UNE PARTIE DU BOISÉ STEINBERG « PRÉSERVÉE À PERPÉTUITÉ »
La Ville de Montréal et Hydro-Québec ont conclu un accord qui permettra de préserver une partie du boisé Steinberg, situé dans l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve.
En conférence de presse lundi avant-midi, l’administration municipale ainsi que la société d’État avaient dépêché leurs délégués sur les lieux pour faire l’annonce de cette entente. La Ville paiera 7 M$ pour acquérir le terrain d’une superficie d’un peu moins de 30 000 mètres carrés des mains d’Hydro-Québec. Au rôle d’évaluation foncière de la Ville, celui-ci est évalué à 4 377 600 $.
Afin de rendre possible le projet de conservation du boisé laissé en friche qui est situé au sud de la rue Hochelaga, près de l’intersection du boulevard de l’Assomption, la Ville et Hydro-Québec achèteront conjointement un autre terrain, situé en face de l’espace vert, au coût de 50 M$. Au rôle d’évaluation foncière de la Ville, ce terrain est évalué à 12 500 200 $.
Ce terrain au nord de la rue Hochelaga appartient à la compagnie d’acquisition immobilière Développements Rosmac inc., une entreprise détenue par le milliardaire montréalais Michael Rosenberg. Montréal et Hydro-Québec partageront en deux la facture pour cet achat et pourront chacun occuper une partie du lot d’environ 65 000 mètres carrés.
Pour Hydro-Québec, cet échange de terrains permettra de construire un poste de transformation de 315 kilovolts, qui était initialement prévu sur le lot du boisé. « C’est une option qui est viable d’un point de vue économique et technique et qui visiblement va mieux être acceptée socialement et qui est meilleure pour l’environnement », a souligné Julie Boucher, vice-présidente développement durable, relations avec les communautés et communications chez Hydro-Québec. Selon cette dernière, il est essentiel de procéder bientôt à la construction d’un tel poste de transformation dans le secteur, puisque les autres installations à proximité – les postes Longue-Pointe et Jeanne-D’Arc – ont été mises en fonction dans les années 1950.
Pour sa part, la Ville n’a pas été en mesure de dévoiler quel usage elle fera du terrain au nord de la rue Hochelaga. On n’exclut cependant pas des projets dans le cadre du prolongement du boulevard de l’Assomption.
La transaction devrait se conclure d’ici le printemps prochain de sorte qu’Hydro-Québec pourra finaliser les études techniques et environnementales requises pour le dépôt d’une nouvelle étude d’impact en 2024 et la mise en service du poste en 2028. Des consultations avec le public se dérouleront au cours des mois suivants.
Conservé tel quel
De son côté, la Ville de Montréal souhaite préserver le terrain du boisé tel quel, sans y créer de nouveaux aménagements. « On est vraiment dans une optique de préservation à long terme de ce qui est existant. Il y aura prochainement des modifications règlementaires à l’arrondissement pour assurer que le boisé Steinberg soit un espace vert à vie », a indiqué le maire de MHM, Pierre Lessard-Blais.
Laissé en friche depuis plusieurs années, le terrain pourrait toutefois faire l’objet d’une évaluation quant à la contamination des sols, informent les relations médias de la Ville.
L’idée de garder les lieux inchangés découle de l’intérêt que les résidents ont eu pour cet espace vert durant la pandémie. Ceux-ci ont voulu profiter de la proximité avec la nature pendant les périodes de confinement, explique Alia Hassan-Cournol, conseillère du district Maisonneuve–Longue-Pointe. « C’est super intéressant pour des fins éducatives, pour que les enfants et leurs familles aient un contact avec la biodiversité. On a voulu respecter le choix des citoyens. »
Une option à laquelle est favorable l’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME). « Des espaces naturels de proximité, on en a besoin. Les citoyens s’approprient ce genre d’espace et font attention aux zones de piétinement. Pour nous c’est une très bonne nouvelle qu’il soit préservé dans son état actuel, sans aménagements », insiste Patricia Clermont, coordonnatrice pour l’AQME.
Selon, cette dernière, le boisé peut-être considéré comme le « poumon vert du quartier ». « Pour les gens qui vivent au sud d’Hochelaga, ça permet une climatisation lors des épisodes de chaleur de plus en plus extrêmes et fréquents, donc de préserver ça signifie que l’on améliore la santé des gens à court terme, parce que ça arrive déjà souvent. Aussi, cela améliore la qualité de l’air, avec toute la captation du carbone faite par les arbres. Et puis, on espère aussi que le milieu humide qui se trouve dans le boisé sera protégé, car lui rend service à la nature qu’on a souvent de la difficulté à intégrer dans les plans de développement, mais c’est vraiment urgent qu’on commence à le faire de plus en plus », ajoute Mme Clermont.