Proposition REM Yaccarini-Savard

Jean-Denis Charest, Christian Savard et Christian Yaccarini (photo courtoisie CCEM).

REM DE L’EST : LA PROPOSITION YACCARINI-SAVARD GAGNE DU TERRAIN

Plus de 300 personnes ont assisté mercredi dernier au Club de Golf Métropolitain Anjou au diner-conférence sur la proposition Yaccarini-Savard pour un REM de l’est « 2.0 » organisé par la Chambre de commerce de l’Est de Montréal. Affichant complet, l’événement a attiré bon nombre de grands acteurs de la société civile de l’est de Montréal : CIUSSS, cégeps, tables de quartier, organismes, entreprises, l’assistance était plus large que d’ordinaire pour ce genre d’événement organisé par la CCEM. Notons également la présence à la table d’honneur de Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain et de Jean-Marc Fournier, président-directeur général de l’Institut de développement urbain du Québec et ex-ministre libéral, venus appuyer publiquement la proposition présentée.

C’est dire que le projet de REM de l’est continue de susciter un intérêt considérable, même s’il est pour le moment à l’arrière-plan, le temps que le nouveau maître d’œuvre, soit l’ARTM, revienne avec une mouture améliorée du projet initialement proposé par CDPQ Infra. Plusieurs élus étaient également sur place, mais au niveau provincial, étrangement, seuls trois candidats de Québec solidaire ont assisté à l’événement (Leduc, Marissal, Rancourt), alors que les députés sortants de la CAQ brillaient par leur absence (Rouleau, Campeau). Toutefois, dans l’heure suivant la fin de l’événement, le bureau de Chantal Rouleau faisait parvenir un communiqué aux médias dans lequel la ministre de la Métropole et députée sortante de Pointe-aux-Trembles affirme que « le REM est un projet absolument nécessaire dans l’est pour améliorer la mobilité et favoriser le développement socioéconomique de ce secteur à haut potentiel. L’est de Montréal n’a pas été choyé par les gouvernements précédents, et on a besoin d’un grand projet de transport collectif pour l’est de Montréal. Mais pour que le REM se fasse, il faut un gouvernement caquiste », sans toutefois faire référence à l’événement de la CCEM ou à la proposition de Yaccarini et Savard.

Proposition Yaccarini-Savard 2

Photo EMM

Connecter l’est avec l’ensemble du réseau montréalais

Déjà dévoilée publiquement lors d’une conférence de presse tenue le 25 août dernier, rappelons que le cœur de la proposition communément appelée aujourd’hui « Yaccarini-Savard », du nom de ses deux signataires (l’un est président et chef de la direction de la Société de développement Angus, l’autre directeur général de Vivre en Ville) implique un nouveau tracé souterrain reliant l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont au centre-ville, traversant les quartiers Rosemont et Plateau Mont-Royal. Pour les deux auteurs, et Marco Chitti , Ph.D . en urbanisme et chercheur associé à NYU, Marron Institute, qui donne son aval au projet, le lien vers le centre-ville et surtout l’interconnectivité qu’il générera est essentiel au projet du REM de l’est pour désenclaver efficacement l’est de Montréal et permettre ainsi une meilleure fluidité en termes de transport collectif pour l’ensemble de la métropole. Cette nouvelle branche du REM de l’est viendrait en quelque sorte remplacer, voire même bonifier le tracé abandonné récemment par le gouvernement du Québec qui prévoyait à l’origine une connexion vers le centre-ville via le boulevard René-Lévesque.

Pour le reste, la proposition Yaccarini-Savard reprend en majeure partie le projet élaboré par CDPQ Infra, soit une ligne nord-sud principalement souterraine liant le Cégep Marie-Victorin aux environs du secteur Assomption-Sud, et une autre ligne liant Pointe-aux-Trembles aussi aux environs du même secteur, les deux axes convergeant vers le point central que deviendrait la station de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont.

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Comparaison des points de correspondance entre les réseaux de transport collectif de Montréal et Milan (population et dimensions similaires) avec un REM de l’est sans lien avec le centre-ville. L’ajout d’un lien vers le centre-ville est au coeur de la proposition Yaccarini-Savard (image tirée de la présentation Y-S).

Qu’en est-il alors, dans la proposition actuelle, des principaux éléments qui suscitaient une certaine opposition (ou une opposition certaine) dans le projet de CDPQ Infra, notamment en ce qui concerne le tracé aérien dans Mercier-Est, l’exclusion du secteur de Rivière-des-Prairies et l’absence d’une station à Montréal-Est? Pour Montréal-Est, la proposition Yaccarini-Savard inclut une station du REM sur le territoire (au grand plaisir de la mairesse Anne St-Laurent), pour tenir compte particulièrement des besoins du secteur au niveau de la mobilité des travailleurs et du développement anticipé de ce territoire dans les années à venir. Quant à Rivière-des-Prairies, on semble botter le ballon en touche pour laisser éventuellement le gouvernement du Québec trancher le dossier, donc c’est visiblement le statut quo pour le moment. Finalement, la fameuse question de l’aérien dans Mercier-Est demeure encore à évaluer, selon les signataires, et s’avère visiblement toujours épineuse, pour ne pas dire le point le plus sensible du projet. Toutefois, la proposition Yaccarini-Savard semble écarter dans ce quartier le modèle de viaduc (train surélevé) au profit soit d’une tranchée couverte, ouverte ou d’un rail de surface aux allées bordées de talus.

« Si éventuellement, malgré les coûts supplémentaires, le maître d’œuvre veut aller en souterrain dans le secteur de Souligny, tant mieux, on ne peut pas être contre ça. Mais si ce n’est pas possible financièrement, on pense qu’il existe des solutions qui ont déjà fait leurs preuves ailleurs dans le monde », affirme Christian Savard. Les porteurs du projet ont d’ailleurs mis beaucoup d’emphase sur ce point lors de la présentation de mercredi avec visuels à l’appui. Quant à Yaccarini, il insiste pour qu’un dialogue constructif s’installe entre les opposants d’un REM aérien dans l’est, concentrés dans Mercier-Est, et les promoteurs du projet. « J’aimerais qu’on travaille avec eux pour essayer de trouver des solutions plutôt qu’être seulement dans une dynamique d’opposition. Parce qu’il faut être réaliste, il va y en avoir un REM de l’est, peu importe que ce soit notre proposition ou une autre. Alors travaillons ensemble pour le réussir, trouver la meilleure solution, et ensemble on sera plus fort. Et pas dans 10 ans, il faut s’entendre maintenant si on veut que l’est ait enfin un vrai réseau de transport collectif justement dans 10 ans! » s’est exprimé le dirigeant de la SDA et ancien membre du comité aviseur du REM de l’est piloté par CDPQ Infra.

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Des appuis solides

La proposition Yaccarini-Savard était visiblement bien reçue par l’auditoire mercredi dernier, alors que toutes les personnes interrogées par EST MÉDIA Montréal n’avaient que des bons mots à son endroit, ou au pire, saluaient l’exercice de vouloir améliorer le projet et surtout de faire pression pour qu’il se concrétise dans un avenir rapproché. « C’est assez unanime je pense, il y a de l’enthousiasme, beaucoup de monde dans la salle. Ce que j’entends de la majorité des gens, c’est surtout merci de poursuivre le travail, de ne pas abandonner », a déclaré Christian Yaccarini à sa sortie de scène. Même son de cloche du côté de son collègue Christian Savard : « Personne jusqu’à maintenant lors de nos présentations a dit que notre proposition n’avait pas de sens, que ce n’était pas le bon niveau d’ambition. Donc la réception est très bonne jusqu’à maintenant, même si on est bien conscients que personne n’a aussi signé un chèque en blanc. Il reste encore beaucoup de travail à faire, d’évaluations et d’études avant le dépôt d’un projet final, alors laissons les experts faire leur boulot, en espérant que notre contribution, notre vision, soit prise en considération. J’ai l’impression que c’est le cas jusqu’à maintenant. »

Du côté de la Chambre de commerce de l’Est de Montréal, son président-directeur général, Jean-Denis Charest, se disait également très satisfait mercredi dernier de l’accueil de la proposition qu’il perçoit très positive jusqu’à maintenant. « Ce qui est mis sur la table en ce moment répond aux 5 critères que la Chambre a déjà exprimés pour faire du REM de l’est, selon nous, un projet viable pour l’est de Montréal. Il s’agit d’une vision ambitieuse certes, mais nécessaire, et j’invite fortement les décideurs publics à s’en inspirer », a déclaré M. Charest, qui animait la discussion avec les auteurs lors de la 2e partie de la présentation.

Soulignons par ailleurs que l’ARTM, selon le calendrier prévu, devrait présenter une nouvelle version du projet de REM de l’est au début de 2023.