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RDV DE l’EST : DES DÉFIS MAIS AUSSI DE L’ESPOIR POUR LES MANUFACTURES ET INDUSTRIES

L’état de santé du secteur manufacturier de l’est de la ville a alimenté bien des discussions lundi dernier lors du grand RDV de l’Est – Manufacture et Industrie. Organisé par la Chambre de commerce de l’Est de Montréal (CCEM), l’événement rassemblait des gens d’affaires oeuvrant dans l’industrie manufacturière et des élus venant tour à tour faire une présentation ou participer à des discussions sur les enjeux du secteur.  

D’entrée de jeu, le président de la CCEM, Jean-Denis Charest, a rappelé à quel point, le contexte actuel n’est pas des plus faciles pour les entreprises du secteur. « Des entreprises industrielles et manufacturières souffrent en ce moment », a-t-il tenu à rappeler au début de la matinée. 

En entrevue avec EST MÉDIA Montréal, M. Charest a notamment mentionné que la grève des débardeurs au Port de Montréal a envenimé la situation. « À court terme, il faut régler ce qui se passe au Port de Montréal et, à moyen terme, il va falloir trouver une façon pour ne pas être constamment en conflit de travail parce que ça touche toute l’économie », croit-il.

Le PDG de la CCEM, Jean-Denis Charest. (Courtoisie)

Parmi les invités appelés à participer à un panel de discussion, on retrouvait justement Mélanie Nadeau, vice-présidente aux affaires publiques et relations avec les communautés du Port de Montréal. Cette dernière a indiqué rapidement que « le Port de Montréal est un acteur de soutien pour les entreprises du secteur manufacturier » et que chaque jour de grève « coûte 400 M$ à l’économie »

Fermeture d’Indorama

Annoncée en août dernier, la fermeture de l’usine de production d’acide téréphtalique purifié (PTA) Indorama, à Montréal-Est, est aussi venue alimenter les discussions. Pour Dimitri Tsingakis, président-directeur général de l’Association industrielle de l’est de Montréal (AIEM), ce départ s’inscrit dans une continuité alarmante pour les industries. « La situation n’est pas rose depuis 2003. Près de la moitié des entreprises du secteur industriel ont aujourd’hui cessé leurs activités », a-t-il précisé.  

Frédérick Comeau, président-directeur général d’Alpek, a quant à lui indiqué que cette fermeture qui « brise la chaîne du polyester » a poussé son entreprise a se tourner vers l’international pour s’approvisionner. « Ça fragilise l’écosystème d’expertise et le savoir-faire d’ici », a-t-il commenté.  

M. Charest a d’ailleurs confirmé avec EST MÉDIA Montréal l’importance de cet écosystème d’expertise. « Grâce à cet écosystème, on va pouvoir par la suite attirer d’importants projets structurants sur nos grands terrains stratégiques. C’est pour ça qu’on se mobilise aujourd’hui. » 

La transition écologique et numérique 

Des lueurs d’espoir sont toutefois venues ponctuer les interventions du RVD de l’Est. Dans un avenir proche, la question de l’environnement pourrait notamment venir appuyer le déploiement d’entreprises dans l’est de Montréal. Dimitri Tsingakis a d’ailleurs rappelé que « l’industrie manufacturière a une place dans cette transition écologique »

Audrey Bonin, directrice au développement des affaires en innovation chez Investissement Québec, a quant à elle souligné l’importance d’amorcer un virage technologique afin d’aider les entreprises dans cette transition.  « Les entreprises du Québec doivent s’automatiser pour augmenter leur productivité. Par exemple, la robotisation aide à standardiser les produits et les processus ». Cette dernière ajoute qu’elle ne perçoit pas l’automatisation ou l’intelligence artificielle comme une menace pour les employées, au contraire, « lautomatisation augmente la qualité de vie ».

Christopher Skeete, ministre délégué à l’Économie et à la Lutte contre le racisme, a rappelé dans un discours présenté en fin de matinée que son gouvernement avait récemment investi 240 M$ dans le virage numérique. 

Retrouver la fierté du secteur manufacturier 

Au cours des panels de discussion, il a aussi été question d’une fierté à retrouver pour le secteur manufacturier. M. Tsingakis s’en désole. « On a perdu la fierté du secteur manufacturier et industriel, et on a maintenant de la difficulté à recruter des jeunes », explique-t-il.

Stéphane Lamarre, président du Regroupement des industriels de Montréal-Nord (RIMN), a quant à lui conseillé à la classe politique de faire un plan sur 10 ans pour relancer le secteur et lui redonner « la fierté de fabriquer plutôt que de consommer »

Rester compétitif à l’échelle mondiale

Autre grand défi pour l’industrie manufacturière de l’est de Montréal : concurrencer l’internationale. M. Lamarre a dénoncé la dépendance du Canada à la Chine en rappelant que ce pays produit « 40 % de tous les biens du monde moderne ».  

Le ministre Skeete a pour sa part mentionné au cours de son allocution que « la compétition est mondiale avec des acteurs de plus en plus féroces ». Pour ce dernier le Québec serait « parmi les meilleurs au monde en environnement. La planète entière veut se décarboner et veut passer par le Québec pour le faire. Les gens veulent notre énergie. »

Des projets porteurs de l’est de Montréal 

Des représentants  des entreprises le Groupe ONYM de Montréal-Est et Polystyvert d’Anjou étaient d’ailleurs présents à l’événement pour démontrer comment la province peut devenir un chef de file en environnement. 

Mustapha Ouyed, vice-président exécutif pour le Groupe ONYM, spécialisé dans la transition énergétique, est venu présenter deux projets de construction d’usines commerciales prévus pour 2025 et 2026. Pour M. Ouyed, les entreprises qui entament un virage vert évitent la pénurie de main-d’œuvre. « Plus vous verdissez votre image, plus vous attirez des employés », croit-il. 

Virginie Bussières, vice-présidente, relations externes et partenariats chez Polystyvert. (Courtoisie de Polystyvert)

Étoile montante de la pétrochimie verte, l’entreprise Polystyvert, spécialisée jusqu’à récemment dans le recyclage du polystyrène, a aussi présenté ses plans d’expansion. Cette croissance devrait même entrainer un changement de raison sociale. « On est train d’appliquer notre technologie à d’autres plastiques comme l’ABS », nous a confié en entrevue Virginie Bussières, vice-présidente, relations externes et partenariats de cette entreprise fondée en 2011. « Polystyvert, ça devient un peu trop restreint à un seul plastique », annonce-t-elle avant d’avouer que l’entreprise ne s’est pas encore arrêtée sur un nouveau nom.

Nathalie Morin, présidente et cheffe de la direction chez Polystyvert. (Courtoisie de Polystyvert)

Si cette nouvelle identité n’est toujours pas trouvée, la compagnie n’en est pas moins proactive. « On part en Europe ce soir en tournée de trois semaines de conférences, de rencontres avec des délégations, des clients, des investisseurs potentiels. Ça bouge chez Polystyvert! », a précisé Mme Bussières.

En phase avec son expansion, l’entreprise vise la construction d’une nouvelle usine commerciale à Anjou. Nathalie Morin, présidente et cheffe de la direction chez Polystyvert, nous a d’ailleurs partagé en entrevue tout son attachement à ce quartier de Montréal : « C’est les racines! Pour une entreprise comme nous, être près de ses origines et des gens qui nous supportent, ça fait une énorme différence. »