Jean-François Lalonde, directeur général de PME MTL Centre-Est. (Photo : EMM).

PME MTL : LA BOUGIE D’ALLUMAGE DE L’ÉCONOMIE SOCIALE

 

Si vous avez un projet, une idée parfaite pour créer une entreprise d’économie sociale dans l’Est de Montréal, il y a fort à parier que vous vous retrouverez bientôt devant un conseiller ou un chargé de projet de PME MTL.

C’est que ce réseau d’accompagnement et d’aide à l’entrepreneuriat, dont deux entités couvrent l’Est de Montréal (PME MTL Est-de-l’Île et PME MTL Centre-Est), est en quelque sorte la porte d’entrée pour guider, accompagner et même financer toute nouvelle initiative d’affaires en économie sociale sur le territoire, que ce soit sous la forme d’OBNL ou de coopérative, en parallèle avec les nombreux autres services qu’offre PME MTL aux entrepreneurs du secteur privé.

« PME MTL ne fera pas l’élaboration du projet d’affaires initial, bien sûr, mais nous serons là dès le départ pour accompagner les personnes qui souhaitent répondre à une problématique ou à des besoins sur le territoire, pour les encadrer et leurs fournir les outils nécessaires afin qu’ils partent sur la bonne voie », affirme Jean-François Lalonde, directeur général de PME MTL Centre-Est, qui couvre les arrondissements de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, Rosemont-La Petite-Patrie et Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension, où évoluent environ 250 entreprises d’économie sociale, l’une des zones les plus fertiles dans ce domaine à Montréal.

Des services et des experts dédiés à l’économie sociale

Si partir en affaires n’est jamais évident, voire plutôt compliqué pour le commun des mortels, créer une entreprise d’économie sociale comporte certainement un lot de défis supplémentaires. La structure de gouvernance et celle juridique sont généralement plus complexes, et l’accompagnement par des spécialistes en la matière est essentiel dans la plupart des cas pour bien démarrer le projet.

PME MTL est donc l’organisme officiel mandaté par la Ville de Montréal pour aider les entrepreneurs de la région dans leurs démarches de démarrage dans un premier temps, et ensuite d’accompagnement, de financement, et le cas échéant, de croissance. « Chaque PME MTL possède des effectifs spécialisés au niveau de l’entrepreneuriat collectif et social, en plus de gérer des fonds qui s’adressent à cette clientèle, comme le Fonds de développement de l’économie sociale par exemple. C’est très rare que les promoteurs d’un projet d’économie sociale n’utilisent pas nos services au démarrage, d’autant plus qu’ils sont gratuits », avance M. Lalonde. À noter ici que le Fonds d’investissement en économie sociale (FDES) est exclusif à PME MTL et que pour 2019 c’est plus de 800 000$ qui sont disponibles pour les entreprises d’économie sociale situées sur le territoire de PME MTL Centre-Est et PME MTL Est-de-l’île.

Parmi les services accordés à la plupart des entrepreneurs, il y a l’analyse initiale du projet où les professionnels de PME MTL vont offrir du service-conseil quant au type de gouvernance approprié pour l’OBNL ou la coopérative, ou encore évaluer les connaissances et les aptitudes des gestionnaires au niveau des ressources humaines, de la comptabilité, etc., et suggérer soit du perfectionnement ou prévoir l’aide de professionnels pour certains aspects de l’entreprise. « L’objectif ici est de s’assurer que les porteurs du projet soient bien outillés pour diriger l’entreprise et qu’ils s’entourent des bonnes personnes, des bonnes ressources pour y arriver dès le départ », soutient le directeur général.

Ensuite PME MTL pourra aider financièrement pour des études de faisabilité, de qualification, tout en conseillant les porteurs du projet pour la rédaction du plan d’affaires final, au besoin. Évidemment, suivra les étapes de financement du projet qui pourront se faire en collaboration avec différents partenaires ou acteurs travaillant étroitement avec les équipes de PME MTL, comme par exemple la Caisse d’économie solidaire Desjardins, Filaction, le Réseau d’investissement social du Québec, les Caisses Desjardins locales, la Fiducie du Chantier de l’économie sociale, Investissement Québec, pour ne nommer que ces derniers.

« Mais bien avant le financement, notre mandat premier est vraiment d’assurer un accompagnement de qualité aux entrepreneurs, qu’ils évoluent dans le privé ou en économie sociale. On mise beaucoup là-dessus car des entrepreneurs bien outillés, qui font l’objet de suivis et d’un soutien professionnel régulier ont plus de chances de réussir. La preuve c’est que le taux de survie des entreprises soutenues par le réseau PME MTL est d’environ 80 % après cinq ans, alors que pour l’ensemble du Québec on parle de 40 %. C’est l’accompagnement qui fait la différence », affirme Jean François Lalonde. Le gestionnaire ajoute que l’organisme a aussi un certain devoir de vigilance envers ses partenaires bailleurs de fonds car ceux-ci ne veulent pas investir dans des projets mal ficelés. L’accompagnement par les professionnels de PME MTL vient en quelque sorte les rassurer.

Fiduciaire du Conseil d’économie sociale de l’Île de Montréal (CESIM)

Parmi les six PME MTL du réseau, celui de Centre-Est a la particularité d’intégrer dans ses rangs le Conseil d’économie sociale de l’Île de Montréal, le CESIM pour les intimes, dont la mission est de favoriser la concertation entre les intervenants locaux et régionaux, de promouvoir l’économie sociale et de faciliter la mise en place des conditions nécessaires à la création, la croissance et la consolidation des entreprises d’économie sociale sur l’ensemble de l’île de Montréal.

En bref, le CESIM est le grand réseau d’affaires des entreprises d’économie sociale de l’agglomération de Montréal et il fait la promotion de ce modèle d’affaires sur le territoire. C’est aussi cette entité autonome au sein de PME MTL Centre-Est (équipe de quatre employés permanents) qui est derrière le fameux programme « L’économie sociale : j’achète! » dont l’objectif est de sensibiliser les grandes entreprises privées et institutionnelles face l’impact de l’économie sociale dans la communauté, et de les mettre directement en contact avec des dizaines d’entreprises du milieu afin de stimuler les ententes contractuelles.

Grâce à ce programme d’envergure lancé en 2013, le CESIM a pu ainsi convaincre 22 grandes entreprises et institutions montréalaises à favoriser l’achat des produits et des services de l’économie sociale. Ainsi, des gros noms comme l’Administration portuaire de Montréal, Aéroports de Montréal, Hydro-Québec, la CSDM, Énergir et autres font aujourd’hui appel régulièrement à de nombreuses entreprises d’économie sociale dans une foule de domaines allant de l’imprimerie aux services de traiteur, en passant par l’entretien ménager ou l’informatique. Depuis le lancement du programme, plus de 700 contrats ont été conclus pour un chiffre d’affaires s’approchant des 6 M $.

Nouvelles tendances en économie sociale

Tout comme l’économie en général, le milieu de l’économie sociale évolue de concert avec les préoccupations et les besoins sociaux de son époque. Aujourd’hui, c’est notamment le développement durable et l’environnement qui ont la cote selon Jean François Lalonde. « C’est une tendance forte en ce moment, la conscience sociale se préoccupe de l’environnement et ça se transpose dans les projets d’entreprises d’économie sociale que nous recevons chez PME MTL », dit-il.

Il y aurait les services de proximité qui généreraient aussi pas mal de projets dans l’Est et le Centre de Montréal ces temps-ci, les espaces de travail partagés, les entreprises à caractère technologique, et toujours le logement social, entre autres. « Ce que l’on constate également, c’est ce que j’appelle les projets qui sont sur la ligne de démarcation, c’est-à-dire des initiatives d’affaires qui pourraient aussi bien évoluer dans le secteur privé qu’en économie sociale. Par exemple, on voit émerger une entreprise incorporée à fort impact social comme les Jus LOOP (jus à partir d’aliments auparavant destinés aux ordures ou au compostage), qui pourrait être une entreprise d’économie sociale, et on voit naître des coopératives de travail qui pourraient être des entreprises traditionnelles, mais dont les entrepreneurs ne recherchent pas le profit à tout prix mais vont plutôt privilégier, notamment, la qualité de vie de leurs travailleurs. L’économie sociale est en mouvance, mais il n’en demeure pas moins que sa base, qui est de vouloir répondre à une problématique ou à des besoins de la communauté, reste fondamentale », explique M. Lalonde.

« L’économie sociale n’est pas une économie de pauvres »

C’est ce qu’affirme le directeur général de PME MTL Centre-Est lorsqu’on lui demande de commenter la croyance populaire qui veut que les OBNL et les coopératives soient des organisations qui généralement « en arrachent » financièrement. « Il y a les grandes entreprises comme Desjardins, La Coop fédérée, et nombreuses autres qui font partie de l’économie sociale au Québec, les gens ont tendance à les oublier, mais il y a aussi plein de PME d’économie sociale florissantes très, très viables financièrement et qui répondent au besoin premier de servir leurs membres ou leur collectivité plutôt que de simplement engendrer des profits et de rechercher le rendement financier », soutient-il.

Toujours selon M. Lalonde, il est également faux de croire que les entreprises d’économie sociale sont privilégiées par les programmes de subvention, au détriment du secteur privé. « Il y a c’est vrai des programmes d’aide spécifiques à l’économie sociale, mais il y en a encore bien plus pour les entreprises de l’économie traditionnelle, que ce soit en crédits d’impôt pour la recherche et le développement, l’aide à l’exportation, les programmes pour les entreprises en démarrage, etc. Et ce n’est pas à cause d’une petite mise de fonds ou d’un appui financier quelconque qu’une entreprise d’économie sociale va naître et sera pérenne, c’est à cause d’un plan d’affaires solide et d’une saine gestion, tout comme une entreprise traditionnelle. D’ailleurs, les chiffres le démontrent année après année, les entreprises d’économie sociale sont des meilleurs payeurs en général et leur longévité est plus grande que dans le secteur privé », conclut-il.

NDLR : Le réseau PME MTL est issu de la fusion des 18 CLD de Montréal (Centre local de développement) en six OBNL en 2015. Sous la responsabilité de la Ville de Montréal, mais toujours financées par Québec, leur mission est d’offrir un ensemble de services professionnels accessibles aux entrepreneurs privés et d’économie sociale se situant sur l’île de Montréal.

Le dossier spécial Économie sociale 2019 sur EST MÉDIA Montréal est rendu possible grâce à la contribution des partenaires suivants :