
Photo tirée du site web de Ray-Mont Logistiques
14 mars 2025RAY-MONT LOGISTIQUES : L’OCPM RECOMMANDE QUE LE PROJET SOIT REVU
L’Office municipal de consultation publique de Montréal (OCPM) suggère à la Ville de retourner à la table à dessin avec Ray-Mont Logistiques quant à son projet de plateforme de transbordement dans le secteur de l’Assomption-Sud—Longue-Pointe.
En plein cœur de l’arrondissement de Mercier—Hochelaga-Maisonneuve, ce terrain, qui entrepose déjà plusieurs conteneurs, fait l’objet d’une longue saga qui oppose des citoyens, l’administration municipale et l’entreprise. En septembre dernier, la Ville de Montréal et l’arrondissement de MHM annonçaient avoir trouvé un terrain d’entente avec Ray-Mont Logistiques pour régulariser son projet, en échange de la fin de la poursuite de 373 M $ intentée par ce dernier contre la Ville. Certaines dérogations ont été envisagées dans l’entente hors cour pour permettre à Ray-Mont Logistiques de procéder au développement de son projet.
Or, après des consultations publiques, durant lesquelles « la grande majorité des participants, pour beaucoup des résidents du voisinage, se sont opposés aux modifications réglementaires proposées », l’OCPM a émis cinq recommandations, dont l’une avance de « surseoir à l’adoption des modifications réglementaires et de mener (…) une évaluation complète du projet et des impacts des activités (…) pour les citoyens riverains ».
Parmi les quatre autres recommandations, l’OCPM propose l’aménagement d’une zone tampon sur le terrain adjacent de la compagnie ferroviaire du Canadien National et d’exiger de Ray-Mont Logistiques une augmentation significative de sa contribution au reboisement, sur site et hors site, ainsi qu’une réduction importante de la surface minéralisée.
De plus, l’Office préconise que la Ville « considère sérieusement » d’invoquer les dispositions de la Loi sur la qualité de l’environnement pour demander au gouvernement du Québec une analyse rigoureuse des impacts globaux des activités du projet en question.
En outre, l’OCPM recommande que la Ville et l’arrondissement s’assurent que la réglementation soit strictement respectée par le promoteur.
Enfin, la Ville devrait mettre sur pied une instance de concertation ayant pour mandat la recherche d’une saine cohabitation entre l’entreprise et les citoyens, selon le rapport.
« De plein droit »
Contacté par EST MÉDIA Montréal, Ray-Mont Logistiques n’a pas souhaité répondre à une demande d’entrevue. Impossible donc de savoir si le promoteur se conformera à la lettre aux recommandations du rapport de l’OCPM.

Charles Raymond, sur son terrain rue Notre-Dame, dans le secteur Assomption Sud—Longue-Pointe (EMM)
Dans un communiqué, Charles Raymond, président-directeur général de Ray-Mont Logistiques dit vouloir s’engager « à analyser le rapport avec sérieux et à proposer des mesures concrètes pour répondre aux recommandations soulevées ». Un plan d’intégration pour « accroître les retombées positives » du projet devrait être rendu public dans les prochaines semaines, assure-t-on dans le communiqué.
Par ailleurs, Ray-Mont Logistiques réitère qu’elle exerce ses activités de plein droit à la suite d’un jugement de la Cour d’appel du Québec. « L’entreprise n’a besoin d’aucune dérogation pour poursuivre ses opérations », souligne-t-on.
« L’acceptation ou non des dérogations (négociées avec la Ville) n’impactera pas la capacité de l’entreprise d’opérer son site, mais en permettrait un meilleur aménagement et arrimage avec les autres projets en développement dans le secteur », justifie l’entreprise.
Il faut déclencher une étude environnementale
La Mobilisation 6600, un mouvement citoyen en opposition au projet de Ray-Mont Logistiques, s’est réjouie des résultats des consultations publiques et des conclusions du rapport de l’OCPM.
Dans un communiqué, on indique que le document reconnaît la détérioration de la qualité de vie dans le quartier et la gravité des nuisances environnementales provoquées par les opérations de l’entreprise.

Cassandre Charbonneau Jobin, porte-parole de la Mobilisation 6600 (Emmanuel Delacour/EMM)
L’organisation demande à la Ville de rejeter les dérogations demandées par Ray-Mont Logistiques. « Le rapport de l’OCPM confirme ce que notre mouvement martèle depuis des années : il n’y a aucune cohabitation harmonieuse possible entre le projet de plateforme intermodale de Ray-Mont Logistiques et la qualité de vie de notre quartier », souligne dans le communiqué Anaïs Houde, co-porte-parole de Mobilisation 6600.
Sa collègue, Cassandre Charbonneau-Jobin, dénonce quant à elle le fait que les dérogations demandées par la Ville à l’entreprise « ne sont qu’à l’avantage de Ray-Mont ». Selon cette dernière, l’entente conclue pour mettre fin à la poursuite intentée précédemment par le promoteur « coûterait vraisemblablement des centaines de millions aux Montréalais.es ». Les citoyens demandent au gouvernement québécois l’ouverture d’un Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE).

Alexandre Leduc (Courtoisie Québec solidaire)
Le député de Québec solidaire d’Hochelaga-Maisonneuve, Alexandre Leduc, abonde dans le même sens et exige que l’on déclenche une étude environnementale sur Ray-Mont Logistiques et que l’on maintienne la limitation des heures d’opération de l’entreprise sur son terrain.
« (Le) ministre Benoît Charette ne peut pas faire la sourde oreille. La CAQ a le pouvoir, mais surtout la responsabilité, de déclencher un BAPE sur ce dangereux projet d’une entreprise pour qui le respect de l’environnement ne semble jamais faire partie des priorités », insiste le député dans un communiqué.
Même son de cloche de la part du député de Camille-Laurin et chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, qui demande à son tour l’ouverture d’un BAPE, dans un communiqué.

Paul St-Pierre Plamondon. (Courtoisie)
« Rappelons que les activités de Ray-Mont Logistiques n’ont jamais faites l’objet d’une telle évaluation, comme nous le demandions. Le ministre Benoit Charette a non seulement le pouvoir, mais la responsabilité de le faire. Je réitère l’engagement du Parti Québécois de faire une évaluation environnementale complète et transparente de ce projet », souligne M. St-Pierre Plamondon.

Au centre, Sophie Mauzerolle, responsable du dossier des transports et de la mobilité durable au comité exécutif de la Ville, annonce l’entente entre Ray-Mont Logistiques et Montréal, le 12 septembre dernier (Emmanuel Delacour/EMM)
À la Ville de Montréal, la responsable des Transports et de la Mobilité au comité exécutif, Sophie Mauzerolle a elle aussi répondu dans un communiqué que son administration accueille favorablement le rapport de l’OCPM et dit vouloir « s’asseoir rapidement avec l’entreprise et les divers partenaires identifiés dans les recommandations pour y répondre au bénéfice de la population riveraine ».
Cette dernière affirme avoir pour objectif « de clore ce chapitre pour une quiétude durable des gens de [MHM] », mais rappelle que « la Ville seule n’a pas le pouvoir de mettre un sursis sur l’entente hors cours de façon unilatérale » et que cela « doit se faire avec Ray-Mont Logistiques ».