « à mettre en sourdine » les enjeux locaux portés à l’attention des élus locaux. C’est pourquoi elle souhaite représenter une équipe à « 100 % Saint-Léonard ». « On veut mieux soutenir les citoyens. Ça inclut ceux qui font face aux inondations et qui ont des interventions à faire sur leur propriété, ou les voisins qui ont des situations qui leur créent des soucis. On parle, entre autres, des gouttières, et d’éviter des cours en béton », explique-t-elle.
Selon cette dernière, la réglementation existante à Saint-Léonard n’a pas mis l’emphase sur les mesures et l’aspect pratique de ces situations.
Mme Guerrier mise quant à elle sur la prévention afin de protéger les résidences et limiter les dégâts pour les propriétaires. « On a un programme dont le chef du parti (Luc Rabouin) a parlé. C’est RénoRésilience, qui permettra aux personnes touchées par les inondations de réparer les problèmes. C’est aussi un programme d’accompagnement afin de prévenir, parce que oui, c’est arrivé sur certaines rues, mais ça peut arriver ailleurs. Donc, on veut accompagner et prévenir », souligne la candidate de Projet Montréal.
Le parti a proposé en septembre dernier d’octroyer 5 M$ à ce nouveau programme. Si Mme Guerrier constate qu’il y a un travail qui n’a pas été fait pendant plusieurs années en matière de réfection des égouts dans l’arrondissement, elle reconnaît aussi que les programmes de subvention pour les propriétaires sont « des solutions à court terme ». La candidate n’a pas été en mesure de présenter la position de son parti concernant l’idée de remettre ou non à niveau le collecteur Langelier.
Néanmoins, dans son programme, Projet Montréal propose de doubler les investissements annuels pour les infrastructures résilientes, qui passeraient de 15 M$ à 30 M$ par an. Cela permettrait de doubler le nombre d’aménagements éponges (aménagements qui retiennent les eaux de pluie) en élargissant leur implantation au-delà des parcs.
Améliorer la sécurité sur plusieurs facettes
En tant que policière retraitée de la Sûreté du Québec, Mme De Larochellière espère régler plusieurs enjeux de sécurité à titre de mairesse de Saint-Léonard. Entre autres, la candidate souhaite s’attaquer à la sécurité routière, notamment en « réduisant la tolérance » face aux infractions dans les zones de 30 km/h. « Je prévois aussi effectuer un resserrement au niveau des voies de contournement qui sont utilisées par les citoyens où la circulation se fait à trop grande vitesse », illustre-t-elle.

Suzanne De Larochellière, candidate à la mairie de Saint-Léonard pour Équipe St-Léonard (Courtoisie)
En outre, la candidate d’Équipe St-Léonard veut « repenser les espaces publics » pour les rendre plus agréables et sécuritaires. Mme De Larochellière rappelle que la population de l’arrondissement est composée de 25 % d’aînés, mais aussi de 25 % de jeunes. « Dans les parcs ou les pavillons, la sécurité est à repenser. On a plusieurs nouveaux projets immobiliers qui s’en viennent dans l’arrondissement; il est donc important de s’asseoir avec les promoteurs pour s’assurer qu’on ait des aménagements qui soient adéquats et sécuritaires », explique-t-elle.
D’ailleurs, celle-ci se dit très consciente du fait que l’arrivée du prolongement de la ligne bleue du métro de Montréal amènera son lot de nouveaux résidents dans l’arrondissement. Avec cette croissance de population, on court le risque de voir apparaître une criminalité différente dans Saint-Léonard, croit-elle. « C’est une nouvelle réalité, mais il suffit de la prévenir, de faire en sorte que toutes les mesures soient prises pour accueillir ces nouveaux défis. (…) Il y aura aussi un accroissement de la circulation, c’est quelque chose qu’il faut prévoir en termes de sécurité routière », anticipe-t-elle.
La candidate de Projet Montréal abonde dans le même sens. « La ligne bleue, c’est une bonne nouvelle. Ça va amener de la nouvelle clientèle pour nos commerçants, mais c’est sûr que ça vient avec des enjeux. On parle d’itinérance entre autres », entrevoit-elle.
Mme Guerrier compte sur la création de lieux de cohésion sociale pour prévenir la criminalité dans l’arrondissement, constatant que les jeunes de l’arrondissement ont « beaucoup été touchés par la délinquance » dans les dernières années. « On veut créer des espaces jeunesse pour permettre aux jeunes d’avoir un lieu où aller après l’école, à l’extérieur de la maison, pour pouvoir créer des projets et profiter d’interventions, pour éviter qu’ils restent dans les rues et que ça mène à la délinquance », insiste-t-elle.
De plus, cette dernière compte renforcer la sécurité sur les pistes cyclables, surtout pour s’assurer que les jeunes puissent opter pour ce moyen de transport dans leurs déplacements quotidiens.
Pour sa part, M. Perri désire renforcer le sentiment de sécurité et d’appartenance dans l’arrondissement. « Je ne veux pas que les gens vivent seulement à Saint-Léonard, mais je veux plutôt qu’ils « vivent Saint-Léonard », dans tous ses aspects », souligne-t-il. Cela passerait entre autres par un accroissement des effectifs policiers sur le territoire, mais aussi par une plus grande participation citoyenne, annonce le candidat d’Ensemble Montréal.
Économie sociale et organismes locaux
Au niveau de l’économie locale, la candidate de Projet Montréal aimerait encourager le développement économique et social en joignant des entreprises privées et des OBNL. « On veut faire comprendre qu’en tant qu’entrepreneur, on a aussi une responsabilité sociale et auprès de notre arrondissement. En créant des emplois pour les jeunes par exemple. Et ça rejoint un peu la sécurité aussi, parce que ça leur permet d’éviter d’être dans la rue », explique Mme Guerrier.

Luckny Guerrier, candidate à la mairie de Saint-Léonard pour Projet Montréal (Courtoisie)
De son côté, Mme De Larochellière veut améliorer le soutien aux organismes communautaires et culturels, notamment en les aidant à diffuser leurs messages. « On comprend qu’il y a moins de médias locaux, alors les gens doivent se tourner vers les réseaux sociaux et tout le monde n’est pas nécessairement de cette génération-là. (…) On veut donc aller chercher des ressources pour faciliter cela », affirme la candidate d’Équipe St-Léonard.
Par ailleurs, celle-ci veut supporter les commerçants en favorisant l’établissement de pôles d’emploi sur le territoire.
Moins de nids de poule pour une meilleure mobilité
Pour sa part, M. Perri compte aussi sur l’accès de son parti à la mairie de Montréal pour donner plus de pouvoirs aux arrondissements, notamment afin que ces derniers puissent étendre leur champ d’intervention en matière de réfection routière.
« Pour assurer une meilleure mobilité, même si à Saint-Léonard, les rues sont de bonne qualité, ce n’est pas acceptable de laisser des nids de poule dans la chaussée. Ça peut paraître évident, mais lorsqu’on se promène à Montréal, malheureusement, Projet Montréal n’a pas donné plus de pouvoir ou de financement aux arrondissements (pour régler le problème). Ensemble Montréal donnera plus de responsabilités aux arrondissements, parce que ce sont les endroits où se donnent les services de proximité. Donc, on veut avoir plus de flexibilité et de pouvoirs pour régler ces problèmes », insiste le candidat d’Ensemble Montréal.
Simplifier l’obtention de permis
En ce qui a trait aux services offerts aux citoyens et aux commerçants, Mme De Larochellière indique vouloir « faciliter leur accès et leur rapidité d’exécution ».
« Je pense entre autres aux permis. À plusieurs reprises, je me suis aperçue (dans les quatre dernières années) que les gens venaient parfois pour obtenir des permis très, très simples. Par exemple, un permis de rénovation de parement de maison, où il faut juste changer la matière et la couleur. Mais ça leur coûte 1 500 $ en services privés pour obtenir des plans et des images. (…) Il y a moyen de simplifier ça », insiste-t-elle.
Plus de logements hors marché
En dernier lieu, la candidate de Projet Montréal se désole du fait que seulement environ 600 logements hors marché sont présents sur le territoire de l’arrondissement pour une population de 80 000 habitants, d’autant plus que 70 % des ménages y sont locataires. « Il y a vraiment un écart, un déséquilibre à Saint-Léonard. On veut donc s’assurer qu’il y aura plus de logements hors marché à Saint-Léonard », souligne-t-elle.
Mme Guerrier souhaite donc que les promoteurs qui viendront dans l’arrondissement participent d’une façon ou d’une autre à la construction de logements hors marché. « Si le promoteur est en train de construire plus de 200 unités, il faut qu’il y ait un certain nombre de logements dédiés pour du hors marché », affirme-t-elle en terminant.



