Recyclage Lithion a développé une technologie permettant de récupérer et recycler près de 90 % des composantes de batteries au lithium-ion, dont les batteries de véhicules électriques (photos : EMM).

LITHION : L’INNOVATION VERTE AU CŒUR DE L’EST

Recyclage Lithion est une compagnie qui a pris forme chez Seneca experts-conseils, une firme de consultation en ingénierie basée à Anjou. Les trois associés de Seneca possèdent une vaste expérience dans le développement de procédés industriels. En 2017, la compagnie a décidé de s’attaquer au recyclage des batteries lithium-ion, dû à la demande croissante pour ce genre de service au niveau international.

Seneca experts-conseils existe déjà depuis un quart de siècle. À l’habitude, l’entreprise développe des procédés technologiques pour leurs clients. Voyant une forte demande mondiale pour le recyclage de batteries, la compagnie a décidé d’entamer un processus de développement et de recherche cette fois-ci par elle-même. Après avoir obtenu de bons résultats à la suite de tests faits en laboratoire, les membres de l’équipe de Seneca expert-conseil ont pris la décision de créer une usine pilote en 2018. C’est à ce moment que Recyclage Lithion est née.

Fait assez surprenant, la technologie développée par Lithion pour  faire du recyclage de batteries lithium-ion… est une des plus prometteuse dans le monde! « C’est encore une industrie assez nouvelle, explique Jean-Christophe Lambert, responsable du développement des affaires chez Lithion. La fabrication de batteries pour les véhicules électriques est une industrie qui prend de l’ampleur partout sur la planète. Mais, le recyclage en soi, c’est encore un problème. Il y avait déjà des solutions disponibles, mais ça impliquait de brûler les batteries pour aller chercher les métaux de valeur, comme le cobalt et le nickel. Mais, brûler des batteries, c’est loin d’être bon pour l’environnement… »

Jean-Christophe Lambert explique que les batteries sont préalablement broyées et les matériaux triés avant que les procédés de traitement soient lancés pour la récupération de certaines matières comme le cobalt, le lithium, etc.

Actuellement, les fabricants automobiles focalisent leurs énergies afin de sortir chaque année de nouveaux modèles de véhicules électriques. Une batterie peut avoir une durée de vie entre dix à quinze ans. Le recyclage arrive donc beaucoup plus tard dans le processus d’innovation. Comme cela prend des années à une industrie pour se rendre compte qu’un jour, elle va frapper un mur, le recyclage de batteries aujourd’hui devient de plus en plus urgent. « Maintenant, on se retrouve avec 200 000 tonnes de batteries à recycler par année, explique Monsieur Lambert. Et en 2040, on prévoit 7 millions de tonnes de batteries à recycler à travers le monde. » Ouch.

Toutes sortes de batteries au lithium-ion sont actuellement traitées à l’usine pilote d’Anjou, dont les batteries de véhicules électriques, de vélos électriques, de cellulaires, d’ordinateurs, etc.

Un véhicule électrique va produire moins de gaz à effet de serre lors de son utilisation. Mais, la production de la batterie, elle, est très polluante. Malgré que les temps changent, selon le responsable du développement des affaires chez Lithion, et que la production de batteries devient de plus en plus écoresponsable, lorsqu’on intègre le recyclage dans l’ensemble de l’écosystème, toutes les raisons sont alors bonnes pour acheter une automobile électrique. « En utilisant l’hydrométalurgie chez Recyclage Lithion, on a développé de très hauts standards au niveau du respect de l’environnement. Nous souhaitons une usine avec la plus basse empreinte environnementale possible, mais également, en recyclant les batteries, on évite l’ouverture de nouvelles mines. » Les mines ont de multiples impacts sur l’environnement, notamment sur les cours d’eau. En pouvant aller chercher le maximum de matériaux dans les batteries déjà existantes, il est possible de remettre sur le marché beaucoup de nouvelles batteries, sans devoir aller chercher les matières premières dans le sol.

La quête du Graal pour les entreprises de recyclage de batteries au lithium-ion se trouve dans cette matière extraite des batteries, composée de graphite mais aussi, et surtout, de matières premières précieuses. Le nerf de la guerre est de les extraire avec le plus de pureté possible.

L’usine est encore à l’étape de recherche et de développement et est financée principalement à l’aide de subventions gouvernementales. L’usine pilote est opérationnelle depuis le début de l’année 2020 et elle détient une capacité de recycler 200 tonnes de batteries par année. Le but des entrepreneurs derrière Lithion est de poursuivre le développement de leur technologie afin de la peaufiner, avant de se lancer dans une usine commerciale. L’entreprise discute actuellement avec les fabricants automobiles partout à travers le monde et espère lancer officiellement leur première usine commerciale en 2023. L’usine pilote recycle actuellement tous les types de batteries lithium-ion , incluant les batteries de cellulaire.

Participer à l’essor économique de l’est de Montréal

Lithion et Seneca, deux entreprises localisées à Anjou, souhaitent ainsi, grâce à leur nouvelle technologie, créer un essor économique dans l’est de Montréal. « On croit que l’est de Montréal est une région qui est en train de se développer, s’enthousiasme Jean-Christophe Lambert. Le secteur des technologies propres nous tient vraiment à cœur. On espère qu’il va se construire un écosystème autour du développement durable, autant dans le domaine des batteries que dans d’autres secteurs. On souhaite aider à propulser les entreprises d’ici avec cette vocation. »


Le dossier spécial « L’EST EN DÉVELOPPEMENT 2020» a été rendu possible grâce à la collaboration des partenaires suivants :