Assomption Sud Longue Pointe

Photo courtoisie arrondissement de MHM.

PLANIFIER L’AVENIR DE L’ASSOMPTION SUD – LONGUE-POINTE

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Des résidents peuvent-ils cohabiter harmonieusement avec de grandes industries dans le même quartier? L’idée semble problématique, mais c’est pourtant le défi que veulent relever la Ville de Montréal et l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve avec leurs partenaires, qui souhaitent créer un milieu de vie durable dans le secteur de l’Assomption Sud – Longue-Pointe (ASLP).

« La présence des installations du Port de Montréal dans le secteur Assomption Sud – Longue-Pointe a historiquement favorisé l’attraction d’entreprises dans le secteur du transport et de la logistique. Le camionnage occasionné par ces activités nous demande un effort particulier pour nous assurer de minimiser les différents impacts sur le quartier, et qu’on ait à la Ville une vue d’ensemble de tous les enjeux afin d’assurer la meilleure intégration et cohabitation possible », explique Daniel Mathieu, chef de division par intérim au développement du territoire à la Ville de Montréal.

En effet, le quadrilatère comprend un ensemble bigarré d’occupants situés entre le Port de Montréal au sud, la voie de chemin de fer du CN à l’ouest, l’avenue de Souligny au nord et l’autoroute 25 à l’est. On y retrouve deux zones résidentielles – les quartiers Guybourg et Haig-Beauclerk – où l’on dénombre un peu plus de 3 550 personnes (selon le recensement de 2021), mais aussi la Base militaire de Longue-Pointe et le Parc industriel Louis-Hippolyte-La Fontaine.

Un important processus de planification a donc été mis en branle dans les dernières années pour encadrer le développement du secteur, incluant une consultation publique menée par l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM), dont les travaux ont abouti en un rapport publié en septembre 2019.

Le Service du développement économique de la Ville de Montréal, en collaboration avec le gouvernement du Québec et l’arrondissement de MHM, a développé en 2019 une vision concertée qui définit les grandes orientations et qui guide l’élaboration d’un plan directeur pour le secteur, rebaptisé Écoparc industriel de la Grande Prairie. Ce plan directeur sera dévoilé dans les prochains mois, indique-t-on à la Ville.

Depuis, la Ville et l’arrondissement poursuivent leurs efforts, qui se déclinent en activités de concertation, en chantiers d’observation et en actions concrètes mises en place pour améliorer la qualité de vie des employés et des résidents du secteur et de sa périphérie.

Concertations

Ne voulant pas simplement tabletter les constats et recommandations de l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM), la Ville continue de consulter périodiquement les acteurs présents sur le territoire d’ASLP. « Nous avons tenu plusieurs efforts de consultation afin d’avoir une vue d’ensemble sur le territoire, ce qui nous permettra de bien intégrer les différentes mesures que nous mettrons en place », souligne M. Mathieu.

Ainsi, une instance de concertation citoyenne spécifique a été mise en place par la Ville de Montréal et l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve en 2020, dans le cadre d’un projet pilote. Le plan directeur intégrera la plupart des recommandations émises dans le cadre de ces activités de concertation.

La Ville coordonne aussi un comité de partenaires institutionnels qui rassemble les principaux promoteurs de projets du secteur et qui permet d’anticiper une cohérence dans leur implantation et leurs interactions. On souhaite de plus garder une vue sur l’évolution des nuisances et l’efficacité des mesures de mitigation mises en place.

Collecte de données

« Ce qui est au cœur de l’enjeu de cohabitation entre les industries et les résidents, ce sont les nuisances qui sont associées et, dans les conversations qu’on a eues avec la population, c’est revenu comme étant un enjeu complexe pour lequel on souhaitait avoir le maximum d’information », insiste Carlos Acosta, chef de division au bureau d’urbanisme de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve. Pour y parvenir, la Ville et MHM ont mis à leur disposition plusieurs outils pour faire la cueillette de données sur le territoire d’ASLP.

Mené depuis 2020, un projet de recherche partenarial est actuellement porté par des chercheurs de l’Observatoire des milieux de vie de l’UQAM. Celui-ci se concentre sur les processus de planification collaborative et les formes d’aménagement des interfaces présentes entre les activités industrialo-portuaires et les milieux de vie, afin de mieux gérer les enjeux de cohabitation des usages.

De plus, en 2021, la Ville a signé un partenariat avec la Direction régionale de la Santé publique afin de réaliser des projets visant la mise en place d’une initiative d’observation de l’environnement sonore pérenne « afin d’encourager un développement économique durable, tout en améliorant la santé des populations au sein de l’agglomération de Montréal », souligne la Ville. Dans le cadre de ce partenariat, une entente MITACS (programmes de recherche dans les domaines de l’innovation industrielle et sociale) a été signée avec l’Université McGill pour une action d’étude de deux ans. Celle-ci a pour mission d’effectuer des collectes et des analyses de données qualitatives et quantitatives, entre autres dans le secteur de l’ASLP. Les résultats de cette étude visent à mieux connaître les enjeux sonores sur le territoire, ainsi que les perceptions des résidents à ce sujet.

Assomption Sud Longue Pointe 2

Photo courtoisie arrondissement de MHM.

Par ailleurs, la Ville a mandaté le Centre de gestion des déplacements de l’Est de Montréal et Lanaudière afin d’évaluer l’évolution des besoins des résidents et des travailleurs en termes de mobilité dans le secteur. « On est dans un nœud de transports, autant de marchandises que de personnes, dans ce secteur de Montréal. On est à la sortie du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, beaucoup des gens qui veulent aller dans l’est empruntent les axes de Souligny et Notre-Dame, donc il y a un grand enjeu de congestion urbaine », explique M. Mathieu. Le projet de prolongement du boulevard Assomption et de l’avenue Souligny devrait aider à désengorger le coin en « sortant les camions du réseau routier local et en enlevant l’accès au Port de la rue Notre-Dame », selon ce dernier.

Enfin, l’arrondissement de MHM brosse présentement un portrait des nuisances environnementales dans l’ASLP afin de mesurer l’état actuel des nuisances sur le territoire. Un rapport est attendu d’ici la fin de l’année 2022 et il sera suivi par une deuxième étude qui permettra de mettre en place des outils de collaboration et de surveillance des nuisances.

Actions

Plusieurs actions devraient suivre le dépôt du plan directeur pour l’Écoparc industriel de la Grande Prairie, mais les administrations ne l’ont pas attendu pour agir dès maintenant sur le territoire.

Entre autres, la Ville envisage d’utiliser la partie ouest de la gare de triage afin d’en faire une zone tampon. Cet espace serait aménagé de manière à atténuer fortement les nuisances sonores et visuelles occasionnées par la proximité avec les activités du CN et de Ray-Mont Logistiques.

En outre, le projet de prolongement du boulevard Assomption et de l’avenue Souligny devrait permettre une réduction des impacts et des nuisances associées aux déplacements des véhicules dans le secteur. « Il est attendu que les GES et le bruit soient réduits par la mise en service de ces nouveaux liens de mobilité, permettant notamment un accès direct des camions en provenance ou à destination du Port au réseau routier supérieur », affirme la Ville.

Par ailleurs, à proximité de cette intersection névralgique, l’espace naturel du boisé Steinberg, emplacement qui était initialement ciblé pour le développement d’un nouveau poste électrique d’Hydro-Québec, sera préservé. La protection des lieux a été rendue possible grâce à une collaboration entre la Ville de Montréal et Hydro-Québec et un investissement total d’un peu plus de 27 M$. Ainsi, la Ville préservera la partie du boisé Steinberg dans le respect de l’environnement et de la volonté de la population.

De son côté, MHM a déployé plusieurs mesures qui visent un contrôle plus rigoureux des nuisances sonores sur l’ensemble du territoire de l’arrondissement. Le rehaussement des amendes en cas de non-conformité et l’embauche d’un inspecteur entièrement dédié au bruit sont deux mesures déployées en 2022. De plus, l’arrondissement travaille actuellement à une modification réglementaire de son règlement sur le bruit.


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