Boutique Renaissance rue Papineau (Courtoisie)

RENAISSANCE : UN MODÈLE D’AFFAIRES POUR MAXIMISER LES IMPACTS

Depuis 30 ans, l’entreprise d’insertion et d’économie sociale Renaissance Québec s’engage à aider des personnes rencontrant des difficultés à intégrer le marché du travail, tout en détournant des tonnes d’articles des dépotoirs. L’organisme à but non lucratif (OBNL) s’est fixé pour objectif de doubler la quantité annuelle de matière détournée à l’échelle provinciale, pour atteindre 50 000 tonnes d’ici 2030. Pour y parvenir, elle devra faire preuve d’ingéniosité et d’innovation.

Un grand chantier dans le quartier Rivière-des-Prairies devrait donner un coup de pouce à l’organisme afin qu’il remplisse son mandat. Il s’agit du Centre d’impact Maurice-Duplessis, dont les travaux ont débuté en août dernier, qui sera construit au 10600, boulevard Maurice-Duplessis, près du boulevard Saint-Jean-Baptiste, à Rivière-des-Prairies. Ce projet majeur représente des investissements de plus de 45 M $.

Éric St-Arnaud, directeur général chez Renaissance.

Éric St-Arnaud, directeur général chez Renaissance Québec (Courtoisie Renaissance)

« Il s’agit de la suite logique de notre modèle d’affaires et de l’expansion de notre organisation. (…) Notre activité a du succès et nos plateaux de travail sont pleins, alors on a besoin de nouveaux espaces », explique Éric St-Arnaud, directeur général de Renaissance Québec.

Le Centre d’impact proposera un carrefour de services pour les citoyens, des programmes d’employabilité, une offre commerciale, un centre de récupération et de traitement des dons ainsi qu’un éventuel laboratoire vivant de recyclage textile, en collaboration avec le centre de recherche et d’innovation en habillement Vestechpro, situé au Cégep Marie-Victorin. Dans l’ensemble, on espère à terme créer 150 emplois permanents et aider entre 200 et 250 personnes par année par des programmes d’accès à l’emploi.

Selon M. St-Arnaud, la construction du Centre d’impact progresse bien et on prévoit toujours une « prise de possession partielle au mois de juin », puis une occupation totale d’ici la fin de l’été 2025, avec une ouverture par phase des différents secteurs.

Un solide réseau de partenaires

Depuis sa création, Renaissance compte sur les dons de la population pour poursuivre sa mission. Toutefois, fait un peu moins connu, l’OBNL s’est construit un important réseau de partenaires auprès d’autres organismes locaux pour pousser plus loin ses efforts.

« Il y a à peu près une dizaine d’années, des organismes nous ont approchés pour nous offrir un surplus de dons. Puis après ça, on s’est demandés comment on pourrait s’impliquer davantage dans la communauté quand on s’installe dans de nouvelles villes », raconte le directeur général de Renaissance Québec.

C’est ainsi qu’est né le modèle partenarial de Renaissance avec une centaine d’acteurs partout au Québec. Avec une première partie basée sur l’achat de dons, ces ententes ont permis à certains organismes de développer une nouvelle offre de service ou de trouver davantage de ressources. « Ça va prendre [l’implication] des villes pour faire une véritable économie sociale et pour mener notre mission environnementale », affirme-t-il.

Celui-ci donne en exemple Recyclage Vanier, une entreprise d’économie sociale de Québec spécialisée dans le recyclage de papier qui a développé un service de transport pour Renaissance. « Il y a différents modèles de partenariat, mais toujours dans l’économie sociale et le communautaire. On veut redonner au milieu pour qu’il puisse aider la population », insiste M. St-Arnaud.

Recherche et développement

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, l’innovation, incluant la recherche et le développement, n’est pas hors de la portée des organismes communautaires ni de ceux engagés dans l’économie sociale.

Bien qu’il s’agisse d’ambitions très souvent associées aux multinationales en quête de profits, un OBNL tel que Renaissance peut tout de même être à l’avant-garde dans le développement de nouveaux produits ou procédés. C’est du moins ce qu’espère accomplir l’organisme grâce à son partenariat avec Vestechpro, un objectif qui pourrait se concrétiser dans son Lab Renaissance.

Renaissance a démarré le projet du Centre d’impact à Rivière-des-Prairies l’an dernier et il devrait être complété cet été (Emmanuel Delacour/EMM)

Ce laboratoire vivant, qui devrait éventuellement occuper entre 1 000 et 1 400 m² au sein du Centre d’impact de Rivière-des-Prairies, représente un projet de longue haleine, reconnaît M. St-Arnaud, car, à terme, on souhaite trouver des solutions tangibles pour recycler le textile. De plus, on entrevoit des études de faisabilité pour faire un tri automatisé des tissus qui se retrouvent à Renaissance, ce qui permettrait de traiter un plus grand volume de matières.

« On ne se décourage pas, mais je reconnais que c’est un projet qui est très long. On regarde encore si on peut trouver d’autres partenaires, ça reste encore à être ficelé. Ça revient au modèle partenarial : on peut aller plus loin quand on travaille avec des partenaires », souligne le directeur général.

Renaissance dans l’est

En 2024, Renaissance comptait 22 emplacements dans l’est de Montréal, dont sept friperies, cinq librairies, trois boutiques et sept centres de dons. On retrouvait en décembre dernier 510 employés permanents, participants en parcours d’insertion et bénévoles au service de l’organisation dans ces emplacements.

La même année, Renaissance a accueilli 422 000 donateurs dans ses différents points de collecte de l’est de l’île, ce qui représente 6700 tonnes de vêtements et d’articles ménagers déviés des sites d’enfouissement.

Toutes les friperies proposent le programme d’insertion socioprofessionnelle et chacune accueille en moyenne 20 personnes par année dans ce programme. On retrouve également deux centres d’aide à l’emploi dans des friperies de l’est, soit à la Renaissance fripe Henri-Bourassa et la Renaissance fripe Plaza Anjou, qui accompagnent chaque année près de 650 personnes dans leurs démarches de recherche d’emploi.


Le dossier spécial L’EST COMMUNAUTAIRE 2025 est produit en partie grâce à la contribution financière des partenaires suivants :