Le pôle de mobilité Masson qui se trouve dans le stationnement situé entre la 6e et la 7e avenue, derrière la rue Masson (Courtoisie Agence de mobilité durable de Montréal)

ROULER VERT : INAUGURATION DU PREMIER PÔLE DE MOBILITÉ À MONTRÉAL

Le premier pôle de mobilité, situé juste derrière la rue Masson dans l’arrondissement Rosemont–La Petite-Patrie, a été inauguré hier après-midi. Ce projet pilote, qui marque le début d’une transition vers des parcs de stationnement écoresponsables, est la première étape du déploiement de 150 pôles de mobilité semblables à travers l’île de Montréal d’ici 2050.

Mandatée par la Ville, l’Agence de mobilité durable a créé un espace polyvalent où se côtoient espace de stationnement, vélopartage, autopartage et bornes de recharge pour faciliter les déplacements quotidiens des Montréalais. La superficie est d’environ 3 240 m² et la réalisation du projet s’est échelonnée sur 5 mois, d’après les informations fournies par l’Agence de mobilité durable de Montréal.

Plusieurs élus étaient présents lors de la journée d’inauguration, dont le maire de l’arrondissement Rosemont–La Petite-Patrie (RPP), François Limoges, qui s’est dit très heureux d’accueillir ce projet pilote. « On est extrêmement privilégiés d’être le premier arrondissement à bénéficier d’un tel pôle. C’est un quartier qui est très mobilisé pour la transition écologique, la sécurité et la mobilité. Ce projet vient consolider le projet de revitalisation de l’artère Masson », a indiqué le maire.

La conférence de presse a été suivie par la coupe du ruban inaugural. Le public a ensuite pu visiter le pôle pendant les portes ouvertes qui ont duré tout l’après-midi.

Repenser le stationnement 

En plus des services partagés, le nouveau pôle offre des places de stationnement individuelles, soumises à un tarif. « Tarifer ces places revient à encourager les automobilistes à trouver d’autres solutions, qui sont disponibles sur le terrain. Les revenus générés viennent financer le développement et l’opération des pôles de mobilité  », explique Romain Coste, coordinateur mobilité et urbanisme du Conseil régional de l’environnent de Montréal. L’entité a par ailleurs évalué le coût annuel moyen d’une place de stationnement à Montréal à 1 300 $. Ce montant pourrait être réduit grâce aux alternatives disponibles sur les pôles de mobilité. 

Vincent Beliveau ferme la porte de son abri à vélos collectif (EMM/Sophie Gauthier)

L’inauguration a rassemblé des partenaires de la mobilité durable (CRE-Montréal, Communauto, BIXI, Circuit électrique) qui présentaient leurs projets communs sur le site. Mobeo, une jeune entreprise montréalaise, a exposé son abri à vélos collectifs dont la mise en place pilote est prévue sur deux autres terrains en novembre. Ce produit, qui peut abriter jusqu’à 6 bicyclettes à la fois, offre une possibilité de stationnement extérieur en été comme en hiver. L’abri, qui occupe la taille d’une place de parking, est né d’une problématique vécue par de nombreux cyclistes. « Je ne pouvais pas monter mon vélo dans mon appartement. Je cherchais des solutions de stationnement extérieurs, mais ça n’existait pas encore en Amérique du Nord », confie Vincent Beliveau, fondateur de Mobeo. L’abri se verrouille et se déverrouille au moyen d’une application que l’utilisateur peut télécharger sur son cellulaire. Travaillant principalement en collaboration avec le CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal, l’entreprise possède actuellement une dizaine d’unités.

150 pôles de mobilité d’ici 2050

Durant la conférence de presse, les représentants de l’Agence de mobilité durable de Montréal ont annoncé l’objectif ambitieux de déployer 150 pôles de mobilité semblables d’ici 25 ans. Le prochain stationnement à être aménagé est situé sur rue Saint-André, entre Saint-Zotique et Beaubien, dans l’arrondissement de RPP. Les travaux ont débuté au début du mois de septembre. 

La gestion d’autres stationnements municipaux pourrait être transférée très prochainement à l’Agence de mobilité durable de Montréal. « On envisage de déployer un réseau de pôles de mobilité qui pourrait être présent dans toute la ville, la liste est en cours d’élaboration. Beaucoup d’arrondissements, pratiquement tous, nous disent qu’ils sont impatients d’accueillir ce projet, notamment ceux de l’est de l’île », explique Laurent Chevrot, directeur général de l’Agence de mobilité durable de Montréal. 

Chaque projet sera traité en fonction de ses besoins spécifiques. « L’objectif est de travailler avec chaque arrondissement à différents types de conversion. Cela pourrait aller d’une simple réallocation des espaces et du marquage pour un déploiement rapide de nouveaux services de mobilité à des conversions écoresponsables nécessitant des aménagements et des investissements plus conséquents », détaille Isabelle Cadrin, présidente du conseil d’administration de l’Agence de mobilité durable de Montréal. 

Des projets pilotes seront mis en place au cours de l’année 2025 afin de s’assurer que les services proposés répondent aux enjeux de mobilité durable. « Nous allons par exemple tester prochainement l’installation des stations de vélo cargo pour les livraisons dans certains stationnements », précise Mme Cadrin. 

Certification écoresponsable

Durant cette inauguration, le Conseil régional de l’environnement de Montréal a remis la certification écoresponsable, niveau performance, à l’Agence de mobilité durable de Montréal pour le pôle de mobilité Masson. Cette certification reconnait des projets de réaménagement de stationnements dans une optique de diminution de l’impact environnemental. 

De gauche à droite : la conseillère de Ville Dominique Ollivier; la responsable du transport et de la mobilité au comité exécutif de la Ville de Montréal, Sophie Mauzerolle; le coordinateur mobilité et urbanisme au Conseil régional de l’environnent de Montréal, Romain Coste; le directeur général de l’Agence de mobilité durable de Montréal, Laurent Chevrot; la présidente du conseil d’administration de l’Agence de mobilité durable de Montréal, Isabelle Cadrin; le maire de l’arrondissement de RPP, François Limoges; et le conseiller de Ville Jocelyn Pauzé (EMM/Sophie Gauthier)

Par exemple, les équipes de l’Agence de mobilité durable de Montréal ont travaillé sur des lampadaires D.E.L. directionnels qui limitent leur éclairage en dehors du périmètre visé. Elles ont également mis en place des systèmes de gestion des eaux pluviales grâce aux noues drainantes, à l’instar du système utilisé dans les parcs éponges. Un hôtel à insectes ainsi que des nichoirs ont été installés pour favoriser la biodiversité. Enfin, la transformation de ce stationnement en pôle de mobilité a contribué au verdissement du secteur grâce à la plantation de 50 arbres ainsi que de 1 700 arbustes et vivaces.

Et durant l’élaboration du projet, l’Agence de mobilité durable de Montréal n’a pas omis de prendre en compte la sécurité des usagers, cyclistes et piétons. « On a interdit la circulation entre les terrains de stationnement pour éviter que les ruelles ne croisent les voies automobiles », mentionne en terminant Laurent Chevrot. 

D’après l’Agence de mobilité durable de Montréal, entre 7 et 10 pôles devraient être installés chaque année pour atteindre son objectif d’ici 2050.