Projet de réaménagement du carré Notre-Dame-des-Victoires (Courtoisie MHM/Mélanie Dusseault)

PLAN CLIMAT MHM 2022-2030 : LE BILAN 2025

Le Plan climat de l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve (MHM) a été adopté en 2022, à la suite de celui déposé par la Ville de Montréal, dans le but de s’y arrimer. Une mise à jour est prévue chaque année, et la plus récente vient d’être présentée. Bilan des actions réalisées depuis l’adoption de ce plan, il y a trois ans.

Cinq grands axes

Pierre Lessard-Blais, le maire de l’arrondissement de MHM (Courtoisie)

Le Plan climat est structuré autour de cinq volets : aménagement et urbanisme ; biodiversité et verdissement ; consommation et gestion des matières résiduelles ; mobilité durable ; et mobilisation citoyenne. « Une des premières actions concrètes a été la révision de la réglementation d’urbanisme de l’arrondissement, intégrant des éléments innovants pour le développement durable », indique le maire Pierre Lessard-Blais. Cette réforme a été saluée par un prix du Conseil régional en environnement.

Du côté de la biodiversité et du verdissement, une priorité a été donnée à la plantation d’arbres, remédiant à une situation antérieure où autant d’arbres étaient abattus que plantés. « Aujourd’hui, environ 2 500 arbres matures sont plantés chaque année, avec un bilan net positif de plus de 2 000 arbres, même après les abattages nécessaires », souligne M. Lessard-Blais. Par ailleurs, un plan de biodiversité a été élaboré en concertation avec les citoyens et la firme Habitat. Ce plan sera adopté puis diffusé au courant de l’été.

Selon l’équipe de MHM, des progrès notables ont été réalisés dans le domaine de la consommation et de la gestion des matières résiduelles, notamment avec l’étendue du compostage à l’ensemble de l’arrondissement, qu’il s’agisse de résidences, de commerces ou d’écoles. La collecte des ordures est désormais effectuée aux deux semaines, tandis que les collectes de recyclage et de compostage restent hebdomadaires. « Cette mesure vise à modifier les comportements, car seulement un tiers des Montréalais compostent », révèle le maire. « Le compost, plutôt que d’être envoyé aux dépotoirs où il produit des gaz à effet de serre (GES), est valorisé : il peut devenir une ressource précieuse, notamment pour produire du gaz naturel renouvelable qui alimente l’usine d’épuration des eaux de la Ville de Montréal. »

L’arrondissement souhaite également agir sur le plan de la mobilité durable en améliorant l’interconnexion des axes cyclables, entre autres. Un corridor de mobilité durable a été récemment annoncé sur Hochelaga, comprenant une piste cyclable, des voies pour autobus rapides et des aménagements pour les piétons. « D’autres axes cyclables comme Souligny et de Marseille ont aussi été développés », mentionne M. Lessard-Blais.

Le volet Mobilisation citoyenne est également important pour l’arrondissement, qui cherche à rassembler les organismes locaux et les citoyens autour du Plan climat, notamment via le Réseau MHM pour le climat.

Indicateurs de suivi, mesure des progrès et réflexe écologique

Thierry Sénécal, chef de la section de la transition écologique et de la résilience à la direction de l’arrondissement de MHM (Courtoisie)

Mais comment assurer un suivi et mesurer de façon tangible les éventuels progrès reliés au Plan climat? « Le suivi du plan repose sur plusieurs indicateurs alignés avec ceux du Bureau de la transition écologique et de la résilience (BTER) de la Ville de Montréal », explique Thierry Sénécal, chef de la section de la transition écologique et de la résilience à la Direction de l’arrondissement de MHM. Les principaux sont :

  • Les émissions de GES de la collectivité, actuellement modélisées à l’échelle de l’agglomération, mais prochainement disponibles par arrondissement;
  • La consommation de combustibles fossiles, par type;
  • La part de l’auto solo, avec un objectif de réduction de 25 % d’ici 2030;
  • La proportion de véhicules électriques immatriculés;
  • Le nombre net d’arbres plantés, après soustraction des arbres abattus;
  • La superficie des milieux naturels protégés, avec une cible locale en construction (la Ville vise 10 %, mais l’arrondissement part de 0 % en raison de sa grande urbanisation);
  • Et l’analyse de la vulnérabilité climatique du territoire, permettant d’anticiper les impacts d’aléas climatiques divers.

À plus petite échelle, chaque projet est évalué pour sa contribution aux indicateurs environnementaux. « Par exemple, la rénovation du Bain Morgan a permis de réduire les GES de 85 %, et le réaménagement du carré Notre-Dame-des-Victoires (NDV) a entraîné un verdissement accru de 11 % », illustre le maire Pierre Lessard-Blais.

Au sein de l’arrondissement, une équipe est dédiée à la transition écologique, ce qui permet un accompagnement technique à travers les différents projets, qu’il s’agisse d’aménagements, de bâtiments ou de parcs, explique M. Sénécal. « Cette équipe agit comme un filtre supplémentaire pour s’assurer que les initiatives municipales soient alignées avec les objectifs du Plan climat. Ainsi, ce plan est donc non seulement un projet environnemental, mais une démarche organisationnelle », précise-t-il.

Les obstacles

Même si les citoyens peuvent être réticents au changement, certaines actions exigent une modification des habitudes, ce qui peut être difficile à mettre en œuvre pour la population. Néanmoins, l’arrondissement persiste, s’appuyant sur les indicateurs nommés plus haut. « Changer les habitudes requiert empathie, communication et sensibilisation, car cela touche directement la vie quotidienne », confirme le maire de l’arrondissement.

Un autre obstacle est que certains projets ont un impact peu visible pour les citoyens, bien que leurs effets soient significatifs sur le plan environnemental ; par exemple, les rénovations écologiques de bâtiments municipaux. Ces transformations sont pourtant essentielles, selon l’arrondissement, pour réduire les émissions de GES, et des ajustements simples peuvent entraîner des résultats mesurables.

Travaux d’aménagement du parc Pierre-Bédard et des rues avoisinantes (Courtoisie MHM/Louis-Étienne Doré)

Un autre frein majeur reste le financement, notamment pour rénover les infrastructures vieillissantes. « Les égouts centenaires, par exemple, ne peuvent plus faire face aux pluies extrêmes », avance Pierre Lessard-Blais. « Des projets innovants comme le parc-éponge Pierre-Bédard existent, mais sont coûteux et difficiles à reproduire à grande échelle sans soutien financier. »

En somme, le Plan climat MHM serait désormais intégré dans les pratiques quotidiennes, avec des gestes simples comme l’encouragement de l’utilisation du vélo ou le tri sélectif, explique-t-il. Toutefois, la mobilisation citoyenne est jugée essentielle pour réussir pleinement la transition. « L’arrondissement se considère chanceux de pouvoir compter sur des citoyens engagés, qui exigent plus de mesures écologiques et contribuent à tirer les élus vers le haut. Car sans leur mobilisation constante, la transition écologique ne serait pas possible », termine le maire.