Chantal Rouleau. (Photo : Gouvernement du Québec).

LA RUÉE VERS L’EST EST BEL ET BIEN AMORCÉE AFFIRME CHANTAL ROULEAU

L’ex-mairesse de l’arrondissement Rivière-des-Prairies—Pointe-aux-Trembles, Chantal Rouleau, a milité très activement pendant son règne municipal pour la revitalisation de l’Est de Montréal, au point d’en faire sa principale et indéniable marque de commerce. Avant qu’elle ne fasse le saut en politique provinciale l’an dernier dans la circonscription de Pointe-aux-Trembles, RDP-PAT s’était déjà passablement transformé depuis 2010 améliorant de façon notable ses espaces publics, ses services aux citoyens (notamment au niveau des activités sportives et culturelles), et ses communications, celles-ci dans le but de promouvoir le territoire auprès de clientèles fort convoitées pour la relance du secteur : nouveaux résidents (en particulier les jeunes familles), promoteurs immobiliers et gens d’affaires, entre autres. La grande popularité de la mairesse dans l’Est de l’île, qui avait résisté assez facilement à la vague de Projet Montréal au dernier scrutin municipal (sous la bannière Équipe Coderre), s’est donc confirmée lors de sa récente victoire contre le candidat vedette du Parti Québécois, Jean-Martin Aussant. Celui-ci était venu relever la députée péquiste de longue date dans P.A.T., Nicole Léger, aujourd’hui retraitée de la scène politique.

« Mon objectif, je l’ai toujours dit et c’est encore plus vrai aujourd’hui, est de transformer le gris caractéristique de l’Est, hérité de notre lourd passé industriel, en bleu et vert. En accueillant une nouvelle mouture industrielle plus légère, technologique et soucieuse de l’environnement, en requalifiant d’anciens et grands sites industriels contaminés, en redonnant de la beauté au territoire et en se réappropriant notamment le fleuve, je crois que c’est une rêve réalisable », affirme Chantal Rouleau, nouvelle ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal, et ministre déléguée aux Transports.

Rappelons que le chef de la CAQ François Legault misait beaucoup sur l’Est de Montréal, en particulier sur P.A.T., pour faire enfin une percée dans la métropole, et il n’a pas lésiné pour multiplier d’ambitieuses promesses touchant la revitalisation du territoire : reconstruction de la rue Notre-Dame, tramway de l’Est et décontamination des sols constituant ainsi les assises du plan d’action proposé. Les résidents de l’Est ont répondu favorablement à l’appel en octroyant à la CAQ le bastion péquiste de P.A.T., mais aussi celui de Bourget maintenant représenté par Richard Campeau, successeur de Maka Kotto (PQ).

De la parole aux actes

« Nous sommes actuellement à mettre en place les structures nécessaires afin de pouvoir travailler concrètement sur plusieurs chantiers en même temps dans l’Est de Montréal », a déclaré la ministre lors d’une entrevue avec Est Média Montréal le 19 février dernier, quelques minutes avant une conférence de presse conjointe avec la mairesse Valérie Plante touchant notamment les modalités d’attribution d’une enveloppe de 75 M $ pour la décontamination de sols sur l’ensemble du territoire montréalais. Ce montant avait été attribué à la ville par l’ancien gouvernement Couillard mais les modalités n’avaient pas encore été annoncées.

Les « structures nécessaires » de Chantal Rouleau, c’est avant tout la mise en place d’équipes de travail dédiées aux projets phares annoncés en campagne électorale. Une première annonce en ce sens a été faite à la fin 2018 avec la création d’un comité de travail conjoint Québec-Montréal sur le développement de la région. Cette « union des forces » stratégique a d’ailleurs été confirmée lors d’une 2e conférence de presse tenue le 14 décembre où les deux parties ont officiellement signé devant les médias la Déclaration du gouvernement du Québec et de la Ville de Montréal pour revitaliser l’Est de Montréal. Cet événement dévoilait du même coup une relation bien différente entre les deux femmes politiques qui se sont confrontées plusieurs fois plutôt qu’une sur la scène municipale.

Ce grand comité de travail conjoint viendra donc chapeauter des équipes distinctes présentement en formation et qui travailleront sur les grands enjeux. « Un bureau de projet est déjà annoncé concernant la réfection de la rue Notre-Dame en boulevard urbain, du Pont Jacques-Cartier à la pointe de l’Île. Il sera composé de représentants du ministère des Transports, de la Ville de Montréal et de l’Autorité régionale de transport métropolitain », déclare Chantal Rouleau. Grand défi que ce projet de réfection de la rue Notre-Dame, qui rappelons-le a fait l’objet de pas moins de quatre planifications majeures depuis une trentaine d’années, toutes avortées.

C’est cette équipe qui évaluera également le projet de tramway de l’Est dont le trajet proposé longe la rue Notre-Dame. Pour la ministre, le tramway est aujourd’hui plutôt le symbole de l’urgence pour la pointe de l’île de se doter d’une structure majeure de transport collectif. « Il va revenir aux spécialistes de déterminer laquelle des technologies est la plus appropriée, mais chose certaine, il faut penser autrement qu’avant en ce qui concerne la conversion de Notre-Dame en boulevard urbain, alors que cette artère a été considérée ces dernières décennies comme une simple voie de transit pour sortir de l’Île de Montréal, ce qui a notamment tué le commerce et affecté la vie de quartier à certains endroits », dit-elle.

Le prolongement du REM sera donc une avenue envisagée pour cette partie de l’Est, tout comme d’autres moyens de transport incluant une navette fluviale (un appel d’offres est d’ailleurs lancé afin de poursuivre pendant trois ans le projet pilote de navette fluviale de l’été 2018). Pour la ministre, ce projet de transport collectif doit être considéré certes pour améliorer avant tout la mobilité des résidents du secteur, mais pas seulement. « Il faut aussi penser à desservir adéquatement nos zones d’emplois si on veut développer économiquement le territoire et permettre un accès plus facile aux zones commerciales comme le Vieux Pointe-aux-Trembles par exemple, ce qui dynamiserait la vie de quartier. Le REM est certainement plus rapide et fluide, alors que le tramway est plus propice à plusieurs arrêts stratégiques, entre autres particularités. Il y aura plusieurs aspects à analyser afin de déterminer la meilleure technologie adaptée aux besoins du territoire », soutient Chantal Rouleau.

La ministre responsable de la Métropole, lors de la campagne électorale en 2018. (Photo : EMM).

La revitalisation passe par la décontamination

Une autre équipe de travail s’évertue en ce moment à mettre en place les modalités d’attribution d’un important budget de 200 M $ pour la décontamination des sols qui devrait être confirmé dans le prochain budget provincial. « Tel qu’annoncé en campagne électorale, cette enveloppe sera spécifiquement destinée à la décontamination des sols montréalais à l’est du boulevard Pie-IX. La mécanique sera rendue publique dans les prochains mois », soutient la ministre. (NDLR : un premier volet de 100 M $ a été annoncé dans le budget du 21 mars dernier, après l’entrevue).

Cette grande promesse caquiste viendra certainement accélérer le développement de larges zones actuellement inutilisables dans l’Est de Montréal. Selon nos sources, l’administration municipale serait déjà en train d’identifier les terrains stratégiques qui seront ciblés par le programme afin de les rendre propices à l’investissement.

L’Est : zone d’innovation

Au début des années 2010, Chantal Rouleau avait participé à l’élaboration de la Stratégie maritime de François Legault rendue publique en 2013. Dans un livre intitulé Cap sur un Québec gagnant-Le Projet Saint-Laurent, le premier ministre proposait à l’époque de créer une Vallée de l’innovation en s’inspirant de la Silicon Valley.

« Je suis aujourd’hui responsable de cette stratégie maritime qui intéresse toujours grandement M. Legault et qui sera probablement reformulée bientôt. Cette stratégie prévoit la mise en valeur ou la création de zones d’innovation issues de près ou de loin du fleuve et l’Est de Montréal, qui longe le Saint-Laurent, est certainement bien positionné pour être au cœur de ce développement », soutient la ministre. Elle ajoute que « le pôle de la chimie verte est fortement attrayant dans ce contexte de développement et j’aurai certainement la chance d’annoncer des actions en ce sens dans le cadre du présent mandat. »

Pour Chantal Rouleau, les engagements majeurs de son parti envers l’Est de Montréal constituent une base pour relancer la région. « Il s’agit de projets structurants qui permettront à l’Est, je l’espère, de se refaire graduellement une santé sur le plan économique, mais aussi au niveau environnemental. Il faut que tout cela ait un impact sur la qualité de vie des résidents de l’Est et sur l’attractivité du territoire », termine-t-elle.