Le ministre Lionel Carmant ainsi que la députée et adjointe gouvernementale Karine Boivin Roy, entourés de représentants politiques présents lors de l’inauguration de la Maison alternative de RDP (EMM/Sophie Gauthier)

QUÉBEC INAUGURE UNE MAISON INNOVANTE DÉDIÉE AUX PERSONNES HANDICAPÉES

Ce lundi 13 mai a eu lieu l’inauguration de la première maison alternative au Québec, un milieu de vie innovant dédié exclusivement aux personnes en situation de handicap. Situé au 7099, boulevard Maurice-Duplessis, à Rivière-des-Prairies (RDP), ce nouveau bâtiment de 8 000 pieds carrés regroupe 72 nouvelles places pour les adultes ayant des besoins particuliers.

L’installation est constituée de 6 maisonnées pouvant accueillir 12 personnes, et ces dernières disposent chacune d’une chambre individuelle avec toilette et douche adaptées. La Maison alternative de RDP est la 27e maison des 46 habitations annoncées par le gouvernement québécois dans le cadre du Plan d’action pour l’hébergement de longue durée 2021-2026 pour le mieux-être des personnes hébergées. Elle est par contre la première à être dédiée exclusivement à la prise en charge de personnes atteintes d’une déficience intellectuelle ou physique, ou d’un trouble du spectre de l’autisme. 

L’événement d’inauguration a réuni plusieurs figures politiques dont le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, ainsi que la députée d’AnjouLouis-Riel, adjointe gouvernementale à l’Emploi et au ministre responsable de la Métropole et de la région de Montréal, Karine Boivin Roy. Le budget de construction de cette nouvelle maison alternative est évalué à 62 M$. Le projet est issu d’une collaboration entre le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Nord-de-l’Île-de-Montréal et le CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal. 

Un milieu de vie novateur 

Bien que la Maison alternative de RDP accueille des résidents de 18 ans et plus qui sont en perte d’autonomie importante, l’équipe cherche tout de même à innover dans son fonctionnement, notamment en n’imposant aucune routine à ses résidents. « Il n’y a pas d’heures de réveil, de dîner ou de coucher, donne en exemple Julie Belley, coordinatrice de la Maison alternative de RDP. Chaque résident a une routine différente. On s’adapte à leurs envies et leurs besoins. »

L’édifice a été conçu pour faciliter les déplacements des résidents en situation de handicap physique. Chaque salle de bain dispose, par exemple, d’un levier sur rail qui permet au résident de se déplacer depuis son lit jusqu’à la douche ou les toilettes avec son fauteuil roulant. 

Pour accueillir les proches-aidants, chaque maisonnée possède une chambre avec salle de bain privative : « Cet endroit est réservé au membre de la famille qui souhaite rester avec le résident. Il n’y a pas d’heure de visite et il peut dormir ici autant qu’il le souhaite », explique Julie Belley. 

Julie Belley dans la salle à manger de l’une des six maisonnées lors de la visite des lieux. (EMM/Sophie Gauthier)

Chacune des maisons possède diverses salles de jeux où les résidents pourront pratiquer des activités manuelles et récréatives selon leurs envies. Le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, explique l’approche centrée autour des résidents : « Quand on visite ce lieu, on constate que nos désirs sont devenus réalité : changer la vision de l’hébergement pour les personnes en situation de vulnérabilité. Plus que des appartements, ce sont des milieux de vie. Je tiens à souligner l’intégration de salles pour les proches-aidants dans ce bâtiment, car ils font partie du quotidien des résidents. »

Ces derniers bénéficient également d’un encadrement quotidien personnalisé, et ce, jour et nuit. L’équipe interdisciplinaire de chaque maisonnée est composée d’un préposé au bénéficiaire, d’une infirmière, d’un ergothérapeute, d’un nutritionniste, d’un assistant en réadaptation, d’un psycho-éducateur ou encore d’un travailleur social. L’établissement offre également des soins de fin de vie.

Depuis le 6 mai dernier, quatre résidents ont déjà pris possession de leurs nouveaux appartements dans l’édifice. Les autres emménageront progressivement au cours des prochaines semaines. Patrick Wilson, qui a emménagé la semaine dernière, se réjouit de l’espace et de l’accessibilité des lieux : « C’est très grand et on peut se déplacer facilement en fauteuil roulant, c’est fabuleux. Je suis en fauteuil roulant depuis cinq ans, et avant, j’habitais chez moi. J’ai attendu deux ans et demi avant d’obtenir une place dans un établissement comme celui-ci », confie-t-il. 

Le résident Patrick Wilson échange avec le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant. (EMM/Sophie Gauthier)

Les frais d’habitation de ces maisonnées montent à 2 100 $ par mois. Mais à l’instar d’un CHLSD, les résidents défraient un montant normé par la RAMQ calculé selon leur revenu.

Une multiplication des places 

La multiplication des centres spécialisés dans l’accompagnement des personnes en situation de handicap témoigne de l’évolution des priorités en matière de prise en charge. Le gouvernement gravit les étapes, progressivement : « On a travaillé sur les activités socio-professionnelles, les centres de jour et le soutien aux parents. Aujourd’hui, on est rendus à l’hébergement. On développe plusieurs types de milieux de vie : des appartements supervisés par du personnel ou des milieux davantage encadrés comme ici où les résidents peuvent continuer à s’épanouir », explique Lionel Carmant. 

La Maison alternative de RDP représente une avancée supplémentaire. « Dans les dernières années, de grands efforts ont été déployés par notre gouvernement pour offrir des milieux d’hébergement qui représentent des lieux chaleureux et stimulants. Cette maison, que l’on inaugure aujourd’hui, témoigne de ces efforts », déclare quant à elle la députée Karine Boivin Roy.

Par exemple, actuellement, 1 enfant sur 50 est diagnostiqué avec le spectre de l’autisme au Canada. Et selon de nombreuses études, ce chiffre est en constante croissance. « Le taux de prévalence du trouble du spectre de l’autisme est en augmentation progressive depuis plusieurs années. Donc, forcément, la demande de prise en charge augmente également », indique Isabelle Portelance, directrice du soutien à domicile (SAD) et de la réadaptation des programmes de soutien à l’autonomie des personnes âgées (SAPA) et déficience intellectuelle, trouble du spectre de l’autisme et déficience physique (DI-TSA-DP).

Un secteur toujours dans le besoin 

Le Syndicat des travailleuses et travailleurs du CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal-CSN (STT CIUSSS NÎM-CSN) a profité de l’inauguration de la Maison alternative de RDP pour réaffirmer son opposition à la privatisation des soins de santé : « On est ici aujourd’hui non pas pour viser la Maison alternative de RDP, où il va se passer de belles choses, mais pour la campagne publique de la CSN [Confédération des syndicats nationaux] qui vise à contrer le privé dans le domaine de la santé », explique Jean-François Dubé, président du STT CIUSSS NÎM-CSN. 

Selon ce dernier, l’augmentation du privé en santé est exagérée au Québec. « De nombreuses problématiques nous alertent, comme lorsque 30 % des psychologues quittent le public pour aller dans le privé ou encore la surfacturation des médecins, qui fait du Québec le pays où les médecins sont les mieux payés au monde, selon l’Institut du Québec », ajoute Jean-François Dubé. 

Le STT CIUSSS NÎM-CSN a échangé avec le ministre Lionel Carmant lors de sa venue à la Maison alternative de RDP. Le président en a profité pour lui remettre le livre d’Anne Plourde, qui travaille pour l’Institut de recherches d’informations socio-économiques (IRIS), Santé Inc, paru le 10 mars dernier. L’auteure y déboulonne cinq mythes sur le privé en santé. 

Jean-François Dubé, accompagné de militants du STT CIUSSS NÎM-CSN, échangent avec Lionel Carmant (Courtoisie)