Paul St-Pierre Plamondon veut reconquérir les anciens châteaux forts péquistes de l’est de Montréal (EMM)

PAUL ST-PIERRE PLAMONDON À LA CONQUÊTE DE L’EST DE MONTRÉAL

Le Parti Québécois (PQ) et son chef ont le vent dans les voiles, affirment les récents sondages d’opinion, propulsant même le député de Camille-Laurin aux plus hautes fonctions de l’État. Bien malin celui ou celle qui aurait pu prédire un tel scénario il y a à peine deux ans. EST MÉDIA Montréal s’est assis avec lui mercredi dernier dans un café de Tétreaultville, question de faire le point sur son nouveau statut et pour discuter bien sûr de sa vision des enjeux dans l’est de Montréal. Un 30 minutes percutant.

EST MÉDIA Montréal (EMM) : Quels sont les dossiers de l’est de Montréal qui vous préoccupent en ce moment?

Paul St-Pierre Plamondon (PSPP) : Il y en a plusieurs. Comme bientôt, ça fera deux ans que je représente le comté de Camille-Laurin, je me suis penché sur de nombreux dossiers. Mais je dirais que ce qui a pris beaucoup de mon temps récemment, c’est le caractère vétuste de nos écoles et de nos infrastructures. Je suis revenu sur le dossier de Louise-Trichet et je suis en train d’intervenir sur d’autres écoles en ce moment. Je viens aussi d’envoyer une lettre au gouvernement sur l’épouvantable état des installations de la DPJ au Mont Saint-Antoine. Je demande à la Coalition Avenir Québec (CAQ) de l’inscrire au PQI (Plan québécois des infrastructures), soit, en d’autres mots, de s’engager, dans le budget, à rénover cette infrastructure. D’ailleurs, une des injustices qui frappent le plus l’est de Montréal, par rapport à d’autres régions, c’est l’état des infrastructures.

EMM : Est-ce que le gouvernement est à l’écoute de vos revendications?

PSPP : J’ai eu quand même une bonne collaboration de la CAQ pour ces dossiers. Mon travail, c’est de chialer contre le gouvernement. Mais dans les faits, Bernard Drainville a collaboré sur les écoles et je m’attends à une réponse de Lionel Carmant. Donc, on réussit à faire avancer des dossiers dans un certain niveau de collaboration, malgré qu’on ne s’entend pas sur le fond des choses.

EMM : Autres dossiers dans l’est de Montréal en ce moment?

PSPP : J’avais pris un engagement électoral concernant le besoin d’une épicerie dans le Faubourg Contrecoeur, et le dossier semble vouloir débloquer, selon ce qu’annonce l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve. On va surveiller ça.

Ensuite, il y a toute la fluidité des transports qui est problématique dans le secteur. J’ai écrit à la ministre Guilbault en lui disant que ça prendrait au moins une audition de la population, parce qu’en ce moment, le ministère semble agir sans se demander qu’est-ce que pense localement la population de tous les travaux simultanés. On est revenu en questions au feuilleton là-dessus, et maintenant, le ministère des Transports vient d’annoncer une consultation. Je vais y assister, mais déjà, on est en train d’avoir un pont de communication entre le ministère et la population, ce qui n’existait pas.

EMM : Quelle est votre opinion au sujet du REM de l’Est ou du projet de tramway?

PSPP : Je commence à prendre pour acquis qu’on aura perdu huit ans sans qu’il ne se passe rien de concret. On aura « flaubé » de l’argent dans des études, mais est-ce qu’on aura après la huitième année de la CAQ quoi que ce soit de tangible? La réponse avec certitude à ce moment-ci est non.

EMM : Le cas de Ray-Mont Logistiques semble préoccuper votre équipe depuis votre élection. Où en êtes-vous avec ce dossier en date d’aujourd’hui?

PSPP : On s’est organisé un système de surveillance citoyen pour que soient documentés les dépassements ou les problèmes par rapport aux normes, si jamais c’est le cas. Si c’est un bon citoyen corporatif, on va le dire, mais s’il y a des transgressions, on va le dire également.

Ça m’amène aussi à penser au dossier du prolongement du boulevard l’Assomption, qui est en préparation en ce moment. On va laisser la chance à la Ville de Montréal de présenter où elle s’en va, parce qu’on doit avouer qu’il s’est dit beaucoup de choses sans qu’on puisse entendre l’administration municipale. Mon équipe et moi avons un préjugé favorable évidemment à la conservation des arbres et des boisés.

EMM : Est-ce que selon-vous l’est de Montréal s’est transformé ou s’est amélioré depuis la prise du pouvoir par la CAQ?

PSPP : Moi, je suis le chef du Parti Québécois et j’aspire à être premier ministre. Je me suis déjà engagé à rectifier une injustice historique envers l’est de Montréal si on me donne le pouvoir. La CAQ fait du saupoudrage, mais ce n’est absolument rien pour corriger une injustice historique. Surtout qu’en transport, l’ouest de Montréal va être équipé et l’est de Montréal va continuer d’attendre. Donc, il va falloir regarder le bilan total de la CAQ après huit ans et se poser la question : est-ce que l’est s’est transformé ou est-ce que l’est est pas mal demeuré au même point en termes d’infrastructures majeures? Si tu demandes au gars qui veut devenir premier ministre et qui s’est engagé à rectifier une injustice historique en termes d’investissements une fois qu’il sera premier ministre : est-ce que c’est assez en ce moment? Je vais partir à rire! Évidemment qu’un gouvernement du PQ aura une toute autre approche.

EMM : Parlons des prochaines élections, en 2026. Est-ce que l’est de Montréal est dans les visées de Paul St-Pierre Plamondon?

PSPP : Oui, évidemment. On est déjà en discussion en termes de candidatures. Et en termes de probabilités de gagner, n’importe qui qui voit les projections actuellement se rend compte qu’on a des chances à beaucoup plus d’endroits. Faut prendre cela très au sérieux parce qu’un comté qui devient péquiste en est un qui va renouer avec son attachement à la langue française. Dans un contexte d’anglicisation très, très accélérée de la Ville de Montréal, chaque comté qu’on peut avoir « bleu » aux prochaines élections sera un endroit où la promotion de la langue française va renaître par rapport à aujourd’hui.

Est-ce qu’il y a un intérêt pour les candidatures dans l’est de Montréal en ce moment? Certainement, oui, des gens lèvent la main. Maintenant, c’est à nous de faire une planification pour déterminer quels profils de ministres on veut pour la métropole. On est déjà là-dessus.

EMM : Comment expliquez-vous la montée du PQ depuis deux ans?

PSPP : Quand on regarde des facteurs qui sont des certitudes, il y a un PQ qui est assumé et clair sur chacune de ses prises de position; une politique qui se distingue complètement de celle de la CAQ parce que nous, on prend le temps d’expliquer, on s’adresse à l’intelligence des gens en disant : voici pourquoi on va le faire, même si ça va prendre deux minutes de votre temps. Je dirais également qu’il y a un fond indépendantiste très clair dans les régions du Québec, dont dans l’est de Montréal.

Quoi dire? Les gens ont vraiment déchanté, je pense, par rapport à la CAQ. On se rend compte que leurs déclarations et leurs promesses ne tiennent pas à grand-chose en fait. Donc, on ne peut pas se fier à ce qu’ils nous disent et lorsqu’on ne peut plus se fier, ce n’est pas vraiment tentant pour la suite.

La vérité, au quotidien, c’est que nous n’avons même pas le temps de se poser la question. Il faut comprendre que nous sommes quatre députés et qu’on se trouve en ce moment avec un potentiel de former le prochain gouvernement. Donc, tout mon temps, je l’utilise à préparer 2026 de la manière la plus solide et rigoureuse possible.

EMM : Est-ce que vous sentez que les regards ont changé envers vous depuis deux ans?

PSPP : Bien sûr que oui. Plein de choses ont changé. Nous avons vendu près de 5 000 cartes de membre depuis le début de l’année, en 2 mois. Ça ne s’était pas vu depuis les belles années du Parti Québécois. On le sent aussi parce que fut une époque, vraiment pas lointaine, où on se battait pour être minimalement audible ou entendu un petit peu. Là, aussitôt qu’on intervient, tout de suite, on occupe l’espace. On le sent, également, parce que la CAQ passe son temps à parler du PQ. Pas toujours fait de manière très, très honnête sur le plan intellectuel, alors nous avons le devoir de répliquer.

EMM : Que pensez-vous de la situation actuelle au Québec, dans les grandes lignes?

PSPP : On ne peut pas dire que ça va bien en ce moment au Québec : crise du logement; crise des services publics; crise des changements climatiques; crise avec Ottawa. En fait, la CAQ est en chicane perpétuelle avec Ottawa, et le gouvernement Trudeau redouble d’arrogance en plus. Les électeurs vont donc regarder tout cet environnement-là et vont aussi regarder l’environnement international, une géopolitique de plus en plus instable, et ils vont se dire : qui est-ce que j’ai devant moi pour relever des défis de cette ampleur-là, qui arrive avec des réponses solides? Moi, je me concentre sur cette offre-là. Tout le reste, c’est du bruit, en sachant que 2026 s’en vient.

EMM : Où se situe l’indépendance dans tout ça?

PSPP : C’était la même réponse en 2020, ce l’était en 2022, ce l’est en 2024 et ce sera la même chose en 2026 : l’indépendance va se faire. Elle est absolument nécessaire si on veut financer nos services publics correctement et freiner le recul du français et de la culture québécoise, et ça va nous permettre de finalement rayonner à l’international et tirer notre épingle du jeu.

On doit réussir cela, sinon nous connaîtrons le même sort que les francophones dans les autres provinces canadiennes, c’est-à-dire le déclin jusqu’à la disparition. C’est ça qui s’en vient. Donc, on va faire l’indépendance. On ne changera pas de discours, ça s’en vient, et ce sera le plus beau moment de politique qu’on n’aura jamais vécu.