Parkour ton Quartier propose des cours dans dix quartiers à Montréal (photo courtoisie).

RETROUVER SON ÂME D’ENFANT AVEC PARKOUR TON QUARTIER

Entrepreneuse dans l’âme, Catherine Castonguay a lancé l’automne dernier son entreprise « Parkour ton quartier », des cours accessibles à toute la famille pour bouger et profiter de l’espace urbain en toute sécurité.

Après une carrière en danse à travers le monde auprès de grands noms comme Jean-Pierre Perrault ou encore Paul-André Fortier, Catherine Castonguay a travaillé dans le domaine humanitaire, mais aussi plus récemment, dans l’événementiel. À cause de la COVID-19, la jeune femme s’est malheureusement vu annuler tous ses contrats. « Il a vraiment fallu se revirer de bord », se rappelle-t-elle. Désireuse aussi de se remettre en forme, Catherine reprend alors la course dans son quartier. Elle remarque vite que plusieurs autres mamans, comme elle, souhaitent bouger. « Avec mes mamans du quartier, on se réunissait à 6h du matin, on trippait. Puis ensuite, c’est devenu le matin… et le soir. Puis ça a explosé, carrément ! », s’étonne encore aujourd’hui Catherine. Au départ, elle emploie le terme « fitness urbain » puisqu’elle propose à travers ces cours improvisés d’utiliser l’espace de la ville pour s’entraîner. « Petit à petit, j’ai compris que c’était du « parkour » alors j’ai trouvé un coach professionnel, je me suis formée, j’ai appris les bonnes notions, la technique pour pouvoir enseigner adéquatement cette pratique », explique-t-elle.

Discipline acrobatique popularisée au départ en Europe par le groupe Yamakasi, le parkour consiste à franchir des obstacles urbains ou naturels sans l’aide de matériel. Pour Catherine, c’est une pratique complète, accessible pour les grands comme pour les plus petits. « Le but, c’est de découvrir son quartier en s’amusant et en se renforçant physiquement. Tout le monde peut le faire, ce sont des mouvements de base comme marcher, sauter, rouler, grimper… Ça développe aussi la gestion de la peur et la confiance en soi », détaille la jeune femme de 38 ans. En automne dernier, quand elle propose de bouger en groupe sur des groupes Facebook de différents quartiers, elle constate rapidement que l’engouement est grand. « Je l’ai rapidement proposé ailleurs. En deux mois, Parkour ton quartier était dans cinq quartiers, puis aujourd’hui, on est rendu à dix ! », ajoute-t-elle. On en retrouve plusieurs dans l’est, comme Rosemont et Mercier–Hochelaga-Maisonneuve. En quelques semaines, l’ancienne danseuse se retrouve ainsi à donner plus de 15 cours par semaine. Elle décide alors de monter sa propre entreprise (Parkour ton quartier), de former et d’embaucher des entraîneurs pour étendre ses activités.

Après une pause hivernale, elle recommence à partager les horaires de parkour sur les réseaux sociaux et sur son site Web. Aujourd’hui, 300 à 400 personnes s’entraînent chaque semaine avec Parkour ton Quartier dans le Grand Montréal. « Et ça continue à grimper », se réjouit l’entrepreneure. En quelques mois, Parkour ton Quartier est devenue la source principale de revenu de Catherine. L’entreprise propose des cours pour les enfants, les adolescents et les adultes, mais aussi en duo parents/enfants grâce à dix entraîneurs qui ont jusqu’à 22 ans d’expérience. Le prix des cours est actuellement offert à 15 $/heure par personne, et plusieurs forfaits sont aussi offerts.

Le parkour convient à tous les âges (photo courtoisie).

Une discipline trop peu connue

« Je veux faire connaître le parkour au plus grand nombre de gens possible », lance Catherine. En effet, au fil de ses recherches, la passionnée de sport s’est rapidement rendue compte que le parkour demeure une discipline peu connue à Montréal. « C’est très étonnant qu’il n’y ait rien à Montréal, pas de parc de parkour, ni vraiment de cours… Parce qu’il y a tout pour cette activité ici ! », s’exprime la principale intéressée. Elle explique cependant qu’un important centre existe à Québec avec des professeurs certifiés. « J’ai aussi voulu qu’ils me forment pour que je puisse en former d’autres par la suite, parce qu’il y en a très peu à Montréal. On dirait que je suis une pionnière, mais ça fait 25 ans que ça existe dans la Capitale-Nationale » ajoute-t-elle.

Le parkour, pour ceux qui connaissent un peu la discipline, peut paraître extrême, voire assez dangereux. Or, il est important pour Catherine d’expliquer qu’il s’agit vraiment d’un sport pour tous, pour tous les niveaux et toutes les aptitudes. De plus, celui-ci permet de se remettre en forme assez rapidement selon ses dires. « Si on avait joué toute notre vie dans les parcs pour enfants, sur les barres à soulever notre propre poids, on serait super en forme et très musclé. Les mouvements du parkour travaillent le corps au complet donc ça permet un entraînement optimal avec des résultats rapides », affirme-t-elle.

De plus, le parkour offre un certain « sentiment de sécurité », un aspect souvent méconnu, qui intéresse beaucoup la jeune femme. « L’idée, c’est de créer des citoyens plus forts, plus habiles, qui savent aller vite, sauter des obstacles et aller d’un point A au point B le plus efficacement possible, ce qui peut être très utile en cas de danger », dit-elle. Pour faire découvrir cet aspect, Catherine aimerait prochainement faire des ateliers du genre « comment être en sécurité » ou « aider autrui » pour démontrer jusqu’où peut aller la pratique du parkour. « Le but serait de montrer que le parkour peut être utile au quotidien. Pour une femme qui se fait poursuivre, pour sauver un enfant qui se met dans une situation dangereuse, etc. »

Une vision à long terme

Depuis la création de Parkour ton quartier, Catherine multiplie les initiatives pour étendre son entreprise à travers Montréal et aux alentours. En plus de vouloir ouvrir davantage de cours, elle souhaite aussi les diversifier. « J’aimerais ça qu’on offre plus de cours intermédiaires, mais aussi qu’on fasse des sessions de dix cours pour que les gens progressent vraiment. Pour l’instant, c’est seulement des cours à la carte », raconte-t-elle. De plus, elle souhaite commencer à enseigner le parkour dans les écoles dès la rentrée.

Le parkour utilise des mouvements simples comme sauter, courir, grimper… (photo courtoisie).

En attendant, Catherine a aussi prévu un camp de jour pour les enfants, une initiative qu’elle a rapidement mis en place et qui a porté ses fruits. « Les quatre premières semaines sont déjà complètes », se réjouit-elle. Des micro-camps pour les adolescents seront aussi proposés dans 5 quartiers montréalais, dont Hochelaga et Rosemont. « On parle de 3h par jour, soit le matin ou l’après-midi pendant une semaine, et ce forfait est offert tout l’été. »

Enfin, dans ses nombreux projets, Catherine souhaite créer un véritable « parkour-parc » et ouvrir un gym consacré au parkour d’ici trois ans. Ainsi son entreprise pourrait former de véritable athlètes dans cette discipline, un rêve ultime pour cette « passionnée » du parkour.