PÊCHE URBAINE : UNE ACTIVITÉ QUI GAGNE EN POPULARITÉ

À l’instar de toutes les activités récréatives permettant facilement une certaine distanciation sociale, la pêche a fait le plein de nouveaux adeptes depuis la pandémie. Et comme l’est de Montréal est bien pourvu en termes de rives, les endroits accessibles pour lancer sa ligne à l’eau sont plutôt achalandés en cette période estivale, nous confirment plusieurs réguliers qui fréquentent ces « spots de pêche » depuis nombre d’années. Petit tour d’horizon de la pêche urbaine… dans l’est!

RDP-PAT se démarque

L’arrondissement situé à la Pointe-de-l’île est certainement le plus attirant pour les pêcheurs urbains dans l’est de Montréal, puisqu’avec ses 24 km de bandes riveraines, soit 15 km longeant la rivière des Prairies et 9 km bordant le fleuve Saint-Laurent, c’est le territoire qui offre le plus de possibilités pour la pêche « à gué » à l’est du boulevard Saint-Laurent. Pour les néophytes, la pêche à gué signifie lancer sa ligne de la rive, sans avoir besoin d’embarcation. C’est également l’arrondissement de l’est qui offre le plus de facilités pour mettre son embarcation à l’eau (quelques endroits sont offerts).

D’ailleurs, l’administration municipale de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles met beaucoup d’emphase ces jours-ci pour promouvoir les accès à l’eau, elle qui a accentué les aménagements en ce sens depuis plusieurs années, voire même l’achat de terrains afin de rendre accessibles au public encore plus de km de berges. La nouvelle Plage de l’est dans Pointe-aux-Trembles, et le projet Espace Rivière à Rivière-des-Prairies, en sont les deux chantiers majeurs, sans oublier la construction imminente de nouveaux quais sur le territoire, annonçait récemment la mairie d’arrondissement.

Pas étonnant donc que RDP-PAT soit également le seul arrondissement de l’est à insérer cet été dans sa programmation estivale une activité spécifiquement dédiée à la pêche urbaine, soit « Pêche en famille », offerte par l’organisme GUEPE. Il s’agit de journées d’initiation à la pêche et d’éveil environnemental pour les enfants, accompagnés de leurs parents. « On montre aux tout-petits comment lancer sa ligne à l’eau de façon sécuritaire, comment mettre un ver de terre sur l’hameçon, quels types de poissons on peut pêcher sur le bord de la rive, mais surtout nous essayons de leur inculquer dès le départ les bons comportements à adopter pour respecter la nature et prendre soin de l’environnement », explique François-Vivier Gagnon, éducateur-naturaliste chez GUEPE.

Une jeune s’en donnait à coeur joie la semaine dernière dans le cadre de l’activité « Pêche en famille » dans l’arrondissement de RDP-PAT (photo : arrondissement de RDP-PAT).

À noter que cette activité, au calendrier estival de l’arrondissement depuis l’an dernier, est gratuite pour les familles et que le matériel de pêche est fourni pour les jeunes (enfants et adolescents), qui n’ont également pas besoin de permis de pêche pour cette occasion. Il reste encore, en date d’aujourd’hui, quelques places disponibles pour les journées du 6 août (16 h à 18 h au Parc Clémentine-De La Rousselière à P.A.T.), et du 29 août (9 h à 11 h au Parc Pierre-Payet à P.A.T.). Il est possible de réserver par téléphone auprès de l’organisme GUEPE en composant le 514 280-6833.

Où pêcher dans l’est

Il y a plusieurs endroits le long du fleuve et de la rivière des Prairies qui sont accessibles pour la pêche, mais certains sont plus connus que d’autres et surtout mieux aménagés pour cette activité. Rencontré au parc-nature de la Pointe-aux-Prairies mardi dernier, Stéphan Desroches, un adepte de la pêche urbaine depuis une vingtaine d’années, y va de quelques conseils pour ceux qui veulent tenter l’expérience. « Il y a les endroits qui sont évidents, comme la Promenade Bellerive dans Mercier, le parc-nature de l’Île-de-la-Visitation à Montréal-Nord, et plusieurs parc municipaux qui longent les berges et que l’on peut « spotter » facilement sur Google Maps par exemple. Mais il y a aussi des petits coins cachés que l’on peut découvrir en faisant le tour de l’Île soi-même, et en vélo c’est mieux. Par contre, pour les coins populaires, attendez-vous à voir quand même pas mal de monde, parfois c’est difficile de pêcher et il faut attendre qu’une place se libère », dit-il.

Bon à savoir, la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs a développé ces dernières années un outil extrêmement bien fait pour connaître les endroits où il est possible de pêcher et faciles d’accès. Via une carte interactive (www.carte.allonspecher.com), vous découvrirez alors aisément quelques endroits dans l’est de Montréal pour pêcher, mais aussi les espèces susceptibles de mordre à l’hameçon ainsi que plusieurs détails sur ceux-ci, dont le nombre de captures maximales autorisées par la loi. De plus, vous pourrez même acheter votre permis de pêche annuel directement sur le site de la fédération au besoin. Rappelons que pour pêcher, vous devez posséder un permis ou être accompagné par quelqu’un en possédant un (la limite de prises est toutefois, dans ce cas, pour un seul permis, même si vous êtes deux ou plusieurs).

Espèces de poissons

Saviez-vous que près d’une centaine d’espèces de poissons nagent dans les eaux du Saint-Laurent? Évidemment, ils ne sont pas tous d’intérêt pour les pêcheurs sportifs, ou tout simplement inaccessibles à ces derniers. Mais la faune aquatique dans l’est de Montréal est bien pourvue en poissons qui font la joie des pêcheurs urbains.

Les populaires : certainement le brochet, le doré (jaune et noir) et l’achigan. Et les incontournables perchaudes, crapets, barbottes… Mais on peut aussi y pêcher notamment l’esturgeon, la lotte, le maskinongé et de très grosses carpes. Plus rare mais possible : il arrive que l’on aperçoive à certains endroits quelques lépisostés osseux, fameux poisson à la longue mâchoire et aux nombreuses dents acérées.

Du côté de la rivière des Prairies, à la hauteur du barrage électrique, la grande vedette qui attire les foules à chaque printemps est sans contredit l’alose savoureuse. On ne connaissait qu’une seule frayère au Québec pour cette espèce, celle de Carillon (rivière des Outaouais) mais des études récentes (années 2000) ont permis de localiser une seconde frayère en aval du barrage de la rivière des Prairies. Comme le saumon, l’alose revient à son lieu de naissance qu’il retrouve en utilisant des indices olfactifs.

En terminant, peut-on manger le poisson que l’on capture dans la région de Montréal? Oui pour la plupart, mais avec modération, car le taux de mercure peut être plus élevé qu’en zone sauvage. Les instances gouvernementales recommandent de ne pas dépasser un repas par semaine pour les poissons pêchés sportivement dans la région, pour les espèces communes comme le doré, la perchaude ou le brochet.