Une image de synthèse du PSE (Courtoisie ARTM)

Projet structurant de l’Est : la CCEM réclame un signal clair

Alors que le Projet structurant de l’Est (PSE) s’apprête à être pris en charge par  Mobilité Infra Québec  (MIQ), la Chambre de commerce de l’Est de Montréal (CCEM) insiste sur la nécessité d’un engagement ferme pour la mise en œuvre d’un mode de transport lourd.

Au début du mois, une entrevue de la présidente-directrice générale (PDG) de MIQ, Renée Amilcar, accordée à Radio-Canada, a suscité de vives réactions. Lors de cet entretien, la nouvelle dirigeante a évoqué l’intention d’examiner à nouveau le projet de tramway recommandé par l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) et la possibilité d’instaurer un service rapide par bus (SRB) de façon transitoire. Une option aussitôt rejetée par la CCEM : « Ce qu’on n’accepterait pas, c’est des modes de transport temporaires ou des modes de transport par autobus, des SRB. Ce ne serait pas suffisant pour permettre à l’Est de Montréal de se développer », affirme le PDG de la CCEM , Jean-Denis Charest.

MIQ a toutefois rapidement rectifié le tir via un communiqué de presse dans lequel l’agence affirme collaborer avec l’ARTM pour poursuivre les études sur le projet de tramway. L’organisme rappelle que le PSE sera son premier mandat officiel.

MIQ a décliné notre demande d’entrevue précisant par écrit que « l’établissement de l’équipe de travail est sa principale tâche » et que les discussions avec l’ARTM se poursuivent « pour préparer le transfert du projet », censé être complété au début de 2026.

L’ARTM a également décliné notre demande d’entrevue et a tenu à rappeler que « le tracé et le mode de transport proposés reposent sur des analyses rigoureuses qui confirment leur pertinence en matière de performance, de viabilité financière et de retombées positives pour les communautés desservies ». L’organisme a également rappelé qu’un appel d’intérêt sera lancé à l’automne pour évaluer la capacité du marché à réaliser le projet.

Un signal attendu pour les investisseurs

Jean-Denis Charest a tenu à réitérer l’importance du PSE qu’il considère comme essentiel pour assurer la relance économique du secteur : « Ce projet-là va servir de colonne vertébrale à la revitalisation du territoire et au développement urbain », dit le PDG de la CCEM.

Jean-Denis Charest, président-directeur général de la CCEM (courtoisie)

Il insiste sur les conséquences économiques d’un manque de clarté : « Le coût de ne pas savoir où on s’en va, c’est qu’on retarde le développement de plein d’autres parties du territoire », affirme ce dernier.

Selon lui, plusieurs pôles stratégiques dépendent d’une certitude quant au mode choisi : « C’est difficile de planifier Notre-Dame si on ne sait pas ce qui se passe avec le projet structurant. Ce raisonnement-là impacte plein d’autres décisions de développement territorial. »

Unanimité chez les partis municipaux

À l’approche des élections municipales, les principaux partis en lice à la mairie de Montréal ont exprimé leurs positions sur le projet structurant de l’Est.

Projet Montréal, dirigé par Luc Rabouin, considère le tramway comme une condition essentielle au développement du territoire. Le parti propose également la création d’un bureau de coordination réunissant les acteurs institutionnels et économiques, ainsi qu’un fonds d’investissement pour soutenir les initiatives locales dans l’est.

Transition Montréal, mené par Craig Sauvé, appuie sans réserve le projet de tramway développé par MIQ, reliant Montréal-Nord à Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles. Le parti propose aussi un tramway circulaire de 25 km en boucle reliant Rivière-des-Prairies, Anjou, Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, Montréal-Est et Pointe-aux-Trembles. Ce train léger serait réalisé en voie dédiée, à alimentation électrique et avec priorité aux feux, pour un coût estimé à 1,75 milliard de dollars sur 6 ans. Cette proposition s’inscrit dans une stratégie plus large de mobilité durable, reposant sur le développement de pistes cyclables structurantes, de corridors piétons sécurisés et sur l’objectif que 40 % des déplacements soient effectués en transport collectif ou actif d’ici 2030.

De son côté, Ensemble Montréal, supporte également le projet de tramway et affirme être ouvert à évaluer différentes options de transport, pour relier l’est de la de la métropole au centre-ville.

Un projet de longue haleine

Le tramway de l’Est, tel que proposé par l’ARTM, s’étendrait sur 38 km et compterait 31 stations. Il relierait notamment Pointe-aux-Trembles, Rivière-des-Prairies, Montréal-Nord, Saint-Léonard et Mercier–Hochelaga-Maisonneuve. Son coût est estimé à 18,4 milliards de dollars, avec une mise en service prévue en 2035 ou 2036.

Ce projet succède à deux autres propositions abandonnées au cours des cinq dernières années : le Réseau express métropolitain (REM) de l’Est, initialement confié à la Caisse de dépôt et placement du Québec, puis une version entièrement souterraine jugée trop coûteuse.