PSE : LE MODÈLE DU TRAMWAY EST ASSEZ RAPIDE DIT LE DG DE L’ARTM
Le modèle du tramway est suffisamment rapide pour offrir des transports efficaces dans l’est, assure le directeur général de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM).
« Un tramway peut aller jusqu’à 100 km/h. C’est strictement où on l’insère qui compte. Évidemment, dans la mesure où on est dans l’axe Sherbrooke, si on lui donne des priorités aux feux, si on met en place des mécanismes, la vitesse du tramway peut être assez surprenante. On ne rejoindra pas un mode « métro » comme le REM, mais on va avoir une vitesse plus acceptable qu’une vitesse par autobus par exemple », a déclaré Benoît Gendron, lors d’un dîner conférence organisé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) vendredi dernier.
Ce dernier rappelle qu’un tramway pourrait atteindre en général une vitesse de croisière de 40 km/h, « parfois même plus rapide », si l’on venait à construire un réseau de transport d’après les analyses complémentaires de l’ARTM pour le projet structurant de l’est (PSE) dévoilées au début l’été.
Au début du mois de septembre, un chercheur en urbanisme et en architecture de l’Université McGill, Marco Chitti, avait été chargé par l’organisme Vivre en ville de réaliser un rapport sur le PSE tel qu’il a été envisagé par l’ARTM. Ce dernier avait alors conclu que les plans de l’agence étaient trop optimistes, notamment en ce qui concerne la vitesse du modèle de transport par tramway, pour desservir adéquatement les populations de l’est de l’île.
Le chercheur recommandait en outre d’adopter plusieurs modes de transport, au lieu de choisir l’option « passe-partout » préconisant un seul mode sur toute la ligne. Un cocktail de métro, bus rapides et tramway serait plus adapté selon le secteur visé, conseillait alors M. Chitti.
Plus cher ici qu’ailleurs?
Par ailleurs, l’urbaniste avait aussi été très critique concernant les coûts de construction de nouveaux projets de transport en commun. « On a des problèmes de coûts; pas juste au Québec, c’est un problème généralisé au Canada. Ce sont des coûts beaucoup plus élevés que la moyenne internationale. On parle de 18 milliards pour le PSE : ça veut dire autour de 250 M$ à 300 M$ au kilomètre pour un tramway. C’est quelque chose qui se construit à 50 M$, 60 M$, 70 M$ du kilomètre maximum en France, en Italie, en Europe… », avait souligné M. Chitti.
Aussi invitée à la conférence de la CCMM, la directrice générale de la Société de transport de Montréal (STM), Marie-Claude Léonard, a expliqué qu’il fallait contextualiser avant de comparer les coûts de construction. « On a des environnements différents. Il faut comprendre que lorsqu’on construit dans un milieu comme Montréal, un milieu qui a la densité qu’il y a, ce sont des coûts différents. On a des processus d’appel d’offres différents. Donc, il faut comparer les bonnes choses avec les bonnes choses », a soutenu Mme Léonard lors d’une mêlée de presse.
Toutefois, la préoccupation actuelle de la STM est plutôt d’aller chercher du financement pour maintenir ses actifs, a ensuite ajouté la directrice générale de la société de transport. « Le métro est la plus grande infrastructure du Québec. On veut faire des prolongements. C’est bon pour notre clientèle, c’est bon pour la collectivité, c’est bon pour l’émission des GES, c’est bon pour l’attractivité, mais il faut d’abord et avant tout pouvoir entretenir nos infrastructures. On ne peut pas se permettre de construire une rallonge à la maison si le toit coule et que je ne peux pas le réparer », a illustré Mme Léonard.
Pourtant, les dirigeants des grands fournisseurs de transport en commun de la communauté métropolitaine s’accordaient pour affirmer que plus de projets devaient être mis en branle pour atteindre les objectifs attendus en matière de mobilité. La vision 2050 de l’ARTM place à 50 % les déplacements faits en transport collectif dans la région métropolitaine d’ici les 25 prochaines années. « Il faut planifier davantage en séquence, on devrait toujours avoir un projet en construction », a insisté M. Gendron en conférence. « Nous sommes les seuls dans le monde à ne pas planifier nos projets en continu », a repris au bond Mme Léonard.
Pour sa part, Michel Leblanc, président et chef de la direction de la CCMM s’est dit inquiet en ce qui concerne les délais que connaissent les projets de transport au Québec plutôt que leurs coûts.
« Le coût, c’est une chose et je ne suis pas certain que ce soit tant si coûteux ici, mais j’ai l’impression qu’on est beaucoup plus lent ici qu’ailleurs dans les projets. Ça finit par se traduire par de l’inflation sur les coûts, par une frustration de la population et par un certain cynisme sur les annonces publiques », a-t-il affirmé.