Photo: Emmanuel Delacour/EMM.

QUEL AVENIR POUR LES SECTEURS INDUSTRIELS DE SAINT-LÉONARD?

Les secteurs industriels de Saint-Léonard seront appelés à être remis en valeur dans les prochaines années, alors que l’arrondissement et la Ville de Montréal souhaitent revoir les activités dans certains lieux, tout en assurant la pérennisation des industries viables. La gestion des nuisances et la lutte aux îlots de chaleur sont aussi au programme.

Essentiellement, c’est au nord et à l’est de Saint-Léonard que l’on retrouve les plus importantes zones industrielles de l’arrondissement. Celles-ci ceinturent complètement le quartier, étant disposées en de longues bandes entre les boulevards Industriel et Des Grandes-Prairies au nord, et le boulevard Langelier et la rue du Champ-d’Eau, à l’est.

On y retrouve des entreprises diverses dans un grand nombre de secteurs d’activités. Tuiliers, céramistes et découpeurs de marbre y abondent, un héritage des goûts de la communauté italo-montréalaise pour la décoration de style méditerranéen. Beaucoup de garagistes réparateurs et de ferblantiers y occupent aussi leurs espaces depuis belle lurette, tandis que d’autres compagnies plus modernes s’affairent à la production de matériaux d’isolation et de rembourrage pour le mobilier. Quelques traiteurs et grossistes en alimentation sont aussi présents.

À force de se promener dans les rues des secteurs industriels, on remarque rapidement que les déplacements en automobile y sont privilégiés. Aucun piéton n’est visible sur les trottoirs, les employés des entreprises préférant leur voiture comme moyen de transport. Les stationnements sont pleins, les rues sont désertes et les arbres sont peu nombreux.

Si au mois de mars cela ne semble indisposer personne, le manque de canopée a des effets délétères notables durant la saison estivale. Selon une étude réalisée en 2013 par le Centre d’enseignement et de recherche en foresterie de Sainte-Foy (CERFO), certaines zones de Montréal peuvent être jusqu’à 12 degrés Celsius plus chaudes que celles situées dans les régions rurales du Québec lors d’une même journée. Nous n’avons pas de données spécifiques pour les secteurs industriels de Saint-Léonard, mais une cartographie effectuée par le CERFO lors de l’étude démontre que ceux-ci sont de loin les plus chauds de l’arrondissement. (Voir cartes ci-dessous).

Les zones chaudes (en rouge) dans Saint-Léonard sont concentrées dans les secteurs industriels et aux abords du boulevard Métropolitain. (Source: CERFO).

Une vue aérienne de Saint-Léonard. (Source: Google Maps).

L’arrondissement a identifié cet enjeu et souhaite intégrer l’augmentation de la canopée urbaine. En ce sens, elle aurait planté plus d’un millier d’arbres en 2021 et 2022 respectivement. Il n’existe pas de statistiques sur la canopée spécifiquement dans les zones industrielles, mais dans l’ensemble, Saint-Léonard n’avait que 8,84% de surface couverte par des arbres en 2022.

Plan d’urbanisme

Outre la canopée, l’administration de Saint-Léonard veut, dès l’an prochain, étudier la question de la planification urbaine dans les secteurs industriels.

« En 2024, l’arrondissement compte réaliser en collaboration avec la Ville centre un programme particulier d’urbanisme pour le secteur industriel, afin de bien planifier sa revitalisation et son image de marque. Nous pourrions mettre en valeur les qualités et le potentiel de ce secteur industriel et mettre l’accent notamment sur les activités économiques reliées à l’alimentation. Ce sera la réalisation de l’action 95 prévue à notre plan stratégique Saint-Léonard 2030 », indique-t-on à l’arrondissement.

Ce plan stratégique, publié en décembre 2018, prévoit en somme la « revitalisation du secteur industriel » par deux actions, soit la clarification du positionnement du secteur industriel « en fonction de ses avantages stratégiques et des perspectives de développement, en synergie avec le Service de développement économique de la Ville de Montréal », ainsi que l’élaboration d’un « Programme particulier d’urbanisme (PPU) afin d’encadrer la revitalisation du secteur industriel ».

Toutefois, la Ville de Montréal souhaite depuis plus longtemps encore réexaminer les activités dans les zones industrielles de Saint-Léonard. Effectivement, dans son Plan d’urbanisme publié en 2005 et mis à jour en 2012, l’administration montréalaise identifie des orientations générales à adopter pour ces lieux. On vise à « consolider les secteurs industriels viables, accroître le nombre d’emplois, rehausser la qualité du cadre bâti et des aménagements extérieurs et à améliorer la gestion des nuisances ».

Photo: Emmanuel Delacour/EMM.

Le document note que le « niveau d’activité dans les secteurs industriels du nord et de l’est de l’arrondissement est intéressant. Toutefois, certaines sections parmi les plus anciennes sont mal adaptées aux besoins actuels des entreprises, spécialement pour ce qui est de la taille des bâtiments et des dimensions des lots ».

Il faudra ainsi déterminer quelles sections industrielles peuvent demeurer viables si elles sont revitalisées et quelles sections peuvent être transformées pour accueillir de nouvelles activités. « Dans les sections qui demeurent industrielles, il est envisageable d’accroître le nombre d’emplois si la revitalisation permet de satisfaire les besoins des entreprises sur le plan de l’espace et de l’aménagement. »

« Il faut aussi prendre note que certaines activités causent des nuisances (poussières, bruits, camionnage, etc.) affectant la qualité de vie dans les secteurs résidentiels », poursuit-on dans le Plan d’urbanisme.

Ces objectifs pourraient être réalisés grâce à certaines balises d’aménagement, incluant la mise en place d’un programme de remembrement des terrains qui offrirait aux entreprises des sites de plus grandes superficies, ainsi que la mise en œuvre d’un programme de rénovation et d’aménagement des espaces industriels.

On identifie aussi la possibilité de créer de nouvelles dispositions réglementaires pour l’ensemble des espaces industriels, afin d’améliorer l’apparence des façades et l’aménagement des espaces d’entreposage extérieur, des stationnements et des cours avant, sans oublier la révision des usages autorisés dans l’ensemble des secteurs industriels.

Enfin, on désire favoriser le regroupement d’usages autorisés causant des nuisances importantes dans un nombre limité d’endroits à l’écart des secteurs résidentiels, et revoir le plan du réseau de camionnage de l’arrondissement afin de réduire les nuisances associées à la circulation de véhicules lourds.

« Nous croyons fortement au potentiel de développement de notre secteur industriel, surtout lorsqu’on considère sa position géographique, l’arrivée prochaine de la ligne bleue du métro ainsi que du REM. Un secteur industriel en santé permet aux résidents de travailler à proximité de chez eux. Dans une perspective de développement durable, c’est une économie de temps, une qualité de vie, une réduction des gaz à effet de serre », conclut-on à Saint-Léonard.


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