Hochelaga est présenté à travers l’objectif de la photographe Joannie Lafrenière. (Photo: Emmanuel Delacour/EMM).

UN PORTRAIT INTIME D’HOCHELAGA PRÉSENTÉ AU MUSÉE MCCORD STEWART

Hochelaga sera à l’honneur au Musée McCord Stewart du 31 mars au 10 septembre 2023 lors de l’exposition Hochelaga – Montréal en mutation. Le parcours multimédia proposé par la photographe et réalisatrice Joannie Lafrenière transporte les visiteurs dans l’emblématique quartier et part à la rencontre des personnages qui colorent ses rues.

Il y a 18 ans de cela, Mme Lafrenière emménageait dans Hochelaga et connaissait un coup de foudre. « Ce fut vraiment une rencontre presque aussi puissante qu’avec la photographie », confie-t-elle.

La photographe et réalisatrice Joannie Lafrenière demeure depuis 18 ans dans Hochelaga. (Photo: Emmanuel Delacour/EMM).

Lorsque le Musée McCord Stewart l’a approchée pour participer à la série Montréal en mutation, celle-ci n’a pas hésité à choisir son « village » urbain d’adoption, la décision allait de soi.

Ainsi, dans un parcours constitué d’une centaine de vidéos, de photographies et de vers tirés de la poésie de Benoit Bordeleau, composée pour l’exposition ou extraite de son recueil Orange pekoe (2021), on découvre cet ancien quartier ouvrier dans tout ce qu’il a de contemporain. C’est au travers des amitiés que l’artiste a tissées avec des résidents du coin que l’on apprend à connaître Hochelaga. Mme Lafrenière nous fait découvrir huit personnages et leur histoire, dont Renaud, un réparateur de vélos dont le garage est un lieu de rassemblement pour les résidents, Michel, un barbier qui tient son petit salon depuis 57 ans sur la rue La Fontaine, Claude, un ex-militaire, qui a vécu dans un conteneur de fortune aux abords d’un chemin de fer ou bien Diane, ancienne serveuse au défunt restaurant la Québécoise, qui se souvient encore des plats préférés de sa clientèle.

Contrairement à d’autres photographes qui ont capté Hochelaga, Mme Lafrenière a évité de tomber dans le pathétique et s’est abstenue de parler seulement de l’indigence que l’on associe au quartier. « Je voulais toucher le cœur des gens et provoquer une réflexion. Je souhaitais dépeindre Hochelaga autant dans sa lumière que dans ses ombres, donc ne pas tomber dans le misérabilisme », indique-t-elle. D’ailleurs, dans sa démarche, celle-ci voulait intégrer une « intention circulaire », c’est-à-dire  créer une exposition dans laquelle les gens représentés pourraient se reconnaître et qu’ils sauraient apprécier. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois qu’elle traite du sujet. La réalisatrice a en effet monté un court métrage intitulé Hochelaga, mon amour en 2011.

Le concept de Montréal en mutation consiste à montrer comment certains secteurs de la métropole se sont transformés au fil des années. La première exposition de cette série, présentée en 2020, portait sur le quartier Griffintown, vu dans l’œil du photographe Robert Walker. Pris d’assaut par les investisseurs immobiliers durant les dernières décennies, ce coin du sud-ouest de la ville, qui était à l’origine très ouvrier, s’est radicalement métamorphosé avec l’arrivée des tours à condominiums qui ont poussé comme des champignons.

Photo: Emmanuel Delacour/EMM.

Hochelaga est ainsi la deuxième itération de cette série qui s’intéresse aux transformations vécues par les résidents de la métropole. Selon Zoé Tousignant, conservatrice de la photographie au Musée, si le quartier connaît des changements « plus lents » que l’embourgeoisement connu à Griffintown, le sujet aura su être capté avec adresse par l’artiste. « Cette série est née d’un désir du Musée de soutenir la communauté [de photographes montréalais] grâce à une subvention pour faire un projet documentaire sur un quartier de leur choix », explique Mme Tousignant.

En parallèle à l’exposition, Mme Lafrenière et le Musée organisent une série d’événements du 19 avril au 1er septembre prochain. Une table ronde ouvrira les activités le 19 avril à 18h au Musée, lors de laquelle la photographe sera accompagnée par Benoit Bordeleau et Caroline Breault, des artistes résidant aussi dans Hochelaga. À cette occasion, on explorera l’acte de création en tant que mode d’appropriation du territoire urbain.

Ensuite, le samedi 3 juin, de 12h à 17h, l’exposition Hochelaga – Montréal en mutation ouvrira ses portes gratuitement aux résidents du quartier. Il suffira de présenter une preuve d’adresse, et les frais de déplacement seront remboursés pour les 100 premières inscriptions.

Puis, Mme Lafrenière nous fera découvrir Hochelaga en direct de ses rues et ruelles le dimanche 4 juin et le samedi 10 juin, lors d’une visite guidée du quartier. Le concept a été si populaire que les deux dates affichent déjà complet.

Enfin, le 1er septembre, le Musée et la SDC Hochelaga-Maisonneuve proposeront une rétrospective des films de Mme Lafrenière lors d’une projection en plein air dans le stationnement du Dairy Queen, au 4545, Sainte-Catherine Est. L’accès à l’activité y sera libre.

Ceux qui auront manqué l’exposition pourront se procurer un livre qui en est inspiré et qui reprend 45 des photographies de Mme Lafrenière. L’œuvre est en vente à la boutique du Musée et à la librairie Le Renard perché située au 3731, rue Ontario Est.

Photo: Emmanuel Delacour/EMM.


Hochelaga – Montréal en mutation
Du 31 mars au 10 septembre 2023 au Musée McCord Stewart