
Mario Beaulieu (photo : archives EMM)
28 février 2025PROMOUVOIR LES INTÉRÊTS DU QUÉBEC ET DE L’EST DE MONTRÉAL VIS-À-VIS TRUMP ET LES PARTIS FÉDÉRAUX
Devant les menaces tarifaires de Trump, il ne faut surtout pas se laisser envahir et céder à la panique. Il est crucial d’évaluer l’ensemble de la situation et d’écouter la voix de la raison. Plusieurs entreprises de l’est de Montréal sont susceptibles d’être directement touchées par les tarifs et les contre-tarifs.
Par exemple, plusieurs entreprises dans La Pointe-de-l’Île exportent largement aux États-Unis. Qu’on pense aux produits du cuivre ou à certains fluides automobiles. Bon nombre d’entreprises et de travailleurs auront fortement besoin d’un appui gouvernemental. Pour certaines d’entre elles, le préjudice potentiel causé à leurs opérations pourra être atténué par des contre-tarifs sur l’importation des produits de leurs concurrents. Ce sera le moment d’investir pour augmenter la productivité.
On ne pourra pas se limiter au court terme, il faut rendre notre économie moins dépendante de notre voisin du sud et favoriser la diversification de nos marchés à l’international.
La réaction spontanée des citoyens en faveur de l’achat local doit inspirer tous les paliers de gouvernement à favoriser les fournisseurs locaux par leurs politiques d’achat. Activer des projets d’infrastructures stagnants dans l’est de Montréal contribuerait à stimuler notre activité économique, notamment le Tramway de l’est, les projets immobiliers en incluant de toute urgence le logement social et réellement abordable, la reconstruction de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont et la décontamination des sols.
Alors que les appels à l’unité canadienne fusent, les négociations passées de traités commerciaux internationaux nous rappellent qu’il y aura fort à faire pour que les intérêts économiques du Québec et de l’est de Montréal soient pris en considération.
Par exemple, à chacune des trois dernières négociations commerciales internationales, Ottawa a fait des concessions qui ont ouvert des brèches dans le système de gestion de l’offre qui protège notre agriculture. Le projet de loi du Bloc qui visait à éviter de nouvelles brèches a été torpillé par des sénateurs libéraux après avoir été appuyé par les parlementaires de tous les partis.
Se tenir droit devant les États-Unis et passer à l’offensive ne veut pas dire que le Québec doit s’aplaventrir devant les intérêts de l’Ouest (hydrocarbures), de l’Ontario (automobile) ou des maritimes (hydrocarbures). Déjà, les libéraux et les conservateurs ont ouvert leur jeu en disant qu’ils vont relancer les projets d’oléoducs pour transporter le pétrole bitumineux à travers le territoire du Québec et son fleuve. Le débat porte sur le degré de coercition que le fédéral va utiliser!
Qui va s’occuper des enjeux propres au Québec en matière d’économie? Pour éviter que les priorités québécoises se retrouvent au bas de la liste des priorités canadiennes, allons-nous faire confiance aux libéraux de Toronto ou aux conservateurs de l’Ouest pour nous défendre mieux que nous ne pourrions le faire nous-mêmes?
En réaction à l’ambition du président états-unien de faire du Canada le 51e État, le ROC (« rest of Canada ») comprend soudainement l’importance de la souveraineté pour une nation. Il sollicite notre ralliement en même temps qu’il bafoue constamment le droit à l’autodétermination de la nation québécoise en y finançant à coup de centaines de millions exclusivement l’anglais avec ses programmes d’appui aux langues officielles ou en soutenant avec nos impôts des poursuites juridiques contre nos lois votées démocratiquement.
Certains argumentent qu’il ne faut plus accorder d’importance à nos intérêts nationaux pour se fondre dans un plus grand ensemble canadien. Pour ceux qui pensent que les plus gros pays réussissent mieux, on rappelle que, parmi les 5 États qui affichent la plus grande richesse par habitant, on retrouve des pays relativement petits, comme le Luxembourg, l’Irlande, la Suisse et la Norvège. Le Québec serait au 22e rang. Quand on tient compte non seulement du PIB par habitant, mais aussi du soutien social, de l’espérance de vie en bonne santé, de la liberté dans les choix de vie de l’individu, de la générosité perçue et du faible niveau de corruption perçue, on constate que neuf des dix premières positions sont occupées par des territoires dont la population est inférieure à 11 millions. Effectivement, en 2024, selon l’IMB (Indice mondial du bonheur, publié par les Nations Unies), le Québec se classe au 6e rang, tandis que le Canada sans le Québec se situe au 19e rang. À l’instar des petites nations qui se maintiennent au sommet des pays les plus riches, un Québec indépendant aurait la pleine maîtrise de ses impôts (82 milliards de dollars de recettes fiscales par année à Ottawa) et la flexibilité pour s’adapter à l’évolution et aux aléas de la compétition et de l’instabilité économique mondiales.
Dans un contexte de grande incertitude, le Québec doit plus que jamais faire les bons choix afin de défendre ses intérêts. Il faut se serrer les coudes pour faire respecter nos choix. Défendre le pouvoir d’achat des aînés et des gens vulnérables, protéger la gestion de l’offre qui assure notre souveraineté alimentaire et investir dans la transition écologique plutôt que dans les pipelines, c’est faire entendre la voix du Québec, la voix de la raison. En ces temps incertains, la seule valeur sûre, c’est de se tenir debout. C’est mon engagement fondamental et celui du Bloc Québécois. Ensemble tout est possible!