PLAGE DE L’EST : LES TRAVAUX D’AMÉNAGEMENT SE POURSUIVERONT JUSQU’EN 2021
Le projet phare du Plan bleu vert de l’administration municipale de Rivière-des-Prairies−Pointe-aux-Trembles, initié en 2013 par l’ancienne mairesse Chantal Rouleau, vient d’obtenir un appui financier important du gouvernement québécois qui défrayera finalement la facture des coûts de décontamination du littoral évalués à 5 millions de dollars. Rappelons que les travaux d’aménagement de la Plage de l’Est ont dû être reportés à la suite de l’analyse des sédiments de la berge en 2017 qui se sont avérés contaminés par les activités de la marina Beaudoin, qui occupait le site au milieu du siècle dernier.
Un dernier sprint
Les frais élevés pour la décontamination du littoral, exigée par le ministère de l’Environnement, avaient donc freiné la Ville de Montréal dans l’aménagement final du site. Un pavillon d’accueil et deux terrains de volleyball de plage, au coût de 1.4 M $, avaient bien été inaugurés l’an dernier sur la zone non inondable du terrain de villégiature situé entre la 94e et la 96e avenue dans Pointe-aux-Trembles, à la pointe de l’île, mais le cœur du projet reste à construire. « Dès que nous aurons le feu vert du ministère de l’Environnement et quand le littoral répondra aux normes, nous pourrons alors aménager la promenade, la jetée et les jeux d’eau qui sont les principales composantes du projet », nous a déclaré la mairesse de l’arrondissement, Caroline Bourgeois, lors d’une conférence de presse tenue le 22 mars dernier au Pavillon d’accueil de la plage. C’est lors de cet événement que la députée de Pointe-aux-Trembles et ministre responsable de la Métropole, Chantal Rouleau, a annoncé l’investissement du gouvernement dans ce projet, une promesse électorale de la CAQ, en compagnie du ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charrette.
Les travaux d’aménagement devraient être terminés en 2021 soutient l’administration municipale, et si la qualité de l’eau le permet, la baignade pourrait être permise dès 2022. Il sera possible d’y pratiquer des activités nautiques avec embarcations légères (canot, kayak, etc.) et il sera fort probablement aussi possible d’en louer sur place. « Nous ne sommes pas encore à planifier le fonctionnement de ce genre de services mais ce sera certainement un scénario envisagé avec un OBNL ou un fournisseur privé », affirme la mairesse. Le souhait de la Ville est toujours d’offrir l’accès général au site gratuitement et d’en faire une destination prisée de l’ensemble des Montréalais.
La mairesse de Montréal, Valérie Plante, a tenu à souligner par voie de communiqué l’importance de l’aide accordée par Québec dans ce projet. « Cette excellente nouvelle nous rapproche de l’aménagement d’un lieu de villégiature qui rehaussera la qualité de vie dans le quartier et qui contribuera au développement touristique et économique de l’Est de Montréal. Le caractère insulaire de Montréal a été trop longtemps négligé et nous croyons que le contact des citoyens avec les cours d’eau qui les entourent est crucial. Nous souhaitons offrir aux Montréalaises et aux Montréalais un accès en continu aux rives du fleuve et de la Rivière-des-Prairies », dit-elle.
Un retour aux sources
La Plage de l’Est viendra en quelque sorte redonner les lettres de noblesse à un site longtemps privilégié des Montréalais amoureux de plages et de baignade. Certains aînés peuvent encore témoigner aujourd’hui de la grande popularité de la marina Beaudoin, qui abritait la petite plage du « Bout-de-l’île », mais qui offrait surtout une navette pour accéder à l’Île Sainte-Thérèse en face et à ses deux plages très prisées.
Sur le site de l’arrondissement RDP-PAT, on peut d’ailleurs y lire que durant les années 1950 et 1960, les plages Bissonnette et Choquette pouvaient attirer jusqu’à 10 000 personnes en un seul week-end en période estivale. C’est l’urbanisation du territoire, et par le fait même la privatisation des terrains longeant le littoral, qui viendra changer la vocation du secteur et faire cesser les activités de la marina et des plages de l’Île Sainte-Thérèse. L’industrialisation de l’Est de Montréal aura aussi un impact sur la contamination du fleuve, rendant le cours d’eau impropre à la baignade.
Preuves d’une occupation amérindienne
La Pointe-de-l’Île est un secteur depuis longtemps reconnu par les archéologues comme territoire occupé par les amérindiens avant la colonie. Une première période de fouille sur le site où l’on a aménagé les deux terrains de volleyball de plage s’est terminée en 2017 et des artéfacts ont été trouvés attestant une fois de plus la présence de communautés autochtones, ou du moins la fréquentation du site par celles-ci.
Ont été trouvés entre autres des produits de débitage, des outils en pierre, des os blanchis, des tessons de poteries autochtones, un grattoir et une pointe de projectile. Certains fragments (ce sont vraiment de petits fragments qui ont été retrouvés) datent de 1500 à 1000 avant aujourd’hui, soit de l’ère du Sylvicole tardif. D’autres fouilles auront lieu cet été sur le site de la Plage de l’Est, cette fois dans la zone inondable là où l’on procédera à la décontamination des sédiments.
Rouleau satisfaite du premier budget caquiste
Rencontrée lors de la conférence de presse, Est Média Montréal a profité de l’occasion pour recueillir les impressions de la ministre sur le premier budget de son gouvernement. Compte tenu des nombreuses ambitions pour l’Est annoncées en campagne électorale, ce budget était très attendu des classes politique et économique de la région. « Je suis très satisfaite de ce premier exercice budgétaire car il cadre exactement avec nos annonces dans l’Est de Montréal. On ne règle pas tout immédiatement, mais on a déjà franchi de grandes étapes, en particulier pour la décontamination des sols et pour l’évaluation de travaux d’aménagement de la rue Notre-Dame et de la ligne de transport structurante dans le même axe », affirme-t-elle. Soulignons que le récent budget a notamment confirmé une enveloppe de 100 M $ destinés à la décontamination des sols à l’Est du boulevard Pie-IX, soit la moitié de la somme que le gouvernement Legault avait promis en campagne électorale. Reste à voir si l’autre 50 % sera annoncé d’ici la fin du présent mandat.
Quant à Christine Fréchette, présidente-directrice générale de la Chambre de commerce de l’Est de Montréal, elle accueille aussi favorablement le premier budget caquiste. « Ce budget jette les bases d’une stratégie de relance économique innovante et durable de l’Est de Montréal. Les investissements prévus pour la décontamination de terrains à fort potentiel de développement, pour la modernisation du transport collectif et pour la mise en place de territoires d’innovation constituent des éléments clés d’une stratégie de revitalisation de l’Est », a-t-elle soutenu par voie de communiqué.