Caroline Bourgeois, mairesse de RDP-PAT. Photo: Emmanuel Delacour/EMM.

RDP-PAT: UN PLAN D’ACTION POUR RENFORCER LE SENTIMENT DE SÉCURITÉ

Afin de réagir aux incidents violents qui ont eu lieu sur son territoire durant les derniers mois, l’arrondissement de Rivière-des-Prairies−Pointe-aux-Trembles a déposé hier un plan d’action en sécurité urbaine.

Cette intervention, qui s’échelonnera jusqu’en 2024, a été conçue en collaboration avec une trentaine d’acteurs, incluant le communautaire et les forces policières. Ces partenaires se sont rassemblés à partir de 2021 autour d’une Table en sécurité urbaine créée pour répondre aux nombreux actes criminels commis avec des armes à feu qui ont récemment ébranlé ce secteur au nord-est de la métropole.

Rappelons que le 25 mai dernier, une garderie du quartier avait été criblée de balles, puis d’autres coups de feu ont retenti le 27 mai au coin des avenues Jean-Darcet et Charles-Renard. Deux jours avant le dévoilement du plan, d’autres déflagrations se sont faites entendre à 3 h du matin près de l’intersection de l’avenue Fernand-Forest et de la rue Albertine-Morin. On se souviendra également, entre autres, qu’en août 2021, un triple homicide perpétré avec des armes à feu avait secoué l’arrondissement, et qu’à ce jour, quatre suspects, tous dans la vingtaine, ont été arrêtés par les forces de l’ordre dans cette affaire.

« Des événements comme ceux-là viennent miner la confiance et tout le travail qu’on mène sur le quartier, alors oui le sentiment de sécurité est atteint », a insisté Caroline Bourgeois, mairesse de RDP-PAT, lors de la présentation du plan hier après-midi. Toutefois, celle-ci a insisté sur le fait que son arrondissement demeure un territoire sécuritaire selon les statistiques. « C’est un quartier ou la criminalité est faible. »

Intervention commune

« La réponse ne sera pas que policière, ça ne sera pas que de la prévention ; c’est vraiment une communauté qui doit travailler ensemble », a par ailleurs souligné la mairesse en ouverture de conférence de presse.

Un court document de 11 pages qui a été dévoilé lors de l’annonce propose quatre axes d’intervention, soit une meilleure compréhension de la sécurité urbaine à l’échelle locale, la valorisation des jeunes dans le quartier, le sentiment de sécurité des citoyens et, enfin, les synergies et partenariats dans la communauté.

Le plan d’intervention été conçu en collaboration avec une trentaine d’acteurs, incluant le communautaire et les forces policières. Photo: Emmanuel Delacour/EMM.

Une enveloppe de 59 478 $, provenant du Programme d’action citoyenne et communautaire en sécurité urbaine, alloué par la Ville centre, est aussi prévue pour appuyer l’initiative de l’arrondissement.

En plus de ce plan, la mairesse a souligné que la présence policière dans les quartiers touchés avait été augmentée par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) durant les derniers mois et que l’administration municipale avait multiplié les interventions auprès du gouvernement fédéral pour améliorer le contrôle des armes à feu.

La mairesse plaide aussi pour des actions préventives, effectuées de manière « précoce en créant un environnement qui est favorable à l’engagement positif de notre jeunesse pour obtenir des résultats durables. »

« Il n’y a pas de solution miracle, il n’y a pas de baguette magique aujourd’hui. On en convient tous, la violence est un enjeu qui est très complexe. Mais on doit attaquer ce problème sur tous les fronts et, surtout, unir nos forces », a martelé Mme Bourgeois.

Son collègue à l’Opposition, le conseiller de la Ville du district de Rivière-des-Prairies, Giovanni Rapanà, reconnaît que la question de sécurité préoccupe beaucoup ses concitoyens par les temps qui courent. « Il y a beaucoup d’inquiétude de la part de la population et personne ne reste indifférent à cette série de fusillades qui a secoué l’arrondissement et le quartier de Rivière-des-Prairies. Il faut créer un climat de sécurité et rassurer les citoyens. Malheureusement, ce n’est pas facile. La première chose à faire, c’est d’assurer la présence policière sur le terrain », a-t-il indiqué.

« Rivière-des-Prairies reste un beau quartier. Malheureusement, ce qui arrive en ce moment, c’est un problème de société qui ne se limite pas à notre quartier, mais qui touche toute la société québécoise », a ajouté le conseiller.

Portrait de la criminalité dans RDP-PAT

« Quand on parle du quartier, on a une baisse de criminalité [ depuis les dernières années ] », a affirmé d’entrée de jeu Éric Breton, commandant du poste de quartier 45.

Celui-ci constate toutefois un nouveau phénomène depuis les deux dernières années qui implique les groupes criminalisés, souvent constitués de jeunes, qui se narguent sur les réseaux sociaux, tel que Snapchat par exemple. « La finalité se retrouve dans nos rues. On se trouve cependant face à un criminalité désorganisée, donc on ne fait pas nécessairement face a une problématique de trafic [ d’armes à feu ] ici, dans le quartier », a-t-il poursuivi.

Selon son plus récent rapport datant de 2019 sur la criminalité dans Rivière-des-Prairies, le SPVM indique que « la criminalité du PDQ 45 a diminué de 23 % depuis 10 ans (2010-2019) » et que « la baisse du nombre de crimes contre la personne (-19 %) y est plus importante que la moyenne sur l’ensemble du territoire du SPVM (-4 %), plus spécifiquement pour les voies de fait, dont la diminution de 31 % est la deuxième plus forte parmi les 31 PDQ. »

Cependant, le portrait révèle à quel point les jeunes sont les plus vulnérables dans ce quartier de la métropole. En effet, « dans le PDQ 45, près du quart des victimes de violence (23,0 %) étaient d’âge mineur (0-17 ans) en 2019, une proportion significativement supérieure à celle de l’ensemble du territoire (14,3 %) », révèle le document.