Le boisé Beni Hana, vu de la rue Sherbrooke Est (Photo tirée de Google Maps)

UN VASTE PROJET RÉSIDENTIEL REMPLACERA UN BOISÉ DANS MHM

Un boisé en friche fera place à du logement privé. Un projet déposé il y a plusieurs années à l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve (MHM) se concrétise, après avoir été modifié, à la demande de l’administration. Pour leur part, des militants en protection de l’environnement se désolent du sort réservé à cet espace vert.

Lors du dernier conseil d’arrondissement de MHM, le 12 août, une résolution autorisant un projet particulier a été adoptée unanimement afin de permettre la construction d’un bâtiment mixte et d’un bâtiment résidentiel dans le secteur de l’Assomption Nord. Cette résolution était nécessaire à l’avancement du projet, qui pourrait s’élever jusqu’à 12 étages, car la zone visée fait l’objet d’un projet particulier d’urbanisme (PPU), mesure qui encadre selon certaines spécificités des secteurs de Montréal qui comportent des aspects d’intérêt particulier.

Un premier projet avait été déposé en 2019 par le propriétaire de trois lots qui se trouvent sur un terrain composé d’une friche boisée et d’un bâtiment logeant une tour de ventilation de la STM. Ce petit espace, situé dans le quadrilatère des rues Sherbrooke, Dickson, Chauveau et du boulevard de l’Assomption, est surnommé « boisé Beni Hana », en raison de sa proximité avec un restaurant du même nom. Le projet initial prévoyait la construction d’un bâtiment mixte, comportant des locaux résidentiels et commerciaux, et d’un autre entièrement résidentiel.

« Le projet adopté en première lecture au conseil d’hier soir vise à modifier les conditions déjà existantes d’un projet. En effet, le propriétaire ne souhaite plus développer de clinique médicale dans son projet et veut remplacer ces espaces par d’autres usages, c’est tout. C’est la raison pour laquelle il a été adopté unanimement », explique Laurent Richer-Beaulieu, directeur du cabinet du maire de MHM, Pierre Lessard-Blais.

Désormais, on projette 567 logements de diverses typologies dans un bâtiment qui se présente sous la forme d’un « O » orienté de sorte à ceinturer une cour intérieure. Des maisons de ville sont prévues aux abords de la rue Chauveau. Le projet prévoit un vaste plan d’aménagement paysager au sol et en toiture, ainsi que la plantation de 99 arbres sur le site. Le second édifice pour sa part comporte environ 461 logements ainsi que des locaux commerciaux au rez-de-chaussée, en front de la rue Sherbrooke Est.

Biodiversité ou densification

Au mouvement Mobilisation 6600, un regroupement citoyen se portant à la défense des espaces verts dans MHM, on se dit déçu de la venue d’un projet immobilier venant raser un boisé en friche. « Encore une fois, la biodiversité dans le quartier est mise à mal », se désole Josée Desmeules, militante au sein du mouvement. Celle-ci affirme que le secteur de l’Assomption est en déficit de canopée comparativement à d’autres endroits à Montréal. La plantation d’une centaine d’arbres sur le site ne pourra pas compenser la perte d’arbres matures actuellement présents sur le terrain.

À l’arrondissement, on rappelle que le choix de densifier le secteur fait partie intégrante du PPU, déposé au printemps 2017. « Le PPU, bien qu’il soit le fruit de l’administration précédente, a fait l’objet de larges consultations publiques (NDLR : Notamment à l’Office de consultation publique de Montréal en 2016-2017) et voici le résultat : tout le monde voulait densifier le logement autour du métro », souligne le directeur du cabinet du maire. Avant ce plan d’urbanisme, le terrain aurait pu accueillir un entrepôt ou un bâtiment commercial quelconque, de quelques étages, avec un stationnement extérieur, selon celui-ci. Le PPU prévoit entre autres la construction de 3 000 logements à l’est.

En 2019, à l’adoption de projets particuliers pour encadrer les constructions dans l’Assomption, on interdit alors le stationnement de surface et on exige des plantations d’arbres.

Pour sa part, Mme Desmeules concède qu’il est important de densifier le quartier, mais se questionne sur la méthode. « On reconnaît la crise du logement qui sévit à Montréal, mais pourquoi cela doit-il se faire au détriment d’un boisé? On aurait pu racheter ce terrain afin de le préserver, comme cela a déjà été fait dans l’ouest », note la militante. Cette dernière prend en exemple l’achat par la Ville d’un terrain de 140 hectares à la hauteur de 73 M$ dans Pierrefonds-Ouest en 2019, afin d’ajouter des espaces au projet du Grand parc de l’Ouest.

Le boisé Beni Hana n’est pas le premier espace vert en friche à être destiné aux scies tronçonneuses et aux essoucheuses dans le secteur. En effet, un autre boisé, dénommé l’Assomption et situé sur le boulevard du même nom, entre l’avenue Pierre-De Coubertin et la rue de Marseille, fera place à un autre projet immobilier approuvé par MHM en mars 2023.