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REM DE L’EST : LE VRAI TRAVAIL COMMENCE

Le gouvernement du Québec et CDPQ-Infra ont franchi une étape très importante cette semaine pour la mise en œuvre du REM de l’est avec l’annonce attendue de la formation du comité aviseur et l’annonce des consultations publiques, qui débuteront dès le 27 mai prochain. Avec l’assurance que le design du REM sera prescriptif, surtout dans les zones sensibles comme le centre-ville et dans MHM, et l’engagement de rendre publiques rapidement les commentaires, opinions et mémoires issus des différentes plateformes de consultation, les promoteurs du projet optent pour une transparence et une méthodologie qui contrastent tout de même considérablement avec le REM 1.0.

Comité aviseur

C’est mardi dernier, dans le cadre d’une conférence de presse, que Chantal Rouleau, ministre déléguée aux Transports, ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal, et députée de Pointe-aux-Trembles, a annoncé la composition du fameux comité aviseur. Le rôle de ce comité d’experts « est d’appuyer, avec le soutien de la firme d’architecte Lemay, le bureau de projet du REM de l’Est dans sa définition des principes directeurs de la signature architecturale, de l’intégration urbaine et des aménagements du REM de l’Est au centre-ville de Montréal et sur l’ensemble du tracé », indique-t-on dans le communiqué de presse émis par CDPQ-Infra. Participaient également à la conférence de presse la mairesse de Montréal, Valérie Plante, le vice-président, affaires corporatives, développement et stratégie de CDPQ Infra, Harout Chitilian, ainsi que Maud Cohen, présidente et directrice générale de la Fondation du CHU Sainte-Justine, et présidente du nouveau comité aviseur.

Dans un premier temps, le comité se réunira sur une base mensuelle à partir de mai 2021 et jusqu’à la fin 2021. Par la suite, le comité demeurera actif tout au long du projet. Une fois les recommandations déposées et le design architectural dévoilé publiquement, il continuera à siéger afin de suivre l’évolution de la conception détaillée qui sera développée par le consortium retenu au terme de l’appel d’offres. L’ensemble des avis du comité seront consignés dans un rapport qui sera rendu public en amont des audiences publiques du BAPE. CDPQ Infra dévoilera également publiquement la conception architecturale retenue pour le projet.

Le comité est composé des personnes suivantes :

  • Mme Maud Cohen, présidente et directrice générale, Fondation du CHU Sainte-Justine, présidente du comité;
  • Mme Mouna Andraos, co-fondatrice, studio d’art et de design Daily tous les jours, directrice générale et artistique par intérim, Société des arts technologiques, et professeure adjointe au Département d’informatique et de design, Université Concordia;
  • Frédérick Bouthillette, sous-ministre adjoint aux projets stratégiques de transport collectif et ferroviaire, ministère des Transports;
  • Mme Rose Lyndsay Daudier, directrice générale, Fusion jeunesse;
  • Mme Marie Elaine Farley, présidente et chef de la direction, Chambre de la sécurité financière, membre du conseil d’administration, Réseau de transport métropolitain (EXO);
  • Luc Gagnon, directeur du service de l’urbanisme et de la mobilité, Ville de Montréal;
  • Éric Gauthier, associé principal, Les architectes FABG;
  • Ken Greenberg, concepteur d’urbanisme, professeur et auteur, directeur, Greenberg Consultants;
  • Éric Millette, consultant en conservation et intégration architecturale – CONTEXTURE;
  • Mme Paula Negron, Ph.D. professeure agréée à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage, Université de Montréal;
  • Christian Savard, directeur général, Vivre en ville;
  • Mme Monique Simard, productrice et gestionnaire culturelle, présidente du conseil d’administration, Partenariat du Quartier des spectacles, présidente du Conseil d’administration, Fonds Québecor, et présidente du Conseil d’administration, Vitrine culturelle;
  • Mme Stéphanie Trudeau, vice-présidente exécutive – Québec, Énergir et présidente des conseils d’administration de Gaz Métro Plus, d’Énergir, chaleur et climatisation urbaines (ECCU), de la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) et de Soupe pour elles;
  • Jean-Paul Viguier, président-fondateur VIGUIER architecture urbanisme paysage;
  • Christian Yaccarini, président et chef de la direction, Société développement Angus.

À noter que dans ce comité figure l’architecte de renommée internationale Jean-Paul Viguier, qui a conçu de nombreuses infrastructures publiques d’envergure, surtout en Europe. Un atout souligné par certains, mais une nomination qui est aussi discutable selon d’autres experts du milieu qui se sont exprimés dans les médias cette semaine et qui considèrent ses réalisations marquantes trop lointaines dans le temps.

« Je suis très heureuse de l’annonce du comité, et d’avoir participé au choix et à la nomination de ces experts de très haut calibre. Ils proviennent de différents milieux qui sont tous très pertinents et complémentaires dans l’élaboration d’un projet d’envergure et sociétal comme celui-ci. Ils auront un regard montréalais sur le REM de l’est, mais aussi international car c’est un projet qui aura une facture architecturale de niveau mondial. Je suis persuadée, par ailleurs, que le REM de l’est va non seulement démontrer l’expertise québécoise, mais il nous permettra éventuellement aussi d’exporter ce savoir-faire », a déclaré Mme Rouleau hier lors d’une entrevue avec EST MÉDIA Montréal.

Chantal Rouleau, ministre déléguée aux Transports, ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal, et députée de Pointe-aux-Trembles.

Figure incontournable des grands projets de développement de l’est de Montréal, le président et chef de la direction de la Société de développement Angus, Christian Yaccarini, a sans grande surprise été sollicité pour faire partie du comité aviseur. Il a pris position à plusieurs reprises publiquement en faveur d’un REM dans l’est de Montréal ces deux dernières années. « Je défends trois choses, et je l’ai répété souvent ces derniers mois : un REM pour le territoire; une intégration urbaine et architecturale digne de ce nom tant au niveau de la structure que des stations; et un déploiement du REM qui ne serve pas uniquement le développement immobilier mais aussi et surtout le développement du territoire », nous a-t-il également déclaré hier.

Questionné à savoir si le comité sera vraiment objectif, compte tenu qu’il s’agit de membres nommés par le gouvernement, M. Yaccarini se dit persuadé que oui. « Les gens qui sont sur le comité sont pour que le projet se fasse, bien sûr, sinon ils n’auraient pas leur place là, mais ça ne veut pas dire un REM n’importe comment. Comme moi, je pense que la plupart des gens sur ce comité ont accepté d’y siéger et de travailler sur le projet parce que nous avons l’assurance du gouvernement et de CDPQ-Infra que le design sera prescriptif, donc que le projet de construction sera appuyé par le comité avant le lancement de l’appel d’offre », dit-il.

Christian Yaccarini, président et chef de la direction de la Société de développement Angus.

Pour Chantal Rouleau, l’annonce du comité aviseur, combinée à l’annonce des consultations publiques, sont des gestes qui devraient avoir un « effet rassurant » pour le public. « Avec le design qui sera proposé en amont de l’appel d’offres de construction, par des gens compétents, consciencieux; avec les consultations publiques où les préoccupations des gens seront entendues, connues, publiées et partagées ouvertement, les gens vont être rassurés j’en suis convaincue. Ils vont voir que CDPQ-Infra n’agit pas comme un bulldozer, comme on peut l’entendre, qu’il n’y aura pas de fracture, pas de cicatrice. En fait il n’y aura justement pas de fracture, mais du transport collectif structurant pour l’est comme on l’attend depuis des dizaines d’années et qui va permettre un développement sain et équilibré du territoire. »

Présentations et consultations publiques

L’autre annonce attendue par plusieurs est la confirmation des séances de consultations publiques qui débuteront à la fin mai. Ces consultations se dérouleront évidemment en ligne, pandémie oblige. Il est possible à tous d’y participer en s’inscrivant sur le site de CDPQ-Infra ici. Six rencontres virtuelles sont à l’horaire, selon un découpage par territoire.

  • 27 mai : Saint-Léonard / Montréal-Nord
  • 1er juin : Rosemont–La Petite-Patrie (axe l’Assomption)
  • 3 juin : Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles
  • 8 juin : Mercier–Hochelaga-Maisonneuve (à l’ouest de l’Autoroute 25 et Sainte-Marie)
  • 10 juin : Ville-Marie : Secteur centre-ville
  • 16 juin : Mercier–Hochelaga-Maisonneuve (à l’est de l’Autoroute 25 et la Ville de Montréal-Est)

Pour ceux qui ne pourraient participer à ces séances, une plateforme interactive de consultation est déjà en ligne sur le site et elle vous permet de donner votre avis sur le projet.

Trois rencontres d’information virtuelles et deux webinaires destinés au grand public sont également annoncés par CDPQ-Infra. Lors de ces rencontres d’information, des représentant de CDPQ Infra présenteront le projet et répondront aux questions du public en présence des experts de CDPQ Infra et des partenaires du projet, notamment la Ville de Montréal, le ministère des Transports du Québec et l’ARTM. Il faut aussi vous inscrire en ligne.

  • 10 mai : Séance 1
  • 12 mai : Séance 2
  • 13 mai : Séance 3
  • 19 mai : Webinaire thématique : Le tracé
  • 9 juin : Webinaire thématique : La mobilité

« Pour toutes ces consultations et séances d’information, il n’y a pas de places limitées, tout le monde est bienvenu. La plateforme numérique va être disponible jusqu’à la fin 2021, et tous les commentaires et opinions vont être consignés dans un rapport qui va être rendu public à la fin de l’année. Les séances vont aussi être enregistrées et disponibles en tout temps si les gens veulent les visionner », a confirmé en entrevue Virginie Cousineau, porte-parole du REM de l’est pour CDPQ-Infra. Celle-ci affirme par ailleurs que « cette démarche de transparence, en amont aux audiences publiques du BAPE, est très importante pour nous. Je souligne que les citoyens pourront aussi d’ici peu participer aux consultations en ligne du ministère de l’Environnement, et auront aussi l’occasion de s’exprimer également lors des audiences du BAPE. »

Virginie Cousineau, porte-parole du REM de l’est pour CDPQ-Infra.

Est-ce que CDPQ-Infra organisera d’autres consultations publiques après le dévoilement du design retenu par le comité aviseur et la firme d’architectes Lemay? « On souhaite pouvoir revenir vers les citoyens à l’automne avec des perspectives ou du matériel concernant l’architecture pour solliciter l’avis des gens, et nous allons probablement organiser d’autres formes de consultations à la rentrée, mais ce n’est pas encore défini. Pour l’instant on se penche surtout sur les 9 séances à venir d’ici la Fête nationale », déclare Mme Cousineau.

Montréal-Nord en souterrain

Le projet de référence du REM de l’est prévoyait que l’antenne vers le nord soit construite en tunnel à partir de la station de métro Assomption jusqu’en amont du centre d’achat Place Bourassa. Passé les voies ferrées dans ce secteur, la transition débutait pour insérer la structure aérienne du REM jusqu’au cégep Marie-Victorin. Cette semaine, CDPQ-Infra a modifié son plan et opté plutôt pour un REM souterrain continu jusqu’au cégep. « Nos analyses des derniers mois ont beaucoup porté sur cette zone de transition parce qu’il y a dans ce secteur des contraintes physiques importantes, notamment un pipeline, un aqueduc de deux mètres de diamètre et des lignes d’Hydro-Québec. De plus, en prévoyant traverser en hauteur et en diagonale le centre d’achat, c’était compliqué au niveau des droits fonciers et l’impact était aussi majeur au niveau des activités du centre commercial. On a donc préféré déplacer et allonger le tracé d’un kilomètre pour permettre une structure souterraine », explique Mme Cousineau.

La station dans ce secteur sera donc située au coin de Lacordaire et d’Henri-Bourassa (au lieu du boulevard Rolland), mais ne devrait pas occasionner de frais supplémentaires selon CDPQ-Infra compte tenu que les dépenses d’expropriation prévues ne seront finalement pas nécessaires.

Dossiers à suivre

Pour le moment, la décision de construire en aérien pour la portion dans le centre-ville demeure irrévocable nous a confirmé la porte-parole Virginie Cousineau, compte tenu des trop nombreuses infrastructures souterraines déjà enfouies. Un secteur très sensible ou CDPQ-Infra a encore beaucoup de travail à faire pour atteindre un niveau d’acceptabilité sociale légitime pour aller de l’avant. Christian Yaccarini dit comprendre ces inquiétudes, mais affirme qu’il y a certainement des solutions envisageables. « Les gens s’imaginent que ce qui s’en vient, c’est la même mouture que le REM 1.0, mais ce ne sera pas ça. Ni dans le centre-ville, ni dans Mercier, ni dans Hochelaga-Maisonneuve, CDPQ-Infra le répète, le gouvernement du Québec le répète, la Ville de Montréal est catégorique qu’elle ne veut pas ça, donc ce sera autre chose. Il faut maintenant laisser les gens travailler, les propositions devraient être rendues publiques d’ici la fin de l’année, et on pourra voir tout ça avec tout le monde. Moi par exemple, quand on me parle que Notre-Dame sera repensée en même temps que le REM, je me dis pourquoi pas René-Lévesque, un boulevard des années 1970? Il y a certainement des avenues qui n’ont pas encore été envisagées, prenons le temps d’y réfléchir », soutient Christian Yaccarini.

Quant aux demandes des instances municipales locales qui aimeraient voir des stations du REM s’ajouter à Rivière-des-Prairies et Montréal-Est, CDPQ-Infra ne semble pas pour l’instant vouloir y répondre favorablement. Mais les pressions politiques continuent paraît-il, donc ce dossier est toujours à suivre.

Les prochaines étapes à surveiller sont donc ce qui sortira des consultations publiques, qui seront certainement très animées, et des travaux du comité aviseur.