PROJET STRUCTURANT DE L’EST : LA PRIVATISATION REDOUTÉE PAR DES CITOYENS

L’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) laisse la voie ouverte à la privatisation du futur réseau de transport structurant de l’est de Montréal, selon un groupe de citoyens se portant à la défense des enjeux environnementaux.

Le Collectif en environnement Mercier-Est (CEM-E) craint qu’une phrase inscrite dans une annexe du Rapport intermédiaire au sujet du Projet structurant de l’Est (PSE), anciennement connu sous le nom de REM de l’Est, permette à un tiers parti de prendre la charge de la gestion du réseau une fois les travaux complétés.

En effet, l’ARTM indique dans son document à l’Annexe 4 au sujet des activités de conception des tracés du PSE qu’elles seront « réalisées en étroite collaboration avec la STM. Des ateliers spécifiques seront réalisés avec les experts identifiés par la STM afin de produire un arrimage optimum et concerté ».

Cependant, on poursuit en soulignant que « [l]’analyse et les résultats présentés prendront comme hypothèse que l’exploitant du PSE sera différent de celui historique du métro de Montréal ».

Pour Daniel Chartier, vice-président, responsable du transport au CEM-E, on écarte, sans la mentionner, la Société de transport de Montréal (STM) du dossier de l’exploitation du PSE. « Une de nos peurs, c’est que CDPQ Infra, ou un autre privé, puisse rentrer par la porte d’en arrière une fois que l’affaire est approuvée », dénonce ce dernier.

Dans un communiqué publié cette semaine, le CEM-E affirme que « le comité de travail (du PSE) endosse la volonté du gouvernement Legault de poursuivre la privatisation du transport collectif à Montréal ce qui implique, à terme, que l’infrastructure pourrait être payée jusqu’à 6 fois sur une période de 198 ans en conformité avec le modèle d’affaires adopté par CDPQ Infra pour le projet de REM de l’Ouest ».

M. Chartier explique que selon plusieurs experts, une fois livré, le PSE pourrait avoir des revenus annuels d’un demi-milliard de dollars, indexés à la monnaie d’aujourd’hui, tandis que la facture s’est élevée à 6,9 milliards de dollars pour la réalisation de la première phase du REM de l’Ouest, ce qui donne une idée des coûts que pourront occasionner le projet dans l’est, d’après M. Chartier. Le gouvernement a ensuite repris le dossier des mains de la firme pour donner le mandat à un comité de travail formé par l’ARTM, la STM, la Ville de Montréal et le ministère des Transports.

Pour sa part, l’ARTM réfute complètement les spéculations du CEM-E. « Tout d’abord, rappelons que le groupe d’experts a débuté ses analyses au cours de l’été et que certains aspects du travail devaient reposer sur des hypothèses. La réponse simple est que cette hypothèse fût adoptée afin de planifier en fonction du scénario impliquant le plus de variables pour les suites opérationnelles du projet, insiste Simon Charbonneau, directeur des affaires publiques et des communications à l’ARTM. Il est en effet plus aisé et responsable d’invalider une hypothèse engendrant certaines incidences que de l’ajouter en cours de route. Cette approche a été arrimée et adoptée par les membres du groupe d’experts dont la STM est partie prenante. »

Selon ce dernier, l’exploitation éventuelle du réseau par la STM n’est « aucunement » écartée, et la mention faite par l’ARTM dans son annexe ne devrait pas non plus être interprétée comme accueillant la possibilité d’un autre exploitant.

Quoi qu’il en soit, le Collectif se réjouit que l’option du train aérien dans Mercier a été écartée « pour l’instant » par le comité de travail. Ce dossier a longtemps été le cheval de bataille du CEM-E, qui depuis les premiers plans déposés par CDPQ Infra, s’oppose vigoureusement à ce qu’un tracé aérien soit créé sur la rue Sherbrooke et sur l’emprise entre rues Souligny et Dubuisson.