Éric St-Arnaud, directeur général de Renaissance Québec, devant le Centre d’impact Renaissance (Emmanuel Delacour/EMM)

Le Centre d’impact Renaissance ouvre ses portes à RDP

Un an après la première pelletée de terre, le Centre d’impact de Renaissance a officiellement ouvert ses portes à Rivière-des-Prairies (RDP). Il s’agit désormais de la plus grande installation de l’organisme à but non lucratif (OBNL), dont la mission sociale comprend la revalorisation des biens et la réinsertion socioprofessionnelle des personnes ayant de la difficulté à retourner sur le marché du travail.

C’est tout d’abord au niveau local que le centre aura le plus « d’impact » comme son nom l’indique, explique Éric St-Arnaud, directeur général de Renaissance Québec. En effet, environ 150 emplois sont en voie d’être créés au fur et à mesure que l’établissement déploie ses services.

D’immenses ballots de linge sont entreposés pour expédition vers des entreprises de recyclage (Emmanuel Delacour/EMM)

« Il faut se rappeler que le but de tout cela, c’est de répondre à une mission sociale, environnementale et économique de l’organisation. Donc, c’est pour aider un plus grand nombre de personnes à pouvoir intégrer le marché du travail. S’installer dans l’Est [allait de soi], parce que c’est un territoire qui a de grands besoins et des personnes avec des défis. C’est un terreau fertile idéal pour venir aider les gens avec notre mission », souligne le directeur général.

Celui-ci rappelle qu’à terme, le projet permettra de doubler la quantité annuelle de matière détournée par Renaissance des sites d’enfouissement à l’échelle provinciale, pour atteindre les 50 000 tonnes d’ici 2030. L’immense centre de dons reçoit quotidiennement des cargaisons d’articles invendus qui sont triés et revendus, ou envoyés aux partenaires de l’organisme, incluant des entreprises spécialisées en recyclage.

Plusieurs services sous un même toit

Sous un même toit, situé au 10600, boulevard Maurice-Duplessis, sont rassemblés un centre de distribution, un magasin Kilo, un centre de dons, un centre d’aide à l’emploi, une friperie et un espace dédié à la recherche et au développement textile. Le centre d’aide à l’emploi et la friperie ouvriront leurs portes au printemps prochain, tandis que l’espace de recherche est toujours en planification. L’édifice de 160 000 pieds carrés représente un investissement de 45 M$ pour l’OBNL.

Le concept du magasin Kilo permet d’acheter des articles au poids (Emmanuel Delacour/EMM)

« Réussir à faire un bâtiment de cette envergure, de créer des emplois et un modèle structurant pour une économie locale et québécoise, c’est unique! Ça ne peut pas être racheté ou délocalisé. On appartient à la collectivité », insiste M. St-Arnaud.

En plus de redonner une deuxième vie à des articles usagers, Renaissance offre un programme d’insertion socioprofessionnelle et des services d’aide à l’emploi. La ressource qui sera mise en place au Centre d’impact de RDP permettra à près de 200 personnes qui éprouvent des difficultés à trouver un emploi à développer les compétences et à retourner sur le marché du travail chaque année.

« Tous ces programmes-là font en sorte que l’année dernière, on a aidé plus de 3 600 personnes. Cette année, on s’attend à ce que ce soit environ 4 000. Le véritable succès dans tout ça, c’est l’écosystème qui fait en sorte que dans notre organisation, les taux de placement dépassent les 80 %. C’est 80% des gens qui passent dans notre programme qui réussissent non seulement à passer le programme, mais en plus à se trouver un emploi puis être stables », explique le directeur général.

S’il faut attendre encore quelques mois avant de voir s’ouvrir la nouvelle friperie sur le boulevard Maurice-Duplessis, un autre type de commerce inusité attire déjà les foules. Au moment de visiter les lieux, EST MÉDIA Montréal (EMM) a pu constater que des dizaines de personnes étaient sur place dans le magasin « Kilo ».

Cette clientèle s’affairait un jeudi matin à fouiller dans d’immenses bacs remplis de divers articles pêle-mêle. Au même endroit, se trouvaient des vêtements, des articles de sport, des jouets et des appareils électroniques, le tout non classé. Comme le nom de la boutique l’indique, les objets sont vendus au poids, selon la matière et à un prix très réduit. Une chemise par exemple pouvait être achetée à 90 sous, une aubaine même pour un magasin de seconde main.

« C’est vraiment un modèle différent, vous ne venez pas comme dans un Renaissance traditionnel chercher un pantalon de taille 32 et de couleur noire. Là, c’est plus un événement où vous vous dites : « Je m’en viens magasiner une heure ou deux, parce qu’il faut fouiller ». Je remarque chez les jeunes qui viennent en gang, ils s’organisent des événements et en ressortent avec des sacs pleins », explique le directeur général.

Recherche et développement

Au total, environ 150 personnes seront employées au Centre d’impact (Emmanuel Delacour/EMM)

Renaissance continuera d’accroitre ses opérations dans l’édifice durant les prochaines années, notamment en poussant son projet de recherche et de développement dans le recyclage de textile. L’OBNL a déjà un partenaire essentiel pour son « Lab Renaissance » : le centre de recherche et d’innovation en habillement Vestechpro, situé au Collège Marie-Victorin.

« Notre premier objectif, c’est probablement de créer une première ligne de tri, automatisée ou semi-automatisée. (…) Le recyclage textile, il y a la partie collecter et la partie où il faut démanteler [les matériaux]. Quelqu’un en fera peut-être de l’isolation ou du recyclage. Mais avant tout, il faut trouver des partenaires, parce que Renaissance ne peut pas tout prendre ça sous son aile, il faut créer un écosystème », insiste M. St-Arnaud.

Les espaces encore disponibles pourraient donc être utilisés pour aménager de la machinerie de triage automatique, qui est encore à développer. La grande difficulté, explique le directeur général, est de différencier les matières dans un article pour les séparer adéquatement avant le processus de recyclage. « C’est l’enjeu majeur des projets de recherche dans le textile. », explique-t-il en terminant.