RELEVER LES DÉFIS DU MARCHÉ DE L’EMPLOI AVEC LES ÉCOLES DES MÉTIERS
La formation professionnelle ouvre un grand champ de possibilités pour ceux qui se cherchent un métier en forte demande dans une vaste gamme de secteurs. La pénurie de la main-d’œuvre que connaît le marché de l’emploi au Québec fait en sorte que les occasions se multiplient à la sortie des écoles des métiers. Le développement économique de l’est de Montréal, où de nombreux postes sont à pourvoir dans des secteurs névralgiques, passe donc en partie par la formation professionnelle, et le Centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) présente une panoplie de programmes et de projets dans ce domaine.
Seulement dans l’est de la ville, on compte plus de 30 programmes de formations répartis dans les 4 écoles professionnelles. Ceux qui se cherchent une formation pourraient ainsi accéder à une cinquantaine de métiers. On y retrouve notamment des programmes en aérospatiale, tôlerie et usinage, soins de santé, esthétique, coiffure, mode, horticulture, informatique, commerce et administration.
Le portrait est clair : en ce moment, les besoins en main-d’œuvre sont grands et les salaires alléchants. Selon des données provenant du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, il y a 71 195 postes vacants actuellement dans la région de Montréal, et leur salaire horaire moyen est de 25,50 $. Il est particulièrement difficile de pourvoir des emplois demandant peu de compétences, qui représentent 60 % des postes vacants, d’après le MTESS.
La santé au cœur des préoccupations
Le secteur de la santé en est un qui fut particulièrement affecté par la pandémie et qui peine aujourd’hui à renflouer ses rangs, explique Josée Péloquin, jusqu’à tout récemment directrice de l’École des métiers des Faubourgs-de-Montréal (EMFM) et de l’École des métiers de l’Horticulture de Montréal (EMHM). « L’École des métiers des Faubourgs a un énorme secteur de la santé et c’est un domaine qui a fortement été touché par la pandémie et la pénurie de main-d’œuvre. On forme des infirmières auxiliaires, des assistantes techniques en pharmacie, des assistantes dentaires. Donc, la santé est au cœur de nos préoccupations et c’est un secteur où il y a énormément de besoins », souligne-t-elle.
En effet, durant la pandémie, l’EMFM a formé 2 000 préposés aux bénéficiaires dans le cadre de la formation accélérée, ainsi que 600 élèves dans le cadre de la formation régulière. De plus, pour ce qui est du programme de formation accéléré des infirmières auxiliaires, 220 élèves étaient inscrits en mars 2022 et ils devraient obtenir un diplôme en mars 2023. Parallèlement, l’EMFM a environ 1 900 élèves inscrits en formation régulière.
Pourtant, ce sont encore 600 personnes qui sont sur une liste d’attente pour débuter le programme d’infirmière auxiliaire à cause du manque d’espace dans les installations de l’EMFM, souligne Mme Péloquin. « Ce n’est pas parce que la demande de main-d’œuvre n’est pas là. C’est sûr que si on avait plus de locaux, plus de dispositifs de formation, on pourrait augmenter l’offre de service et répondre à ces enjeux-là. »
Dans cette optique, et parce qu’on souhaite revitaliser certains bâtiments vétustes de son parc immobilier, le CSSDM vise la création du pôle FP, un lieu entièrement rénové et dédié aux élèves de formation professionnelle. Dans un projet qui est encore sur la table à dessin, l’École des métiers des Faubourgs-de-Montréal, ainsi que l’École des métiers de l’informatique, du commerce et de l’administration de Montréal (EMICA) viendraient ainsi s’installer au 3737, rue Sherbrooke Est, dans les anciens bureaux administratifs du CSSDM, qui feront éventuellement l’objet d’un chantier majeur. Ceci permettrait une localisation stratégique et accessible, avec la proximité d’autres établissements scolaires. Un vaste espace de plus de 50 000 mètres carrés dédié aux élèves de FP et à la formation de la main-d’œuvre de demain.
Métiers de l’horticulture, des technologies et de l’aérospatiale
Pour ceux qui ont le pouce vert, les possibilités d’embauche sont aussi intéressantes, puisque 3 des 4 programmes offerts à l’EMHM touchent les professions jugées en déficit de main-d’œuvre pour la région de Montréal, selon la publication « État d’équilibre du marché du travail, à court et moyen termes », produite en 2021 par le gouvernement du Québec. L’horticulture et la jardinerie, la réalisation d’aménagement paysager, ainsi que les spécialités en horticulture, offrent toutes un emploi à portée de main. De plus, les élèves en horticulture ont la chance de pouvoir accéder au Jardin botanique pour certains de leurs cours.
Les employeurs peinent aussi à combler les postes dans les domaines du service à la clientèle et des technologies, note-t-on au CSSDM. Des partenariats sont développés avec des entreprises locales pour faciliter la transition entre le milieu scolaire et celui du marché du travail, notamment à l’EMICA. Afin de rendre les programmes plus attrayants, l’établissement offre maintenant plusieurs modalités d’enseignement pour « répondre au rythme de vie des élèves d’aujourd’hui ». Ceci inclut la formation en ligne, qui comprend un horaire de cours magistral avec présence obligatoire, mais à partir d’un ordinateur. De plus, de la formation autonome à distance, qui évolue au rythme des élèves, sans à avoir à suivre un horaire fixe, est offerte pour le programme de comptabilité.
Enfin, le secteur québécois de l’aérospatiale connaît aussi des besoins sans précédent en matière d’embauche : selon un diagnostic effectué par le Comité sectoriel de main-d’œuvre en aérospatiale du Québec, 1 500 postes étaient vacants au début de 2021.
L’École des métiers de l’aérospatiale de Montréal (EMAM) – la plus grande école-usine en Amérique du Nord – offre donc aussi des avenues attrayantes. L’EMAM travaille en partenariat avec toute l’industrie de l’aérospatiale afin d’offrir des formations actualisées, des stages rémunérés et des cours individualisés. La demande de main-d’œuvre est grande dans le secteur de l’aérospatiale, qui compte 35 corps de métiers au Québec, ainsi que plus de 200 PME et grandes entreprises. En outre, plus de 75 % de la recherche et du développement canadien en aérospatiale se font dans la grande région de Montréal.
Par ailleurs, une passerelle du secondaire à l’université a récemment été annoncée. À l’école secondaire Louis-Riel, l’option Aéro2 développée de concert avec l’EMAM permet aux élèves d’obtenir une double diplomation : un diplôme d’études secondaires et un diplôme d’études professionnelles en montage mécanique. Du secondaire 1 à 3, les élèves suivent des cours avec la société Aviation connexion. En secondaire 4 et 5, les cours du DEP sont intégrés à leurs cours réguliers. Une fois leurs diplômes en main, les finissants bénéficient d’un passage vers l’École nationale d’aérotechnique, avec la possibilité de poursuivre leur parcours scolaire vers Polytechnique Montréal ou l’Université Concordia.
Trouver une formation à la taille de ses ambitions peut s’avérer un défi; il en est de même pour la recherche du candidat parfait qui saura combler les besoins d’une entreprise, processus qui s’avère plus que jamais un parcours semé d’embuches pour les PME. Pourtant, cette épreuve, les entreprises, institutions et travailleurs de l’est de Montréal devront la relever ensemble, afin de répondre à la nouvelle réalité du marché de l’emploi, mais aussi parce que ce territoire est appelé à connaître d’importants développements au cours de prochaines années. Que ce soit en santé, en environnement, en technologies, dans les industries innovantes ou dans tout autre domaine connexe, les écoles des métiers de l’est prendront sans aucun doute une part active au futur développement de l’est de Montréal.