(Courtoisie Commission de la représentation électorale du Québec)

REFONTE DE LA CARTE ÉLECTORALE : LES VOIX DE L’EST ESSAIENT TOUJOURS DE SE FAIRE ENTENDRE

La proposition déposée en septembre dernier par la Commission de la représentation électorale du Québec (CRE) concernant la révision de la carte électorale québécoise a continué de diviser les élus présents à l’Assemblée nationale la semaine dernière. Le rapport préliminaire de la CRE visait notamment la suppression de deux circonscriptions en territoire montréalais, dont celle d’Anjou–Louis-Riel dans l’est.

L’une des deux seules circonscriptions caquistes de Montréal, Anjou–Louis-Riel, serait donc éliminée puis annexée aux circonscriptions de Camille-Laurin et de Rosemont, selon le rapport déposé le 19 septembre 2023. En suivant cette avenue, Camille-Laurin se départirait quant à elle du territoire de l’Assomption, qui serait annexé à la circonscription d’Hochelaga-Maisonneuve. Rosemont dirait alors au revoir à une partie de ses électeurs situés à l’ouest et récupérés par la circonscription de Gouin.

La CRE était de retour en commission parlementaire les 13, 14 et 15 février derniers pour débattre de nouveau de sa proposition de refonte, toujours mal reçue par les territoires montréalais concernés et vivement rejetée par les élus qui les représentent. 

D’entrée de jeu, la porte-parole de l’opposition officielle pour la Métropole et députée de Jeanne-Mance–Viger, Filomena Rotiroti, a précisé que la Ville d’Anjou, malgré sa fusion avec Montréal, « a toujours gardé son identité propre, tellement que leur devise est “Anjou pour la vie” ». Elle se dit entre autres très étonnée de voir que dans la réforme proposée, le nom « Anjou » serait voué à disparaître complètement.

« Il y a eu une forte mobilisation, des acteurs socioéconomiques et des anciens élus, pour dire que la disparition du comté serait catastrophique », a martelé Mme Rotiroti, lors de la Commission de l’Assemblée nationale du 14 février dernier. « Quand vous regardez le nombre d’électeurs dans Anjou, c’est plus ou moins 42 000, mais la démographie réelle est au-delà de 63 000 électeurs, et ça, ce n’est pas pris en considération dans la redistribution de la carte. C’est quand même 20 000 personnes de plus qu’on dessert et qui se retrouvent nulle part dans la réforme. »

Elle ajoute également qu’avec ces pertes de circonscriptions, c’est surtout l’est qui en subit les conséquences, alors que la zone est « en pleine expansion » et que de celle-ci découlera une « densification et une croissance d’électeurs dans le comté ».

(Image tirée du rapport préliminaire de la CRE)

Le débat continue pour les députés de l’est 

Comme plusieurs élus de l’est de la métropole, la députée de la CAQ dans Anjou–Louis-Riel, Karine Boivin Roy, avait elle aussi évoqué son désaccord total avec cette proposition, à l’automne dernier. Elle avait notamment avancé qu’avec la décision de supprimer cette circonscription, des résidents de l’est, qu’ils soient en mesure de voter ou non, seraient alors mis de côté, eux qui représentent une partie importante de la communauté.

La députée a réitéré, lors de la séance du 14 février, « une demande qui fait un large consensus au sein de la communauté d’Anjou–Louis-Riel », soit celle de ne pas soustraire la circonscription de l’échiquier électoral. En annonçant « en ajouter une couche » à la suite des débats tenus lors de la rencontre parlementaire avec la CRE le 2 novembre dernier, Mme Boivin Roy affirme que la population montréalaise demande à l’unisson que les 27 circonscriptions de l’île de Montréal soient maintenues. Élus, résidents, organismes communautaires ou gens d’affaires, tous sont convaincus qu’il est dommageable de soustraire ce comté, et encore plus dans l’est de Montréal.

Karine Boivin Roy compare l’enjeu actuel à un « nuage qui menace l’équilibre démocratique » et qui « enlève une voix à la population de l’est ». Selon la députée, un raisonnement similaire, malgré des arguments divers, habite les opposants à la suppression du comté d’Anjou–Louis-Riel. « En élimant la circonscription, c’est un pan de l’histoire électorale du Québec qui disparaitrait. On irait enrayer le toponyme d’Anjou de la carte électorale québécoise », a avancé la députée. Elle ajoute que la proposition de la CRE divise et dénature, puisque que le nouveau comté formé s’étendrait du fleuve jusqu’au boulevard Henri-Bourassa, et ce, « malgré une composition territoriale assez éclectique au niveau de la démographie. »

Le député de Québec solidaire pour le comté de Hochelaga-Maisonneuve, Alexandre Leduc, avait quant à lui qualifié, il y a quelques mois, de « mauvaise nouvelle » l’élimination de la circonscription d’Anjou–Louis-Riel, croyant plus judicieux d’ajouter des sièges à l’Assemblée nationale que d’en retirer. 

M. Leduc ne s’oppose toutefois pas au remodelage des frontières de la circonscription d’Hochelaga-Maisonneuve. Lors de la commission, il a affirmé que bien qu’il préférerait « un maintien tel quel d’Hochelaga-Maisonneuve », il voit « une certaine logique » dans cette redéfinition des limites de la circonscription, notamment la cession d’une partie de son territoire au comté de Sainte-Marie–Saint-Jacques, représenté par la députée de Québec solidaire Manon Massé. Il justifie cette position en expliquant que « parfois, les gens de ce secteur ne comprennent pas ou se demandent pourquoi ils votent dans Hochelaga-Maisonneuve », et que c’est également le cas pour les électeurs du segment municipal appartenant « administrativement » à Rosemont–La Petite-Patrie. Alexandre Leduc a ajouté que si l’élargissement de sa circonscription vers Mercier-Est permettait de gagner des électeurs, tout en restant dans le même arrondissement, cela ferait « un certain sens et n’est pas complètement exagéré. » Il se dit toutefois surpris de la proposition « Rosemont-Louis-Riel/Camille-Laurin-Anjou » et croit qu’il aurait été plus judicieux de garder Louis-Riel du côté de Camille-Laurin et de Mercier-Est, expliquant que cette segmentation aurait fait deux circonscriptions pour le même arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve.  

Quelle sera la conclusion de ce débat concernant la refonte de la carte électorale du Québec? Selon les prévisions avancées, la nouvelle mouture, repensée par la Commission de la représentation électorale, devrait être prête pour les élections générales de 2026. 

 

Pour connaître la position sur le dossier du député de Camille-Laurin et chef du Parti Québécois, Paul St-Pierre Plamondon,  visionnez la vidéo suivante :

www.youtube.com/watch?v=1VJY6WPdg3U&t=1s