
Photo tirée du site web de Ray-Mont Logistiques
14 avril 2025RAY-MONT LOGISTIQUES VA DE L’AVANT, UN BOUCLIER VERT PRÉVU PAR LA VILLE
La Ville de Montréal donnera le feu vert au projet de plateforme de transbordement de Ray-Mont Logistiques. Cette décision survient à peu près un mois après la sortie d’un rapport de l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) recommandant aux parties de retourner à la table à dessin. Montréal prévoit également un investissement de 88 M $ pour la création d’un « bouclier vert » visant à protéger la qualité de vie des citoyens du secteur.
La Ville a annoncé lundi matin un règlement d’emprunt de 88 M $ pour ceinturer une partie du secteur industriel de l’Assomption-Sud—Longue-Pointe. On prévoit l’aménagement du parc linéaire sur la friche du CN, qui s’étend de la rue Notre-Dame jusqu’au boisé Steinberg. S’ajoutent la revitalisation complète de la rue Hochelaga ainsi que l’aménagement et la décontamination de terrains stratégiques, notamment ceux du boisé Steinberg.
Ce sont surtout les nuisances liées aux activités du site de Ray-Mont Logistiques que l’on cherche à réduire grâce à cette enveloppe. On apprenait la semaine dernière que le projet de l’entreprise se concrétisera grâce aux dérogations obtenues dans le cadre des négociations de l’entente hors cours avec Montréal. Rappelons que Ray-Mont Logistiques poursuivait jusqu’à tout récemment la Ville à la hauteur de 373 M $ en dommages en raison des refus de lui accorder les permis nécessaires pour mettre en place sa plateforme de transbordement de conteneurs.

La conseillère de la Ville, Alia Hassan-Cournol (Courtoisie Ville de Montréal)
Interrogée sur la pertinence des montants annoncés par la Ville pour préserver la qualité de vie des citoyens malgré la poursuite des activités de Ray-Mont Logistiques, la conseillère de la Ville dans MHM, Alia Hassan-Cournol, reconnaît qu’il s’agit d’investissements substantiels. « Je tiens à rappeler que le projet de Ray-Mont Logistiques, l’administration de Projet Montréal, que ce soit il y quatre mandats, trois mandats, deux mandats, et ce mandat-ci, on n’en voulait pas. C’est bien sûr qu’on va mettre les investissements pour améliorer la qualité de vie des citoyens et des citoyennes. Maintenant, il faut aussi rappeler qu’on a perdu deux fois en cours, dont en cours d’appel, et que l’entreprise a le droit d’opérer », insiste l’élue.
On veut donc véritablement « encercler de vert » le site de Ray-Mont Logistiques. La création d’un mur antibruit, aussi prévue aux frais de la Ville, ne fait pas partie de ce règlement d’emprunt, précise Mme Hassan-Cournol.
Pour sa part, l’entreprise annonçait mercredi dernier neuf mesures qu’elle s’engage à prendre pour améliorer l’aménagement de son site. Ray-Mont prévoit participer au déploiement de stations de mesures pour la captation des niveaux sonores et de la qualité de l’air dans le secteur.
L’entreprise compte aussi planter 184 arbres sur son site et 1610 autres sur différents terrains des alentours, en collaboration avec l’arrondissement de MHM. Des toits verts sur les bâtiments construits font aussi partie des engagements, ainsi que la création d’outils de communication avec la communauté.
De la « poudre aux yeux »
À la Mobilisation 6600, un groupe citoyen en opposition aux activités de Ray-Mont Logistiques, on dénonce le fait que la Ville se plie aux exigences de l’entreprise, plutôt que de retourner à la table de négociation, comme recommandé par l’OCPM. Les mesures de mitigation mises de l’avant par la Ville et Ray-Mont, qui découlent de l’entente hors cours, ne sont pas suffisantes, selon Cassandre Charbonneau Jobin, porte-parole du groupe.
« C’est de la poudre aux yeux. L’essentiel de ces mesures a déjà été décidé lors d’un groupe de travail thématique avec les citoyens, dont j’ai fait partie. (…) Toutes les choses énoncées ont déjà été décidées par l’entreprise en 2021 », souligne-t-elle.
Un geste significatif de la part de l’entreprise aurait été d’accepter, à ses frais, de déplacer les rails du CN situés sur son terrain. Cette action aurait permis de libérer la friche entre le quartier Viauville et le site de Ray-Mont, facilitant ainsi la création d’une zone tampon. La Ville négocie présentement avec la compagnie ferroviaire pour obtenir l’ensemble du terrain, entre le boisé Steinberg au nord et la rue Notre-Dame au sud.

Cassandre Charbonneau Jobin, porte-parole de la Mobilisation 6600 a exposé la vision du groupe citoyen lors de la séance d’information (Emmanuel Delacour/EMM)
L’entreprise promet aussi de conserver une butte entre les résidences et son site, le temps que la Ville de Montréal mette en place ses mesures antibruit. Le hic, c’est que cette barrière avait pour but de limiter la propagation de poussière lors de précédents travaux et qu’elle n’a pas été conçue pour protéger du bruit, soulève la porte-parole de la Mobilisation 6600.
Ce qui désole surtout Mme Charbonneau Jobin, c’est que des montants faramineux devront être déboursés pour accommoder l’entreprise et protéger tant bien que mal les résidents du secteur. En plus de l’enveloppe de 88 M $ annoncée aujourd’hui par la Ville, l’organisme estime à plusieurs dizaines de millions les travaux et mesures prises en charge par Montréal pour assurer une certaine cohabitation aux alentours du site de Ray-Mont.
« Au final, le montant de la poursuite va équivaloir à ce que la Ville va débourser. Donc, soit on se fait poursuivre par Ray-Mont et on risque de devoir payer des centaines de millions, soit on s’arrange avec Ray-Mont et on débourse des centaines de millions, et en plus les citoyens paient avec leur santé », termine-t-elle.